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ment de la Charente, M. Blanchon fut nommé, par le département, député à l'assemblée législative, au mois de septembre 1791. Pendant toute la session, il ne parla que deux fois l'une pour faire différer le départ des troupes qu'on se proposait d'envoyer dans les colonies; et l'autre, pour donner connaissance à l'assemblée des renseignemens qu'il s'était procurés sur le véritable motif des réfugiés brabançons dans les villes de Lille et de Douai. Commissaire des guerres en 1792, puis chef de la 2e division du ministère de la guerre, M. Blanchon fut envoyé, en 1798, en qualité de commissaire-ordonnateur à l'armée de Sambre-etMeuse; il était encore employé en cette qualité après la première restauration.

BLAND (THEODORIC), patriote américain, étudia la médecine à la Virginie où il était né, et d'où sa famille était originaire. La guerre de l'indépendance fit des soldats de tous les citoyens. Bland quitta sa profession pour celle des armes, et se signala en plusieurs circonstances. Ce fut lui qui, en 1779, défendit les barraques d'Al bemarle, poste difficile et dangereux. Élu membre du congrès en 1780, il y siégea jusqu'à la dissolution de cette assemblée, et à son retour, fut porté à la législature. Lorsqu'on proposa une constitution nouvelle, il s'opposa vivement à sa ratification, vota con tre elle; mais une fois sanctionnée, il en devint l'un des plus zélés défenseurs. Cette soumission à la loi, parce qu'elle est loi, est un des grands caractères auxquels

on peut reconnaître une nation forte et libre. Bland, élu représentant de son district, se rendit au congrès; il mourut le 1" juin 1790, âgé de 49 ans. Les biographies précédentes ont à peine donné place à un ou deux défenseurs des libertés américaines : plus justes et plus heureux, nous nous sommes attachés à recueillir ces noms honorables, et à multiplier pour le bien de la société européenne les exemples de ce patriotisme, dont Washington et La Fayette ont illustré le nouveau monde.

BLANDIN DE VALLIÈRE. était conseiller à la cour d'appel de Bourges, lorsqu'il fut nommé, en mai 1815, par le département de la Nièvre, membre de la chambre des représentans. Il fit partie de la députation chargée par le collège électoral de ce département de présenter une adresse à Napoléon.

BLANGINI (JOSEPH-MARC-MARIE-FÉLIX), musicien et compositeur, est né à Turin le 19 novembre 1784. Dès l'âge de 12 ans, il tenait l'orgue de la cathédrale de cette ville, et ne tarda pas à exceller dans l'accompagnement. Arrivé à Paris en 1799, il donna des leçons de chant et de composition, et composa bientôt lui-même. En 1802, à peine âgé de 18 ans, il fut chargé de terminer la Fausse Duègne, opéra-comique en trois actes, laissé imparfait par la mort prématurée de Della Maria, son auteur. M. Blangini remplit cette tâche difficile avec autant de hardiesse que de talent. Encouragé par le succès, il composa seul plusieurs opéras comiques qui ne

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sont point restés au théâtre. En 1806, il avait déjà fait jouer à l'académie impériale de musique Nephtali, opéra en trois actes, qui eut un succès d'autant plus flatteur, que l'auteur n'avait encore que 22 ans. Il composait en même temps un grand nombre de Romances françaises, d'Ariettes italiennes, de Symphonies et de Pièces fugitives, où l'on remarque une mélodie douce et facile, et une harmonie légère et bien ordonnée. M. Blangini s'est fait une grande réputation par ses Nocturnes, productions gracieuses et sentimentales, qu'il chante et accompagne avec autant de goût que d'expression, dans les plus brillans concerts de la capitale. En 1805, il avait été nommé maître de chapelle du roi de Bavière, après avoir fait exécuter à Munich un opéra de sa composition; et l'année suivante, il devint directeur de la musique et des concerts de la princesse Borghèse. En 1809, le roi de Westphalie le nomma directeur-général de la musique de la chapelle, du théâtre et de la chambre. Pendant son séjour à Cassel, il a composé quatre opéras français, plusieurs messes, et quelques autres ouvrages d'église. En 1814, il retourna à Munich, où il composa, par ordre de la cour, l'opéra de Dario in Dacia, qui obtint un brillant succès. Revenu à Paris en 1815, il y a repris ses travaux de composition et d'enseignement. En 1818, il a été nommé surintendant honoraire de la chapelle du roi, et professeur de l'école royale de musique. Il est encore auteur de plusieurs opéras,

savoir: Isaac, ou le Sacrifice d'Abraham; Encore un tour du Calife, représenté à Munich; le Naufrage comique; l'Amour philosophe; la fée Urgèle; la Princesse de Cachemire; la SourdeMuetle; la comtesse de Lamarck; les Fêtes lacédémoniennes; Inès de Castro, et les Femmes vengées de Sedaine, dont il refit la musique, en 1808. M. Blangini a fait jouer, avec succès, au théâtre Feydeau, au mois d'avril 1821, le feune Oncle, opéra comique en un acte, paroles de M. Fontenilles.

