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vente des livres de Bitaubé, après sa mort, quelques manuscrits écrits par lui-même ont été donnés pour la modique somme de quinze francs.

BITAUBE (MADAME), femme du précédent, à partagé la détention de son mari. Le récit de sa captivité, que l'on trouve écrit par elle-même dans les Mémoires du temps, est un des morceaux d'histoire les plus naïfs et les plus touchans que cette époque ait laissés.

BIZANNET (N.). Simple soldat, il passa par tous les grades, et parvint à celui de général, n'ayant d'autres titres que son courage. En 1793, commandant de Monaco, il sut défendre cette place, et fut nommé général de brigade. Chargé, après le 9 thermidor, du commandement de Toulon, il se prononça avec beaucoup de force contre les révolutionnaires, conduite que la convention approuva. On perd ensuite de vue le général Bizannet jusqu'en 1813, que l'empereur le chargea de la défense de Berg-op-Zoom. Il s'y couvrit d'honneur. Dans la nuit du 8 au 9 mars 1814, les Anglais, conduits par des habitans, avaient pé nétré dans la ville par quatre points différens, et s'y étaient établis. Le courage et l'intelligence de la garnison suppléèrent au nombre. Après douze heures du combat le plus opiniâtre, tous les Anglais furent tués ou pris. Leur perte, en cette occasion, excéda 4,000 hommes. Trois généraux avaient dirigé l'attaque. Deux y périrent, le troisième fut fait prisonnier. Le nombre des hommes dont le général Bizannet avait pu dispo

ser, n'excédait pas 2,700 : il est vrai que les marins de la garde impériale en faisaient partie. En mai 1815, ce général commandait la ville de Marseille.

BIZET (N.), auteur d'ouvrages peu connus et peu dignes de l'être. Quand Chénier publia son énergique satire des Nouveaux saints, ce fut M. Bizet qui, aidé de M. René Perrin (deux des plus obscurs pygmées du Parnasse), osa tenter de réfuter, dans une brochure intitulée : les Nouveaux athées, les vers de l'illustre disciple de Voltaire. On avait déjà de M. Bizet diverses moitiés d'ouvrages, entre autres : le Tombeau, traduction d'une production posthume d'Anne Radcliffe (1799, 2 vol. in-12), de moitié avec M. L. Chaussier; Gilles tout seul, vaudeville (1799), de moitié avec M. Fulsonot; le Pacha, ou les Coups du hasard et de la fortune (1799, 2 vol. in-12), de moitié avec M. L. Chaussier; etc.

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BLACAS (LE COMTE DE), né en 1770 à Aulps en Provence, d'une famille pauvre, dont les parchemins attestent l'ancienneté et la noblesse. A l'exemple d'une foule de jeunes officiers, déplacés par la révolution, il alla servir sous les drapeaux vendéens. Contraint, par les suites de la guerre, de chercher un refuge chez l'étranger, il se dirigea vers l'Italie, où MONSIEUR, aujourd'hui roi, s'était retiré. Honoré de la confiancé du prince, il se rendit à Saint-Pétersbourg, afin d'obtenir de l'empereur un asile pour la famille royale. Mais en 1800, Paul I" fit signifier aux Bourbons de quitter ses états. Ce fut à cette époque

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que M. de Blacas suivit MONSIEUR à Londres. Après la mort de M. le comte d'Avaray, il le remplaça dans les fonctions de ministre. En 1814, le roi le nomma ministre de sa maison, secrétaire-d'état, et peu de temps après grand-maître de la garderobe et intendant-général des bâ timens de la couronne. M. de Blacas jouissait alors de la confiance intime, entière et exclusive du roi, et, pendant cette année, il avait en France toute l'importance d'un premier ministre. Au retour de Napoléon, M. de Blacas suivit le roi à Gand. A la rentrée de S. M., il fut créé pair de France, et envoyé en ambas sade extraordinaire à Naples. On lui attribue la négociation du mariage de M. le duc de Berri avec la princesse Caroline de Naples. Nommé ensuite à l'ambassade de Rome, il remplaça M. de Pressi gny, évêque de Saint-Malo, et eut, dit-on, tout l'honneur du fameux concordat de 1815. M. de Blacas a assisté d'une manière invisible au congrès de Laybach,

en 1821.

