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ces du roi de Sardaigne. Il est né à Castellamonte, province d'Ivrée. Ses talens administratifs et ses connaissances dans la jurisprudence le firent bientôt remarquer; il n'avait que 20 ans lorsqu'il publia un Traité d'économie politique, qui lui fit beaucoup d'honneur. Admis, en 1785, au sénat de Chambéry, il fut, peu de temps après, nommé par son souverain intendant-général de la Sardaigne. I exerça ensuite la même charge en Savoie, où il se trouvait encore, lorsqu'en 1792 ce pays passa sous la domination française. Alors M. Botton retourna à Turin, et y fut nommé contador, c'est-à-dire, intendant-général de la solde; mais bientôt, lorsque le roi de Sardaigne se retira dans cette île, il devint membre du gouvernement provisoire du Piémont. Après la réunion de ce pays à la France, l'empereur nomma M. Botton premier président de la cour d'appel, et le 7 mai 1806, conseiller à la cour de cassation, comte de l'empire, et commandant de la légion-d'honneur. M. Botton s'étant fait naturaliser français, a conservé ses titres et ses emplois.

BOUBERS (ALEXANDRE-FRANÇOIS-JOSEPH DE), général de brigade, officier de la légion-d'honneur, est né à Lihons, en Picardie, département de la Somme, le 5 janvier 1744. Ses parens, qui le destinaient à l'état militaire, lui firent donner une éducation soignée. En 1757 et 1758, il servit sur la frégate-corsaire, le maréchal de Belle-Ile, que commandait le brave Thurot; il n'avait alors que 13 ans, et n'en signala

pas moins son courage dans plusieurs combats. Cependant il quitta bientôt ce service pour celui de l'artillerie, et entra, le 31 juillet 1760, à l'école de La Fère. Recu élève, en février 1763, il s'éleva rapidement au grade de capitaine. En janvier 1775, des troupes furent envoyées à la Guadeloupe; M. de Boubers en fit partie. Il resta deux ans dans cette île, et revint en France au mois de janvier 1777. Se trouvant à Auxonne, en août 1789, il fut chargé, avec 50 hommes, officiers, sergens ou caporaux, de faire rentrer dans le devoir les canonniers du 1" régiment d'artillerie, qui prétendaient qu'on leur délivrât une masse déposée chez le colonel, dans la caisse du régiment. Ce fut vainement que la municipalité seconda le détachement; les canonniers ne voulurent rien entendre, et résistèrent à main armée. M. de Boubers courut alors les plus grands dangers, et ne dut son salut qu'à deux sergens-majors, qui parvinrent à le soustraire à la fureur des révoltés. Recueilli par un officier municipal, il ne sortit de sa maison, qui lui servait d'asile, qu'à dix heures du soir pour se rendre à Dijon. Cette affaire valut à M. de Boubers une place dans la fonderie de canons de la ville de Douai, où il s'était marié en 1787. L'estime de ses concitoyens le porta aux fonctions d'of ficier municipal. En 1791, la patrie étant menacée, il rejoignit ses frères d'armes à Rocroy. Au mois de mai 1792, il obtint le grade de lieutenant-colonel. Après avoir servi à l'armée commandée par le général La Fayette, il pas

sa sous les ordres de Dumouriez, et se distingua à la bataille de Jemmapes, aux combats en avant de Liége, au bombardement de Maestricht, et à la bataille de Nerwinde, où Dumouriez battu crut échapper à la honte, en abandonnant l'armée qu'il commandait pour passer à l'ennemi. Le général transfuge, en livrant aux Autrichiens les commissaires de la convention et le ministre de la guerre Beurnonville, avait aussi l'intention de leur livrer son parc d'artillerie. M. de Boubers, qui avait prévu ce projet, fut un de ceux qui en empêchèrent l'exécution, en faisant prendre aux canons et aux caissons la route de Valenciennes, au lieu de leur faire repasser la Scarpe. Dans les mémoi res que publia, en 1794, le général qui, avant de quitter son armée, avait tenté en vain de la faire marcher sur Paris, tous les of ficiers qu'il n'avait pu séduire étaient accusés d'avoir contrarié ses opérations; cette accusation, qui pesait fortement sur M. de Boubers, est ce qui honore le plus ce brave militaire. Il fut nommé, le 5 août 1793, colonel d'artillerie, et fit, en cette qualité, les campagnes de l'an 2 et de l'an 3, aux armées du Nord et des Ardennes. En l'an 2, toute l'artillerie de l'armée fut sous ses ordres; et pour le récompenser des services qu'il rendit dans différens combats, et notamment à Fleurus, on le nomma général de brigade. Admis à la retraite par décision du 29 brumaire an 5, M. de Boubers se retira dans son département; le souvenir de ce qu'il avait fait pour son pays lui conci

