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premiers artistes de son pays. Ses principaux ouvrages sont: la Mort du capitaine Cook, d'après Webber; le Départ d'Abraham, d'après Zuccharelli, et les Antiquités pittoresques de la Grande-Bretagne, recueil architectural et pit toresque, exécuté avec autant de goût que de talent et d'exactitude. Hearn fut son collaborateur pour cette dernière entreprise, et Bartholozzi grava souvent les figures de ses autres ouvrages. Il mourut à Londres en 1805.

BYRON (GEORGES GORDON, LORD), le plus singulier des poètes dont s'honore aujourd'hui l'Angleterre. Son caractère est un de ces problèmes de morale qu'il ne faut pas se hâter de résoudre. Un mystère inconcevable règne sur sa conduite; et son esprit, toujours occupé à retracer les agonies de l'âme et du corps, est également mystérieux pour qui n'a connu de la vie que les jours sereins et la langueur uniforme. Lord Byron, né en 1788, descend de Jacques II, roi d'Écosse, dont la fille, Jeanne Stuart, fut mariée au comte de Huntley, et lui donna des fils, premiers auteurs de la famille des Gordon. La première jeunesse de lord Byron n'eut rien de remarquable; une grande dissipation, des formes aimables, une raillerie vive, et quelques aventures galantes lui avaient acquis la réputation d'un homme à bonnes fortunes, lorsque tout à coup il quitte Londres et les salons dorés où il passait sa vie, et va errer sur les plages du Péloponese, au milieu des ruines de l'Italie, sur les roches de Candie et de Malte. Il revient à Londres où il

épouse une femme riche, jeune, aimable et belle; voit bientôt son union troublée par des dissensions domestiques; se sépare juridiquement de cette femme qu'il adore, et quitte de nouveau l'Angleterre. Les ennemis que ses talens,déjà signalés par plusieurs ouvrages, avaient éveillés, et qu'une satire mordante avait profondément irrités, donnèrent à ce malheur domestique une publicité scandaleuse. Le gouvernement, dont lord Byron avait plus d'une fois attaqué personnellement le chef actuel, ameuta contre un seul homme la tourbe des folliculaires et des journalistes de la trésorerie. Il eut à soutenir, comme il le dit lui-même, le combat d'un contre tous (the strife of one against all). Il continua ses courses à travers l'Europe et l'Asie, resta long-temps enseveli dans une hutte des Apennins; repassa en Grèce, où il acheta une petite île du gouvernement turc, et y fit bâtir une maison; visita la Suisse et la Belgique, après que les désastres de Waterloo, en changeant la face de l'Europe, eurent donné tant d'intérêt aux plaines de la Flandre; et envoya de temps en temps, en Angleterre, des poëmes empreints d'une misanthropie amère, d'un grand dégoût pour la vie, et d'un profond mépris pour la société. Ce dernier sentiment était le fruit d'une grande injustice. On avait répandu ridiculement parmi le peuple, pour ne point caractériser d'atrocité cette infamie, que le repentir d'un crime était la source de ses longues douleurs; que le meurtre était son instinct, et toute in

nocence sa victime. On forgea un conte atroce, dans lequel on lui faisait tuer sa maîtresse, conserver soigneusement son squelette, et boire habituellement dans son crâne, qu'il avait fait façonner en forme de coupe. Lord Byron ne donna pas à ce déluge d'infamies un signe d'attention. Quelques traits dirigés contre les travers et les ridicules de ses compatriotes, sont la seule trace de ressentiment personnel que l'on ait pu remarquer dans ses nombreuses compositions. Le premier ouvrage de lord Byron, intitulé: Heures de loisir, fut vivement critiqué par les journalistes souligneurs; il répondit à leur critique indécente par une satire amère, qu'il appela lui-même une Hécatombe. Chaque vers immola sa victime; et quatre éditions de ce petit poëme, qui se succédèrent en peu de temps, finirent par ser sa vengeance. Lord Byron, après avoir voyagé en Europe et en Asie, publia cet étrange Pèlerinage de Harold, où les impressions d'un homme errant, et les passions d'une âme agitée, tiennent lieu d'action, de plan, de mouvement et d'intrigue. On peut dire de ce poëme qu'il est idéal, sans sortir de l'acception réelle et franche d'un mot si souvent détourné. Byron semble croire, avec Kant, que les objets extérieurs n'existent que par rapport à notre sensorium intérieur, et suivent les ondulations de notre pensée. On dirait qu'il imprime sa misanthropie à tout ce qui l'entoure; qu'il pénètre les rochers et les bois de l'amertume de son âme, et que les vapeurs de son