BLACK (JOSEPH), célèbre chimiste anglais. Fourcroy le surnomma le Nestor de la Révolution chimique. Black, aveuglé par les préventions nationales, ne rendit pas aux savans français la justice que ceux-ci lui rendaient. I garda un silence dédaigneux sur le compte de plusieurs chimistes du plus grand mérite qui étaient nés dans un pays ennemi du sien, et s'opposa avec une violence insensée à l'introduction de plusieurs théories nouvelles, par cela seul qu'elles venaient de l'autre bord

de la mer. Froid, réservé, et d'un caractère peu facile, il ne fut pas toujours exempt de dispositions envieuses et jalouses; mais après avoir signalé les faiblesses de l'homme, on doit louer le mérite du savant. Les découvertes de Black ont été très-utiles à la science; c'est à lui qu'appartient la théorie de la formation du fluide aériforme, connu sous le nom d'air fixe (gaz acide carbonique), et cette autre doctrine de la chaleur latente, qui ont préparé la révolution opérée par Lavoisier, Priestley, et plusieurs autres chimistes modernes. Les premières notions que nous ayons eues sur les carbonates sont dues à Black. Il fut excellent professeur, et sut tenir une place très-distinguée parmi les propagateurs de la véritable chimie. Ayant succédé à Cullen, médecin célèbre, son maître, il rendit ses leçons plus populaires. Né à Bordeaux, en 1728, de parens écossais, Black alla très, jeune en Écosse, où il étudia sous Cullen. Reçu docteur en médeci, ne à Édimbourg, en 1754, il prononça à cette occasion une dissertation excellente, de Humore acido à cibis orto, et de Magnesiâ albá (de l'humeur acide qui provient des alimens, et de la magnésie blanche). C'est en approfondissant le même sujet qu'il démontra, quelque temps après, l'existence de l'air fixe. Nommé, en 1756, professeur de l'école de médecine à Glascow, et, en 1765, professeur de chimie à Edimbourg, il fut membre des sociétés philosophiques de Londres et d'Edimbourg : dans le recueil intitulé Transactions, on trouve

plusieurs Mémoires de lui, entre autres, Mémoire sur l'effet de l'Ebullition, qui dispose l'eau à se congeler plus promptement, et une Analyse de quelques sources chaudes en Islande; il fut aussi, sur la demande de Lavoisier, l'un des huit membres étrangers de l'académie des sciences de Paris. Black mourut en 1799, à 71 ans. En 1803, on publia ses Leçons de chimie, qui n'étaient déjà plus au niveau de la science, et que précède une Notice sur sa vie, très-exacte et très-bien faite, par le docteur Robinson.

BLACKLOCK (THOMAS), poè te, naquit en Écosse dans le bourg d'Annan, comté de Dumfries. Blacklock fut privé, par la petite vérole, de l'usage de la vue, six mois après sa naissance. I dut son éducation à l'amour paternel et à l'amitié de quelques enfans, que sa douceur et sa malheureuse situation avaient attachés à lui. Son père, qui était maçon, lui lisait chaque jour des passages de différens poètes anglais. Ses jeunes camarades, à mesure qu'ils apprenaient le latin, venaient lui communiquer les leçons qu'ils a vaient reçues, et Blacklock écoutait avecavidité ces lectures, dont il profitait insensiblement. Bientôt il essaya lui-même de faire des vers; et à 12 ans, l'enfant avengle était poète. Il exprima, dans une pièce de vers très-touchante, la douleur qu'il ressentit de la perte de son père et de l'isolement dans lequel il allait se trouver, étant à peine âgé de 19 ans. Un savant médecin d'Édimbourg, nommé Stephenson, eut compas

