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CASTELLA (NICOLAS-ANTOINE solliciter le commandement des XAVIER DE BERLENS, COMTE DE), quatre régimens suisses. A minuit, commandeur de la légion-d'hon- ce commandement, pour lequel neur et de l'ordre impérial de aucun concurrent ne s'était préLéopold d'Autriche, chevalier de senté, lui fut donné. Il fut assez Saint-Louis, neveu du précédent, heureux pour maintenir la conné à Fribourg, en Suisse, en 1767, duite de ses troupes, qui firent entra fort jeune au service de leur devoir, et durent reprendre Saxe, se rendit en 1791 à l'armée la route de leur patrie en vertu des princes français, où il servit en des ordres de la haute diète helqualité d'aide-de-camp du prince vétique. Le général Castella, malXavier de Saxe, oncle du roi. En gré les témoignages honorables 1806, en vertu des nouvelles ca- que lui prodigua le ministre des pitulations stipulées entre la Fran- relations extérieures, reçut l'ordre ce et la Suisse, il reprit, à l'exem- de celui de la police de quitter Paple de ses pères, du service en ris en 24 heures. De retour en SuisFrance, forma promptement le 2° se, il fut appelé par son gouvernerégiment suisse dont il fut nom- ment au commandement en semé colonel, et fit avec honneur cond de l'armée confédérée, et à les campagnes d'Espagne et de la rentrée de la famille royale, il Russie, où les quatre régimens était généralement désigné, tant suisses furent mis sous ses ordres. en France qu'en Suisse, pour Son régiment se distingua parti- commander les troupes suisses au culièrement à Polotsk, en soute- service du roi. Mais, malgré la nant et repoussant, avec autant présentation du maréchal Saintde sang-froid que d'intrépidité, Cyr, alors ministre de la guerre, plusieurs charges de cavalerie, et et malgré les promesses qui lui asous un feu tellement vif qu'il vaient été faites par le premier perdit 31 officiers sur 52. Le co- ministre, au nom du roi, motivées lonel Castella eut deux chevaux par ordre de S. M., sur sa bonne tués, et fut grièvement blessé. Ce conduite, et exprimant la décifut à la suite, et en récompense sion de sa nomination au comde cette brillante affaire, que l'em- mandement des troupes suisses pereur Napoléon le nomma gé- capitulées en France, le général néral de brigade et officier de la Castella ne fut pas même compris légion-d'honneur, adjoint à l'ins- dans la nouvelle organisation pection générale des troupes suis- qu'elles reçurent peu de jours ases. En 1814, le général Castella près. Depuis cette époque, cet of fut chargé, sous M. de Bachmann, ficier-général fait partie de l'étatdu travail préparatoire d'organi- major-général de l'armée fransation du service suisse en Française, et est placé parmi les mace. Le 19 mars 1815, il se rendit réchaux-de-camp en disponibiau quartier-général à Villejuif pour lité.

CINQUIÈME VOLUME,

DAMAS (FRANÇOIS-ETIENNE), né à Paris le 22 juin 1764. Nommé sous-lieutenant au 18 régiment d'infanterie (Royal Auvergne), en 1792, il fut demandé pour aidede-camp par le maréchal-decamp Meunier, officier- général du génie, d'une très-grande distinction. Il fit auprès de lui les premières applications de l'étude qu'il avait faite de l'architecture militaire, pour le tracé de différens ouvrages de fortification de campagne dans des camps retranchés; l'expérience et les leçons d'un tel maître lui furent trèsprofitables. L'aide-de-camp Damas se rendit avec son général à l'armée du Rhin, commandée par le général en chef Custine : après la campagne de 1792, le général Meunier ayant été appelé à Mayence pour prendre le commandement des troupes campées sur la rive droite du Rhin, à Cassel et au fort de Mars, il fit, avec son général, partie du corps d'armée qui fut assiégé dans cette place, en 1793. Nommé capitaine le 3 février, il continua à servir comme aide de camp du général Meunier, et se trouvait près de lui, lorsqu'il fut blessé mortellement au mois de juin suivant, en traversant le Mein, au retour d'une inspection des ouvrages destinés à couvrir la place de Mayence. Damas fut nommé par le général en chef et le conseil de guerre de la place de Mayence, chef de bataillon adju

dant-général, peu de jours après la mort du général Meunier; le 17 juin 1793, il fut confirmé dans ce grade par le gouvernement, et fut employé comme chef d'état-major du général Kléber, avec lequel il s'était lié pendant le siége de Mayence, et qui fut envoyé pour commander un corps de troupes à l'armée des côtes de Brest. Elevé au grade de général de brigade le 6 décembre, il fut chargé de l'incorporation des premiers bataillons de volontaires dans les cadres de l'armée des côtes de Brest, ainsi que de la levée de la première réquisition. Dans cette rigoureuse opération, le général Damas osait prendre sur lui le devoir d'être juste, et l'on n'a pas oublié que la mort était la conséquence de cette responsabilité. Dans le cours de l'année 1794, le général Damas sollicita et obtint l'ordre de passer à l'armée du Rhin. Appelé par le général Kléber au corps d'armée qu'il commandait pour bloquer Mayence sur la rive gauche du Rhin, il fut employé à son état-major jusqu'au commencement de 1795. Le général Damas prit alors le commandement de la brigade de gauche de l'armée du blocus, dont les troupes occupaient les postes de Bretzenheim et Monbach; il y soutint honorablement divers combats, et contribua à repousser plusieurs sorties de la garnison autrichienne de Mayence contre les lignes du blocus. Il reçut

