Page images
PDF
EPUB

mes nés esclaves! C'est par cette noble carrière que l'Amérique s'élève insensiblement, dans sa vaste étendue, au-dessus des vieilles institutions de l'Europe, et menace la caducité des métropoles, de toutes les ressources que donnent une jeunesse déjà virile, et une terre jalouse de produire pour des hommes libres. Le président Boyer a un caractère impétueux comme les hommes de sa couleur, mais tempéré par les conseils d'une raison constante et éclairée. Il est remarquablement versé dans la science du gouvernement et les connaissances administratives. Il a les passions des grandes âmes, la gloire, la liberté, non pour lui seul, mais pour ses concitoyens et pour lui. L'état que Péthion avait fondé, devra au président Boyer le rang que sa position locale et la nature de ses institutions lui assignent parmi les sociétés politiques du monde.

BOYER-FONFREDE (voyez

FONFREDE).

BOYER-PEYRELEAU (EUGÈNE ÉDOUARD, BARON DE), colonel de cavalerie en non-activité, officier de la légion-d'honneur, est né à Alais, département du Gard. Trois Biographies ont parlé de lui, et toutes trois de la manière la plus inexacte; elles ont altéré jusqu'à son nom. En 1793, il achevait ses études, quand la réquisition l'appela sous les drapeaux; il fit, avec le 9 régiment de dragons, toutes les campagnes d'Italie, et obtint ses grades successivement et sur le champ de bataille. Aide-decamp de l'amiral Villaret-Joyeuse, il le suivit, en 1802, à la

Martinique, dont il venait d'être nommé capitaine-général. Devenu peu de temps après chef d'état-major de l'amiral, le brave Boyer-Peyreleau le seconda dans les circonstances difficiles où les Français se trouvèrent. Une épidémie terrible venait de ravager la Martinique et Sainte-Lucie : les Anglais, profitant du désordre, de la faiblesse et des maladies qui régnaient dans la garnison, attaquérent et prirent Sainte-Lucie; mais ils se contentèrent de bloquer la Martinique, et de la harceler par des débarquemens fréquens et par tiels. Le baron Boyer-Peyreleau, après avoir partagé les travaux et exécuté d'une manière brillante les ordres souvent périlleux de son général, fut chargé, en 1805, de reprendre aux Anglais le FortDiamant, le plus important des Antilles; c'était un rocher à pic, que la nature et dix-huit mois de travaux extraordinaires semblaient avoir rendu inexpugnable, et que les Anglais avaient sur nommé le Gibraltar des Antilles. Le baron Boyer-Peyreleau, à la tête de 200 hommes du 82 régiment, enleva ce fort au bout de trois jours d'attaque. Lesjournaux anglais rendirent justice à la bravoure d'un ennemi et d'un Francais; et cette époque compte peu de faits d'armes plus brillans que celui-là. Cependant la Martinique, réduite à ses propres forces, continuait de soutenir le genre guerre le plus désastreux et le plus cruel: elle avait déjà souffert des pertes considérables, quand, en 1809, une expédition formidable vint l'attaquer: 12,000 hommes, 82bâtimens et une immense quan