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imagination enveloppent le soleil et l'azur de l'Adriatique. La publication des premiers chants de ce poëme fit époque dans la littérature anglaise. Dans ses autres ouvrages, lord Byron essaya de joindre à sa forte pensée l'intérêt des combinaisons dramatiques, dont on avait blâmé l'absence dans le Pèlerinage d'Harold, Il imagina quelques personnages doués de facultés énergiques, et, en les plaçant dans une scène étroite, il força leurs passions concentrées à produire les plus terribles effets. Le Corsaire, l'Infidèle, la Fiancée d'Abydos, Lara, le Siége de Corinthe, Parisina, Mazeppa, composés dans ce système, n'offrent que les brillantes ébauches d'un génie déréglé, presque toujours hors de la vérité et de la nature, et dont les écarts sont d'autant plus dangereux qu'ils tendent à rejeter la littérature anglaise dans le chaos d'où Pope et Addison l'avaient tirée. Dans tous les tableaux poétiques de lord Byron, une seule et même figure se montre sous les traits du Giaour, de Child et du Corsaire; sous des noms diyers, c'est toujours un être inconcevable, né pour la vertu, enfoncé dans le crime, insouciant de lui-même; un personnage gigantesque, avide de connaître, dédaigneux de ses connaissances, nourrissant une aversion profonde pour la société; une espèce d'ange déchu, riant de l'enfer et de sa conscience; une espèce de fantôme errant parmi les hommes, et qui semble appartenir à un monde invisible. Les poésies fugitives de lord Byron appartien

Dent toutes au genre de l'ode. Celle qu'il adresse à Napoléon mérite une mention particulière. Malgré les préjugés de son pays, l'auteur y plane au-dessus des temps, des lieux et des hommes; il est peut-être le seul dont la pensée ait jugé d'une manière digue de lui, le plus étonnant personnage de son siècle. La figure de Byron est noble, pâle, fière et pensive. Ses habitudes sont singulières il a dernièrement fait la fortune d'un pauvre cordonnier

de Venise, ruiné par un incendie; on l'a vu vivre seul pendant des mois entiers; par simple amusement, il a traversé à la nage ce détroit d'Abydos, immortalisé par Léandre; il consacre au soulagement de littérateurs pauvres le produit de tous ses ouvrages, qui ont eu jusqu'à onze éditions; enfin il professe la plus haute estime pour les talens des Moore, Scott et Coleridge, ses rivaux : il y a de la grandeur dans ces bizarreries.

FIN DU TROISIÈME VOLUME. .

TROISIÈME VOLUME.

BLANCHETON (ANDRÉ-ANTOINE), l'un des médecins des épidémies pour le département de la Seine, obtint cette place en 1812, par suite des heureux résultats du traitement des maladies épidémiques qui ravagèrent en 1811 et 1812 les communes de Pantin, la Villette et Bondi. Ce médecin, né à Clermont-Ferrand, en 1784, et fils d'un chirurgien distingué de cette ville, vint à Paris pour achever son éducation médicale. Il se fit distinguer dans plusieurs concours, et eut part chaque année aux prix décernés par la Faculté. Il obtint, en 1806, le grand prix de chimie accordé par le ministre de l'intérieur. Reçu docteur en médecine à 25 ans, et animé du désir de participer à la gloire nationale, il sollicita le titre de médecin de 1 classe aux armées, et fit en cette qualité la campagne d'Autriche, en 1809. Les hôpitaux militaires de Znaïm, Krems, Bamberg et Bois-le-Duc, lui donnèrent occasion de signaler son savoir et son zèle dans le traitement du typhus contagieux; il dut à ses services l'estime et l'affection du maréchal Masséna, qui par suite le demanda au ministre en qualité de médecin de son quartiergénéral, lors de l'expédition de