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sion du poète, l'emmena avec lui dans la capitale de l'Écosse, le fit entrer à l'université d'Édimbourg, et lui procura des relations avec plusieurs personnes distinguées, entre autres David Hume. En 1745, Blacklock publia un recueil de poésies, où l'on remarqua de la sensibilité, de la facilité et de l'élégance. Passionné pour la musique, un vers qui n'était point harmonieux était pour lui comme un son faux. Il soutint même, dans une dissertation imprimée, que la musique était la première langue dont les hommes avaient fait usage. L'extrême susceptibili. té qu'il montrait à l'égard des vers et de la musique, qui est le partage de toute personne bien organisée, ne le rendit cependant pas extrêmement sévère pour lui-même, car ses poésies manquent de correction. Souvent il les improvisait, et alors les personnes qui écrivaient sous sa dictée avaient de la peine à le suivre. La poésie était pour lui un délassement, et ne l'empêcha pas d'exercer de la manière la plus honorable et jusqu'à la fin de sa vie le ministère évangélique. Il tint aussi pendant quelque temps une espèce de pen. sionnat à Édimbourg, où il mourut en 1791, à 70 ans. Ses poëmes, qui resteront au nombre des bons ouvrages, ont été réimprimés trois fois : la dernière édition (Londres, 1756) est précédée d'une notice curieuse sur la vie de l'auteur, par M. Spence, notice qu'une biographie a copiée dans ses détails les moins importans. Parmi quelques ouvrages de Blacklock, assez peu remarquables, nous citerons seulement la

Ballade heroique, intitulée Graham, où Valter Scott a pu trouver l'exemple du genre qu'il a adopté; quelques livres ascétiques, et des Remarques sur la nature et l'étendue de la liberté. Dans cet ouvrage, Blacklock n'exprime pas des idées bien justes sur cette liberté, que son infirmité lui permettait de méconnaître. Privé de la vue, cet infortuné dépendait de tout le monde, et la dépendance exclut la liberté.

BLACKWELL (BARTHÉLEMY), l'un des chefs du parti insurrectionnel, dit des Irlandais-unis, qui depuis quelques années a constamment, mais sans succès, tenté de reconquérir l'indépendance irlandaise. Blackwell est regardé par quelques-uns de ses compatriotes comme le vil instrument d'une puissance étrangère, et par d'autres, comme la noble victime de son dévouement à cette contrée, où il a reçu la naissance, et que sa situation semble condamner à une éternelle dépendance. Né en Irlande, il vint fort jeune en France, et fut pourvu d'une bourse, fondée par sa famille à l'université de Paris; maître de ses actions, il se fit naturaliser français. En 1786, il était souslieutenant de cavalerie; au commencement de la révolution, il servait comme capitaine dans les hussards-braconniers. Étant passé dans le 21 régiment de chasseurs à cheval, il devint chef d'escadron. En juillet 1798, le ministère de la marine l'envoya à Dunkerque, où il s'embarqua pour une expédition secrète. Le mauvais temps jeta son vaisseau sur les côtes de Norwègc, six semai

me

nes après le départ. Blackwell se rendit à Hambourg, et fut arrêté dans cette ville sur la demande de l'agent anglais; ce qui prouverait que l'entreprise, les moyens et le but, étaient connus du gou. vernement britannique. Pendant une année entière il resta dans les

cachots de Hambourg; conduit en Angleterre, il fut mis en jugement comme traître à S. M. Britannique, dont il était né le sujet. Le gouvernement français intervint, fit valoir la naturalisation de Blackwell, réclama vivement, et lui sauva la vie, mais sans pouvoir faire cesser sa captivité. Ce fut long-temps après que Blackwell rentra en France, où il vit aujourd'hui d'une pension du gou. vernement. Le Martyrologe de la politique serait un triste et honteux ouvrage.