de

tité d'artillerie, effectuèrent le débarquement sur plusieurs points. Le courage lutta contre le nombre. Les Anglais bombardèrent le fort Bourbon, dont les approches avaient été vaillamment défendues. Tout ce qui environnait le fort était déjà écrasé; le magasin à poudre allait sauter et faire sauter la ville. On capitula. Le baron Boyer - Peyreleau avait pris une part glorieuse à cette longue et honorable défense. Cependant le malheur des événemens fut imputé à crime à l'amiral VillaretJoyeuse. Le baron Boyer-Peyreleau, son ami, le suivit en France, et sacrifia ses espérances d'avancement à la défense de son chef. Il l'accompagna ensuite à Venise. En 1812, il alla rejoindre l'armée en Russie. Nommé adjudant-commandant, puis chef d'état-major de la vieille garde, il se distingua plus d'une fois dans cette campagne malheureuse ; le duc de Dantzick eut souvent l'occasion de louer sa bravoure. Ilentra ensuite dans le corps de cavalerie du général Latour - Maubourg, et fut chargé, sous les ordres du lieutenant-général Castel, de protéger la retraite des troupes françaises de Leipsick à Mayence. Il fut un de ceux qui montrèrent le plus de courage dans ces sanglantes affaires de janvier, février et mars 1814, qui retardèrent la marche des troupes coalisées. Après la restauration, nommé commandant en second de la Guadeloupe, il prit possession du commandement de cette colonie, en octobre 1814. Les événemens du 20 mars se firent sentir jusque dans l'hémisphère où le baron Boyer-Peyre

leau se trouvait alors. Un bâtiment de guerre, expédié par le gouvernement impérial, vint apporter à la Guadeloupe le drapeau tricolore; et cette colonie, à qui l'idée de retomber sous le joug britannique était insupportable, se réunit à la France. Le jour même où le commandant en second proclamait cette réunion, la bataille de Waterloo se livrait en Belgique : un conseil de guerre, le premier qui ait siégé à Paris, le condamna à mort. Cette peine fut d'abord commuée en une détention de vingt ans. Il sortit de prison après y avoir passé trois ans ; fut rétabli sur les cadres de l'armée, et classé parmi les colonels de cavalerie à demi-solde. Il avait été fait maréchal - de - camp à la bataille de Saint-Dizier, où Napoléon commandait en personne, quelques jours avant l'entrée des alliés à Paris.

BOYGNES ou BOUYGNES (J. P.), député du Lot à laconvention. Dans le procès du roi, il vota pour la réclusion, mais en déclarant qu'il ne se reconnaissait pas juge compétent, et qu'il ne prononçait que comme législateur. Il avait opiné contre l'appel au peuple, et vota ensuite pour le sursis. Il entra au conseil des cinq-cents; fut, après le 18 brumaire, nommé juge au tribunal de Gourdon, et disparut de la scène politique, après y avoir laissé une trace honorable de son nom.

BOYSEN (FRÉDÉRIC-ÉBERHARD), célèbre orientaliste allemand, naquit à Alberstadt, où son père était ministre luthérien. Destiné aussi à l'état ecclésiastique, il reçut dans sa famille les premières

[blocks in formation]

des notes en allemand, Halle, 1775, grand in-4'; deuxième et troisième éditions, 1775-1776; 2° Monumenta inedita rerum germanicarum, præcipuè Magdeburgicarum et Halberstadensium, tom. I, Leipsick et Quedlinbourg, 1761, in-4; 3° Lettres théologiques, en allemand, 2 vol. in-8°, Quedlinbourg, 1765 et 1766; 4° Histoire universelle, Halle, 1767 à 1772, 10 vol. in-8°; 5° Vie de Frédéric Eberhard Boysen. Plusieurs de ses ouvrages, dont nous n'annonçons point les titres, ont paru sous le nom de Jean-Samuel Kuhn.

BOZECK (JOSEPH), membre de l'institut de mécanique des états de Bohême, mérite d'occuper une place parmi les hommes qui de nos jours se sont fait un nom distingué par des inventions utiles. Il a composé, en 1815, une voiture qui était mise en mouvement par la force de l'eau réduite en vapeur; ensuite il a travaillé à une barque qui devait remonter l'eau par le même moyen. L'histoire de l'industrie qui crée de nouvelles jouissances ou de nouveaux secours pour l'homme, est peut-être plus intéressante que celle de la politique qui enchaîne les peuples, ou de la guerre qui les dévore.