ordre, au mois de juin 1795, de se rendre à l'armée de Sambreet-Meuse, commandée par le général en chef Jourdan, qui organisait les préparatifs du premier passage du Rhin que les armées françaises eussent tenté; il eut le commandement de la brigade des grenadiers d'avant-garde de la division du général Lefèvre, qui formait la gauche d'un corps d'armée de 30,000 hommes, sous les ordres du général Kléber, destiné à forcer le passage du Rhin. Au commencement de septembre suivant, il passa le fleuve à la tête des grenadiers de cette division, fit enlever à la baïonnette la position que les Autrichiens occupaient, et reçut, en s'en emparant, un coup de fusil qui lui traversa la jambe, et le mit hors de combat. Le général en chef Jourdan, dans sa lettre au gouvernement, en date du 21 fructidor an 3, s'exprime ainsi : « Le général » de brigade Damas, commandant »4 bataillons de grenadiers, qui >> faisaient l'avant-garde de la di» vision Lefèvre, a été blessé d'un >> coup de feu en leur montrant le » chemin de la victoire. » Rétabli de sa blessure dans le courant de novembre suivant, le général Damas eut le commandement d'une brigade dans la division Championnet. L'armée de Sambre-et-Meuse ayant repris l'offensive, il commanda la brigade des grenadiers, qui força le passage du Rhin vis-à-vis de Neuwied, le 2 juillet 1796; après avoir enlevé cette position de vive force, il alla faire sa jonction sur la Saynbach avec la division Bernadotte, qui avait passé le Rhin au-dessous

de Coblentz, et força peu de jours après le passage de la Lahn à Runckel. Le général Damas a commandé avec distinction plusieurs détachemens dans cette campagne, pendant laquelle il s'est trouvé aux combats de Butzbach et de Friedberg, aux batailles de Forcloeim d'Amberg et de Wurtzbourg, à la prise des villes de Francfort, de Wurtzbourg et de Bamberg, aux passages de la Nidda et de la Peignitz. Il a commandé la brigade d'arrière-garde depuis le départ des rives de la Naab jusque sur les bords du Rhin. Le général Damas continua de servir dans la division Championnet, à l'armée de Sambre-etMeuse, jusqu'au commencement de l'année 1798, où il fut appelé à l'armée d'Angleterre, en qualité de chef d'état-major du corps d'armée de l'aile gauche, commandé par le général Kléber. Cette armée ayant changé de nom et de destination, il fit partie de la division que le général Kléber commanda à celle d'Orient, partit de Paris avec lui pour se rendre à Toulon, et s'y embarqua sur le même vaisseau. 11 monta à l'assaut d'Alexandrie avec les grenadiers de la division Kléber, le lendemain de leur débarquement sur les côtes d'Égypte. Il s'empara de Rosette le 8, se trouva au combat de Chebreisse le 13, et à la bataille des Pyramides le 21 du même mois. Il suivit, sur les frontières de la Basse-Egypte, la marche du corps d'armée qui poursuivait les Mamelucks. II commanda plusieurs détachemens, et notamment celui qui gagna le combat de Gémélié dans

la province de Rosette, au mois de septembre de la même année. Il resta à Rosette jusqu'au départ de l'armée pour la campagne de Syrie, au commencement de l'an née 1799; il en partit dans le mois de février avec la division aux ordres du général Kléber, dans laquelle il commandait une brigade. Le général Damas s'est trouvé à l'attaque du camp des Mamelucks, qui fut enlevé le 14 février sur les hauteurs en avant d'El-Arish, et à la prise de ce fort, qui en fut la suite. Il fit, avec les troupes sous ses ordres, l'investissement de Jaffa, le 2 mars suivant, et fut chargé de reconnaître, immédiatement après, le débouché des montagnes de la Palestine, de Kakum à Naplouse; il soutint avec son détachement un combat continuel pendant 24 heu res, du 8 au 9 du même mois, dans le défilé et sur les sommets de ces montagnes, contre les habitans et les Naplousains, qui étaient réunis en nombre cinq ou six fois plus considérable que les troupes qu'il commandait : il eut, dans ce combat, le bras gauche cassé d'un coup de fusil. Obligé de revenir se faire traiter dans l'hôpital des pestiférés de Jaffa, il y fut mis un mois avant d'être en état de retourner au Caire, pour continuer de donner des soins à sa blessure, et pour se rétablir d'un accès de la maladie pestilentielle qu'il avait contractée dans cet hôpital. Le général Damas n'était pas encore rétabli, lorsque le général Kléber, étant appelé au commandement en chef de l'armée, après lé départ du général Bonaparte, lui laissa la liberté de retourner en