Portugal. La croix de la légiond'honneur devint plus tard la récompense des services qu'il prodigua aux blessés sur le champ de bataille de Bassaco, et des efforts qu'il fit pour combattre les ravages du typhus dans les hôpitaux de Torres-Novas: lui-même alors en fut atteint. En 1815, un grand nombre d'officiers russes ayant été confiés aux soins du docteur Blancheton, à Paris, il en fut récompensé par la décoration de l'ordre de St.-Wladimir de la 4a classe. Le docteur Blancheton donna en 1808, un Essai sur l'homme, considéré dans ses rapports géographiques. Le développement de cet ouvrage, auquel il travaille encore, l'a conduit à réunir en un seul tableau tous les faits qui, dans l'étude de l'homme, peuvent se rattacher aux sciences médicales, en le considérant dans le sens de ses races, de leurs variétés, sous le rapport de ses relations avec le milieu qu'il habite, et des agens extérieurs qui développent, altèrent ou modifient son être; enfin, dans les degrés de civilisation et les diverses conditions sociales qui lui furent imposées par les législateurs ou les nombreuses sectes religieuses qui ont existé ou existent encore.

QUATRIÈME VOLUME.

CARRION - NISAS (ANDRÉHENRI-FRANÇOIS-VICTOIRE), né à Lézignan (Hérault), le 24 janvier 1794, fils de l'ex-tribun CarrionNisas, a été destitué, à cause de ses écrits politiques, d'un emploi qu'il occupait au ministère de la guerre en 1820, et s'est fait connaître par plusieurs ouvrages, parmi lesquels on a surtout remarqué les suivans: De la nation et des factions, 1819; La loi şalique, 1820; De la jeunesse française, 1820; La France au 19° siècle, décembre 1821. M. CarrionNisas, fils, est l'un des rédacteurs de l'ouvrage intitulé Victoires et Conquêtes, et a fourni un grand nombre d'articles à divers jour

naux.

CASTELLA (RODOLPHE, COMTE DE), inspecteur-général des Suisses et Grisons, lieutenant-général des armées du roi, grand'croix de l'ordre de Saint-Louis, colonel d'un régiment de son nom et président du conseil de guerre de son canton, né à Fribourg en Suisse. Le comte Rodolphe était issu de l'illustre maison de Castella, dont l'ancienneté se perd dans les premières annales de l'histoire helvétique. Jean-Pierre, son bisaïeul, contribua puissamment, en 1666, à l'alliance des Suisses avec la France, et fut un des députés envoyés à Paris pour la signature du traité. Ses descendans occupèrent en France les plus hauts grades militaires dans les armées et dans la maison du roi.

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Le comte Rodolphe commandait les grenadiers des gardes suisses à la bataille de Fontenoi, et défendit avec intrépidité la redoute du bois de Barri. Il se trouva à tous les siéges de la Flandre : à celui de Fribourg, il fut blessé, et se distingua particulièrement à celui de Tournay. A la réception de M. le maréchal de Biron, en qualité de colonel-général des gardes-françaises, le roi fit appeler le comte Rodolphe de Castella au milieu du bataillon carré, et lui dit : « Je suis très-content de >> vos grenadiers; mais ils avaient » un bien bon chef. » Il commanda à Wesel pendant 4 ans, et soutint glorieusement, avec 2500 hommes, le siége de cette ville par l'armée du prince héréditaire, forte de 20,000 hommes. Le comte Rodolphe était l'aîné de huit frères, dont six furent chevaliers de Saint-Louis, et quatre moururent les armes à la main. Ce fut en récompense des services de cette famille que le titre de comte lui fut donné, en 1772, par un brevet spécial et motivé. Ce brevet d'honneur, qui consacre les nombreux services de cette famille de guerriers, remplace noblement pour elle les lettres-patentes, et exprime cette intention du roi. Le comte Rodolphe de Castella est mort colonel propriétaire du régiment de son nom, à l'époque de la révolution, et après avoir servi la France sans interruption pendant

70 ans.

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