BRAAD (JEAN), ecclésiastique, poète et savant, est auteur d'une histoire estimée de Newcastle

T. III.

sur-la-Tynne, sa ville natale. On estime aussi un petit poëme dont le sujet est néanmoins singulier pour un prêtre, c'est l'Amour illicite. Braad a donné des mémoires qui ont étéimprimés dans le recueil de la société des antiquairesde Londres dont il était secrétaire. Il naquit en 1743, et mourut en 1806.

BRACK (FORTUNE), chef d'escadron de cavalerie légère, officier de la légion-d'honneur, et chevalier de Saint-Louis, est né à Paris en avril 1789. Elève du Prytanée français, il entra à l'École-Militaire de Fontainebleau, en 1806, et passa sous-lieutenant au me de hussards en 1807. Aide-de-camp du général Ed. Colbert, en 1809, il fut nommé légionnaire après la bataille de Wagrain. Capitaine, en 1813, il entra bientôt comme chef d'escadron dans les lanciers rouges de la vieille garde. La campagne de la Belgique, en 1814, lui fournit de nouvelles occasions de se faire remarquer dans plusieurs reconnaissances difficiles, notamment à Hoogstraaten et dans la défense de Lille. A Waterloo, il eut deux chevaux tués, et fut demandé par le général Domon pour commander le 9e régiment de chasseurs à cheval qui était sans colonel. Lors de la retraite de l'armée sur Paris, il garantit avec succès la Malmaison des entreprises des partis ennemis. Il passa la Loire avec la garde impériale. Après le licenciement, il fut mis en nonactivité.

BRACKENHOFFER (N.), cet honorable citoyen, membre de la légion-d'honneur, était maire de Strasbourg lorsqu'il fut nommé, au commencement de 1815, parle

28

département du Bas-Rhin, membre de la chambre des représentans. Au mois de septembre de la même année, il fut porté, par un nouveau vœu de ses concitoyens, à celle des députés si tristement fameuse, et où la majorité, comme en 1820, opprima la minorité dans laquelle on comptait M. Brac kenhoffer. Encore membre de la chambre actuelle, il n'a point cessé de faire partie de cette minorité, mais il a cessé d'être maire de Strasbourg.

BRACQ (MARTIN-JOSEPH), licencié en droit et en théologie, na quit à Valenciennes, le 7 septembre 1743. Il était curé de Ribecourt près de Cambrai,lorsqu'il fut appelé à l'assemblée constituante, où il représenta le clergé du Cambresis. Il apporta dans ses fonctions législatives ces intentions droites,cette supériorité de raison, cette douceur et cette modestie qui ont honoré sa vie entière. Le 10 juin 1789, la chambre du clergé le nomma l'un des commissaires chargés de se concerter avec le roi, relativement à la cherté progressive des grains. Le 19 juin de la même année, il vota pour la vérification des pouvoirs en commun, et depuis ce moment il fit constamment partie de cette honorable majorité qui, par son adhésion à la cause du peuple, assura le triomphe de la liberté. M. Bracq fut toujours fidèle à ses principes religieux; mais il était trop éclairé pour croire que l'amour de la patrie et la soumis sion aux lois nouvelles, fussent inconciliables avec les devoirs de son état. Il prêta le serment prescrit aux ministres des cultes. Sans

aucune ambition, il refusa l'épiscopat, comme il avait, quelques années auparavant, refusé une cure de 18,000 francs de revenu, que le garde-des-sceaux, M. de Miroménil, voulait lui faire obtenir; et à la fin de la session de l'assemblée constituante, il reprit à Ribecourt ses humbles fonctions pastorales. Lorsqu'il ne lui fut plus possible de les exercer, l'administration municipale de Cambrai l'appela dans cette ville, pour y diriger le dépôt des monumens des arts; il devint aussi membre du jury des écoles centrales et des écoles primaires. Aussitôt que les orages de la révolution furent calmés, les habitans de Ribecourt le réclamerent pour exercer parmi eux les fonctions de juge-de-paix. Il venait d'être réélu à cette magistrature paternelle, lorsqu'il mourut le 22 décembre 1801. M. Bracq était un homme vertueux et bienfaisant. Son profond savoir pouvait l'élever à des places supérieures et l'y maintenir, mais il fuyait l'éclat et trouvait sa félicité dans l'oubli : il semblait redouter que le bien qu'il faisait ne trahit son obscurité. Véritable homme de Dieu, plutôt qu'homme d'église, il fut bon chrétien et bon citoyen.