BLANGY (LE COMTE DE), député par le département de l'Eure à la chambre de 1815. En décembre de la même année, la commission nommée pour l'examen de la loi relative au recouvrement provisoire des premiers douzièmes des contributions, le chargea de faire un rapport; le 11 du même mois, après avoir proposé quelques légers amendemens, il conclut à l'adoption du projet. Le 22, il réclama des mesures en faveur du clergé, et insista pour que les ecclésiastiques mariés fussent privés de leurs pensions. La proposition de M. le comte de Blangy donna lieu à des débats orageux; mais la première partie eut un plein succès. La chambre décida que les biens nationaux nou-vendus seraient rendus aux prêtres.

BLANKEN (JEAN), naquit à Bergambacht (Hollande), le 15 novembre 1755. Sa famille s'était distinguée dans les travaux du waterstaat (ce qui correspond en France à l'administration des ponts et chaussées). Elle voulut que le jeune Blanken suivit la mê

me carrière, et elle lui fit donner une éducation analogue. A 20 ans Blanken était premier inspecteur des îles de Voorne, Goedereede et Over-flackee. Il mérita, par ses talens, que le gouvernement le nommât à l'inspection générale du waterstaat. Il fut successivement décoré de l'ordre du LionBelgique, membre de la première classe de l'institut des PaysBas, et lieutenant-colonel d'artillerie. Les nombreux et importans services qu'il a rendus à son pays par sa Machine à vapeur à double effet; ses Bassins à caréner; ses Digues; ses Ecluses à inondation, et les Batteries qu'il a établies sur presque toutes les côtes de la Hollande, en ont fait un homme justement recommandable, et lui assurent une place distinguée parmi ceux qui ont bien servi leur patrie.

BLANKENBURG (CHRISTIANFRÉDÉRIC DE), écrivain allemand, bon traducteur, habile métaphysicien et critique estimé; il naquit à Colberg en Pomeranie, le 24 janvier 1744. Entré au service de Prusse à quatorze ans, Blankenburg servit avec distinction dans la guerre de sept ans, et après vingt-un ans de services, demanda et obtint sa retraite. Il resta à Leipsick jusqu'à sa mort, arrivée le 4 mai 1796. Il a publié plusieurs traductions élégantes, entre autres la traduction du quatrième volume de la Monarchie prussienne de Mirabeau, celle des Vies des poètes anglais de Johnson, celle de l'Histoire de la Grèce, par John Gillies (auteur de premier ordre, dont ni la Biographie universelle, ni M. Barbier

lui-même, n'ont dit un mot). Il a composé aussi plusieurs ouvrages remarquables par la finesse des vues et la pureté du style. Son Essai sur le roman (Leipsick et Liegnitz, 1774), sans avoir ni l'originalité, ni la profondeur, ni l'élégance piquante de MTM de Staël, est jugé comme offrant la poétique du genre. Blankenburg a donné un Supplément à la théorie des beaux-arts de Sulzer (Leipsick, 1786, 1787, 1792 et 1794). Moins érudit et moins rigoureux que cet écrivain, il a développé des vues saines, et présenté quelques aperçus utiles. Malgré son talent à la fois solide et agréable, Blankenburg est peu connu dans son propre pays, où la métaphysique est populaire, et où Fichte, Wolff, Kant, se partagent presque exclusivement l'empire des esprits et des âmes.

BLANMONT (ISIDORE, BARON DE), natif de Gisors. Soldat avant la révolution, il fut nommé, en 1792, capitaine dans un bataillon du département de l'Eure. Envoyé dans la Vendée, il y obtint le grade d'adjudant- général, et se distingua dans cette guerre, et plus tard en Suisse, par des actions de la plus grande bravoure. Il avait été blessé dans presque tous les engagemens. Après avoir été employé en Corse comme chef d'état-major de la 23m division militaire, il passa à l'armée d'Allemagne, prit part à la conquête de la Poméranie suédoise, et fut envoyé à Paris pour y porter l'épée et le sceptre de Charles XII. Nommé colonel du 105TM régiment, il fit la campagne de 1809 en Autriche, et montra le plus

grand courage à la bataille de Ratisbonne, où 15,000 Autrichiens furent obligés de mettre bas les armes. Il se distingua pareillement pendant la campagne de Russie. A cette époque, il commandait une brigade de la division Partouneaux; il fut grièvement blessé à Borisow, et fait prisonnier au passage de la Bérésina, De retour en France, par suite de l'abdication de l'empereur Napoléon, il reçut du roi la croix de Saint-Louis, et eut le commandement d'Abbeville. Nommé lieutenant - général par S. M. à son passage dans cete ville, après l'événement du 20 mars, le baron Blanmont n'hésita point à prendre du service comme maréchal-de-camp, lorsqu'il vit la France menacée par la coalition européenne. Député à la chambre des représentans par l'arrondissement d'Andelys, il fut envoyé à l'armée en qualité de commissaire. Il commande aujourd'hui, en qualité de maréchal-de-camp, la 21 division militaire. Ce brave militaire, qui n'a dû son élévation qu'à son seul mérite, est toujours resté fidèle à l'honneur et à la patrie. Il est commandant de la légion-d'honneur, chevalier de l'ordre de Bade, etc.