BLAD (CLAUDE - ANTOINE-AUGUSTE), était employé dans l'administration de la marine à Brest, quand il fut nommé député à la convention. Il y vota la mort du roi avec sursis, jusqu'au moment où tous les princes de la famille royale auraient évacué le territoire de la république. Il était compté parmi les fédéralistes, et le fut ensuite parmi les soixantetreize députés qui protestèrent contre les journées des 31 mai, 1 et 2 juin. Il fut incarcéré pendant quatorze mois avec ses collègues, et après le 9 thermidor, il revint siéger à l'assemblée, où il appuya l'adresse des habitans de Brest, relative aux crimes de Verteuil, ex-accusateur public du tribunal révolutionnaire. Membre du comité de salut public le 3 juin, il eut le malheur de parta

ger la mission de Tallien dans l'Ouest. Le 15 vendémiaire an 5, M. Blad passa au conseil des cinq cents, et s'y fit remarquer par les plus honorables opinions contre l'arbitraire du gouvernement directorial. En 1798, M. Blad est rentré dans la vie privée.

BLAGDON (N.), un de ceux qui exploitent aujourd'hui avec le plus de succès la littérature anglaise, non par amour pour les lettres, mais comme une branche lucrative de commerce. M. Blagdon ne manque pas de talent pour la critique; il écrit avec facilité, mais il écrit trop. Toutes les circonstances, n'eussent-elles qu'un intérêt fugitif, font éclore une production de M. Blagdon. Que Nelson meure, ou que sa Grâce le duc de Wellington parte ou revienne, M. Bladgon écrit. Cepen. dant un des ouvrages les plus utiles qu'il ait publiés, a pour titre: Les Fleurs de la littérature. Il paraît tous les ans, et contient une revue exacte et bien faite, quelques extraits bien choisis, et une critique spirituelle des productions de l'année; cette espèce d'Annuaire de la littérature et des théâtres manque à la littéra ture française. Il nous est impossible de donner la liste des ouvrages dont M. Blagdon est auteur ou éditeur; elle serait trop longue, et ne présenterait qu'un intérêt purement bibliographique.

BLAIR (HUGUES), né à Édimbourg le 7 avril 1718. Prédicateur et célèbre critique, il a été Rommé le La Harpe de l'Angleterre; mais la justesse de ce surnom pourrait être contestée. On

dirait plus justement qu'il est le Massillon de l'Écosse, car ce pays lui doit la restauration de l'éloquence de la chaire. Critique, il s'est moins occupé d'apprécier les productions littéraires d'après les règles établies, que de pénétrer par une investigation métaphysique les sources des jouissances de l'esprit. Sous ce rapport; il se rapprocherait plutôt de Marmontel que de La Harpe; mais s'il fallait lui assigner un rang comme auteur d'un Cours de littérature, ce devrait être parmi les philosophes qui on: cherché à reconnaître les sources de l'intelligence humaine, parmi les Condillac, les Locke et les Mallebranche. Prédicateur, ce n'est qu'en France que Blair a trouvé des maîtres ou des rivaux. Son premier essai littéraire fut comme celui de Burke, un Traité du beau. Cet ouvrage d'un jeune maître ès-arts à l'université d'Édimbourg, fixa l'attention de ses professeurs et de ses condisciples. C'était alors une des plus savantes universités de l'Europe. Maclaurin, ami de Newton, y enseignait la physique et la géométrie transcendante. On y étudiait avec un zèle qui tenait de la passion, la médecine, l'astronomie, les lettres, la philosophie. Les brillans exemples de Thompson, Arbuthnot, Hume, etc., enflammaient cette jeunesse studieuse. Blair, distingué parmi ses rivaux, se livre avec enthousiasme à l'étude et à la pratique de l'éloquence de la chaire. Il avait à vaincre les plus grands obstacles, les préjugés, la superstition, l'habitude. Les prédicateurs écossais, toujours acteurs dans les

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