BRADFORD (William), avocat et poète américain. La poésie ne s'est pas encore acclimatée, au milieu d'une civilisation presque nouvelle et d'un peuple commerçant. L'étude des lois y est au contraire générale, parce qu'elle tend à éclairer tous les citoyens sur leurs droits réciproques. Bradford se distingua parmi les nombreux avocats de son pays, par un grand sens, un talent rare pour la dis

cussion, une diction pure, concise, animée. Quant à ses poésies, elles sont assez élégantes, mais peu originales, ce qui pourrait étonner; car l'originalité est le caractère commun aux peuples nouveaux. Mais il faut observer que l'Amérique, luxueuse et sévère, philosophique et marchande', offre un singulier mélange de moeurs sobres, d'usages mercantiles, et présente une civilisation incomplète d'un côté, et fort avancée de l'autre. C'est une terre vierge conquise par un vieux peuple. Bradford né à Philadelphie, en septembre 1775, fut élevé au collège de Nassau-Hall à Princeton, et étudia ensuite la jurisprudence. Il embrassa vivement la cause de la patrie, devint major sous le général Roberdeau, accepta une compagnie sous le colonel Hampton, et fut nommé bientôt après député-payeur-général, avec le titre de lieutenant-colonel. Forcé par sa mauvaise santé de quitter le service, il donna sa démission, revint chez lui, acheva ses études de jurisprudence, et brilla long-temps au barreau. Quand la nouvelle constitution de Pensylvanie eut amené la reformation des cours de justice, Bradford fut nommé l'un des juges de la cour suprême. Il devint ensuite attorney-général des États-Unis, et mourut dans ce poste. Homme aimable, probe, désintéressé, plein d'honneur, il fut l'un des citoyens les plus distingués de son pays. Ses Recherches sur le degré de nécessité de la punition de mort en Pensylvanie, font honneur à son humanité autant qu'à son érudition.

BRAGANCE (DON JUAN DE), duc de Lafoëns, neveu du roi Jean V de Portugal, naquit en 1719. II fut d'abord destiné à l'état ecclésiastique, et fit des études analogues. A la veille de prendre les ordres, il témoigna une répugnance si prononcée, que le roi, son oncle, ne voulut point le contraindre, mais il ne lui dissimula pas son mécontentement. Les exercices du corps, les lettres, l'étude des langues, faisaient ses délices. La poésie nationale avait pour lui un charme particulier. Son esprit, son amabilité et les agrémens de sa figure, réunis à tous les avantages que donnent une haute naissance et une grande fortune, lui procurèrent des succès marqués dans la société. Quelques aventures galantes, en achevant d'indisposer le roi, firent sentir à don Juan qu'il devait momentanément s'éloigner de la cour. Il demanda et obtint l'autorisation de voyager. Il passa d'abord en Angleterre, où il rechercha l'amitié des savans, et fut reçu membre de la société royale des sciences. En Allemagne, il fit la guerre de sept-ans, comme volontaire dans l'armée 'autrichienne, et se distingua à la bataille de Maxen. Don Juan, retiré ensuite à Vienne, s'y concilia l'estime et l'amitié de Marie-Thérèse et de Joseph II. Dans cette ville, il se livra entièrement aux lettres et aux sciences, et bientôt reprit le cours de ses voyages, dont le désir de s'instruire était toujours l'objet. Il parcourut toute l'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la Françe, la Grèce, l'Asie-Mineure, l'Égypte, la Pologne, la Russie, la Suède, le

« PreviousContinue »