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France, avec le grade de général de division, qu'il lui conférait, ou de suivre le sort de l'armée. Il choisit généreusement ce dernier parti, et fut nommé par le général en chef Kléber, le 1" septembre 1799, chef de l'état-majorgénéral de l'armée, avec le grade de général de division. Dans la lettre qu'il écrivit en France pour demander la confirmation des promotions qu'il croyait juste de faire, et qui furent approuvées par le gouvernement, il justifie ainsi celle du général Damas: « Il en est de même à l'égard » du général de brigade Damas, »plus ancien encore que le géné»ral Friant; blessé au premier » passage du Rhin, blessé encore >> en Syrie, où tombèrent tant de » braves, il s'est conduit partout de la manière la plus distinguée; mais la justice qui lui était due n'a»vait pu jusqu'ici l'atteindre. » Le général Damas, n'étant pas encore guéri de sa blessure, servit comme chef d'état-major de l'armée d'Orient, à la bataille d'Héliopolis, au combat de Korai, à l'attaque et à la prise de vive force de Boulac, pendant le siége du Caire, et jusqu'après la mort du général Kléber. Lorsque le général Menou eut pris le commande. ment en chef, après cet événement si funeste pour l'armée et pour la conquête de l'Égypte, le général Damas fut employé comme général de division, ayant le commandement d'une province de la Haute-Egypte. Il se trouva à la bataille livrée, le 21 mars 1801, par le général Menou, à l'armée anglaise, fortifiée dans son camp, en avant de la position

d'Aboukir. Après la perte de cette bataille, il resta à Alexandrie, jusqu'à ce que le général en chef Menou l'en fit partir de force avec le général de division Regnier, l'ordonnateur en chef Daure, et quelques autres officiers, pour les punir des avis qu'ils lui avaient donnés, et qu'il n'avait pas voulu suivre. L'exemple qu'ils lui a vaient cité de l'ensemble et de la célérité des mouvemens du géné ral en chef Bonaparte, l'année précédente, dans une conjoncture toute semblable, n'avait pu convaincre le général Menou, qui éprouva bientôt, mais trop tard pour le salut de l'armée, les fata les conséquences de ses premiè res fautes; non content d'en faire supporter le poids à ceux mêmes qui avaient tenté de l'en détourner, il fit précéder leur arrivée en France par une dénonciation contre eux au général Bonaparte, devenu à cette époque le chef du gouvernement. Les effets de cette dénonciation furent plus particulièrement funestes au général Damas, à cause de l'ancienne amitié qui l'avait attaché au géné ral Kléber, amitié que le général Menou présenta comme un sujet de haine et de jalousie contre la personne du premier chef de l'armée d'Égypte. Le général Menou cherchait à cacher son incapacité entre deux grandes rivalités militaires, qu'il voulait mettre en présence, pour faire prendre le change sur le véritable motif de la perte de l'Egypte, dont l'histoire toutefois n'accuse que lui. De retour en France, le général Damas, n'ayant pu obtenir de présenter aucune explication au pre

mier cousul, resta sans activité de service et avec un très-modique traitement, depuis la fin du mois de septembre 1801 jusqu'au mois d'octobre 1806. La conduite réservée qu'il mena pendant tout ce temps de disgrâce, ne le garantit pas des atteintes de la mal veillance. Sa détention dans la prison militaire de l'Abbaye, fut comme mesure de sûreté ordonnée par le ministre de la police, la veille du jour où l'on arrêta le général Moreau; mais il n'y fut retenu que 24 heures, grâce à l'in térêt que prit à sa position le gou. verneur de Paris, Murat, avec lequel il avait servi en Égypte, et qui lui donna dans cette circonstance une preuve d'attachement, don't il reçut bientôt après une nouvelle marque. En effet, lorsque le géné. ral Murat devint grand-duc de Berg, il obtint l'autorisation d'employerle général Damas en qualité de commandant militaire et de conseiller-d'état de ce grand-duché. Le général Damas se rendit en conséquence à Dusseldorf, avec ce titre, au mois d'octobre 1806, et cessa de jouir de tout traitement en France. Il leva et orga→ nisa les troupes de différentes armes dont se composa l'état militaire du pays de Berg. Lorsque le grand-duc monta sur le trône de Naples, en 1808, il appela près de lui le général Damas; mais le chef du gouvernement français, ayant envoyé un commissaire pour prendre possession du grand-duché de Berg, en son nom, au mois d'août 1808, kui donna l'ordre de conserver son commandement avec les mêmes titres, qualités et emplois qu'il y

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