BLANQUART-BAILLEUL (HENRI - JOSEPH), né le 27 avril 1758, à Boulogne-sur-Mer. Avant la révolution, il était avocat dans cette ville, et procureur du roi au bailliage de Calais. M. BlanquartBailleul a su se concilier la faveur des gouvernemens divers depuis trente ans : c'est un de ces esprits supérieurs qui, pour trouver peu d'obstacles dans la carrière, y

marchent de sang-froid, examinent jour par jour les fonctions publiques qui sont à leur convenance, et jugent très-bien que dans tous les systèmes il y a des chefs à satisfaire, et des postes à conserver. On l'a vu successivement commissaire du roi, procureur de district, président d'administration départementale, maire de Boulogne, membre du conseil général du département du Pasde-Calais, député au corps-législatif après le 18 brumaire, baron sous l'empire, chevalier de la légion-d'honneur, décoré de l'ordre de la Réunion, député en 1809, membre de la commission des finances, et questeur pendant plusieurs années. Riche et comblé d'honneurs, M. BlanquartBailleul n'en sentit que mieux que la restauration ne devait pas détruire une si belle fortune, et borner une si brillante carrière; il se hâta de donner son adhésion à la déchéance de l'empereur, et fut membre de la chambre en 1814; il y demanda l'ordre du jour sur une plainte du général Excelmans, relative à une violation de domicile, et défendit vivement le général Dupont, ministre de la guerre, lorsque celui fut accusé de prévarication relativement à un marché de fournitures. En 1815, au commencement de mars, lorsque Napoléon s'approchait de la capitale, dans un moment d'enthousiasme il s'écria à la tribune nationale : « Non, il n'est aucun >> de nous qui n'aimât mieux mille >> fois mourir que de subir en>> core une fois le joug de cet usur»>pateur,» et il proposa de compter la campagne que les élèves des

facultés feraient contre lui, non seulement comme un temps d'études, mais même comme une année de plus, parce que rien n'est plus propre pour former un juriste, un médecin ou un professeur, que le maniement des armes. Les cent jours furent une exception à la constance de M. Blanquart Bailleul, en même temps que la seule interruption de ses travaux; et sous ce nouveau règne de Napoléon, il se retira et vécut paisiblement dans son pays. En septembre 1815, il fut membre de la chambre nommée à tort introuvable: il y demanda l'initiative pour M. de Sesmaisons contre M. de Bouville, dans le développement de la proposition d'une enquête contre ceux qui avaient favorisé l'évasion de M. le comte de Lavalette. Toujours de l'opinion des agens du pouvoir, dans la session de 1816, il vota avec les ministres pour le projet de loi sur les élections, et pour le projet contre la liberté individuelle. Il fut nommé sans retard procureur-général près la cour royale de Douay. Lorsque dans la discussion du projet de loi sur la liberté de la presse, durant la session suivante, on eut décidé que le dépôt ne pouvait être considéré comme une publication, ce qui n'était pas l'avis de M. Blanquart-Bailleul, il demanda que du moins ce dépôt donnât lieu à l'action civile. Quand la loi sur le recrutement fut présentée, il vota avec le ministère, et rejeta F'exemption moyennant une certaine somme. Il combattit M. de Chauvelin, qui soutenait que le droit de pétition, exercé tel qu'il

l'était, devenait tout-à-fait illosoire. M. Dupont (de l'Eure) réclamant l'abrogation de la loi du 9 novembre 1815, BlanquartBailleul fut encore de l'avis des ministres, et prétendit que cette loi était nécessaire pour le repos de la France. Il voulut qu'on rappelât à la question M. Bignon, qui, en parlant sur le budget, s'était permis quelques réflexions favorables aux bannis. Dans la session de 1818, il combattit la proposition de M. Dumeylet, relative au droit de pétition; s'opposant particulièrement à l'analyse de l'objet des pétitions et à ce qu'elles fussent recommandées par des membres de la chambre. Ce discours donna lieu à de violens murmures. «Il » ne dépend, disait M. Blanquart» Bailleul, que d'un député, en»traîné par l'esprit de parti, de >> faire naître le scandale. Deman»der des explications à un minis»tre, c'est faire passer le gouver>>nement dans les chambres; lais» sons aller le cours des choses, il » est inutile que le public soit in>> formé par un article spécial du » droit qu'aurait la chambre de >> recommander une pétition. La >> charte veut qu'il y ait des péti>>tions, mais non des pétitionnai»res.» M. Blanquart-Bailleul s'opposa ensuite à la demande de M. Manuel, qui insistait pour qu'il y eût une discussion publique sur l'abrogation du droit d'aubaine. Dans la session de 1819, il demanda le rappel à l'ordre de M. de Corcelles, qui avait appelé par son nom M. le ministre Pasquier. Lors de la proposition de M. Benjamin-Constant pour la régulari

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