lia l'estime et la reconnaissance de ses concitoyens. Il fut, en l'an 6, électeur, et devint président du canton où il résidait. En l'an 8, il fut nommé commandant d'armes par le premier consul. En l'an 12, on lui accorda sa solde de retraite. Plus tard, l'empereur le nomma officier de la légion-d'hon

neur.

BOUCHARD (HENRI), membre du corps - législatif, est né vers 1761. D'abord docteur en droit, puis avocat à Dijon, il devint, au commencement de la révolution, membre du conseil municipal et procureur de la commune. Conseiller de préfecture du département de la Côte-d'Or, en 1811, puis procureur-général près la cour de Poitiers, il fut élu député au corps-législatif, où il resta inaperçu. En 1814, il adhéra à la déchéance de l'empereur. Depuis cette époque, M. Bouchard parut souvent à la tribune. Il prononça un discours pour faire adopter l'ordonnance du directeur-général de la police, M. Beugnot, sur la célébration des fêtes et dimanches; il combattit les amendemens proposés en faveur de la liberté de la presse, appuya fortement le projet de loi portant restitution des biens non vendus aux émigrés, soutint également le projet sur les douanes et la taxe du sel; enfin il se signala dans la défense du projet d'une nouvelle organisation de la cour de cassation, en prétendant que ce tribunal avait été institué, non dans l'intérêt des particuliers, mais bien dans celui du gouvernement. Quoique excellent ministériel, M. Bouchard n'a point été réélu. Il est

toujours procureur- général près la cour royale de Poitiers.

BOUCHARLAT (JEAN-LOUIS), né à Lyon, mathématicien et poète, membre d'un grand nombre de sociétés savantes et littéraires de Paris et des départemens. Après avoir terminé ses études, il vint à Paris, et fut admis à l'école Polytechnique comme élève. Il exerçait depuis trois ans la place de répétiteur adjoint à cette école, lorsqu'il fut nommé, par le ministre de la guerre, professeur à l'école militaire de La Flèche. Le même ministre le choisit pour faire le cours de mathématiques transcendantes des élèves de l'une des deux divisions d'artillerie annexées à cette école. Là on vit avec étonnement ces élèves marcher de près sur les traces de ceux de l'école Polytechnique, et acquérir, en peu de temps, les connaissances exigées par un programme peu différent de celui de cette célèbre école. C'est d'après ce programme que M. Boucharlat, par les ordres du major d'artillerie, directeur des études, avait composé les feuilles d'analyse qui furent suivies dans les deux divisions. A cette époque, M. Boucharlat reçut des marques honorables d'estime de la part de plusieurs personnages importans, et notamment du prince-primat une lettre flatteuse et une médaille d'or portant l'effigie de ce souverain. L'école d'artillerie ayant été supprimée par suite des événemens qui amenèrent la restauration, M. Boucharlat se trouva sans emploi, et se livra exclusivement à l'étude des sciences et des lettres. Neveu du savant Pa

ganuccy et parent du poète Lemierre, il prouva, pardes poésies insérées dans l'amanach des Muses, telles que l'Épisode du géant Adamastor, traduit du Camoens; la Mort de Pline, la Mort de Cicéron, et par plusieurs poëmes, dont le principal est la Mort d'Abel (1 vol. in-18, avec gravures, deuxième édition, 1820), traduit de l'allemand de Gessner, que l'agréable talent du poète peut s'allier avec succès à la science toute positive du mathématicien. M. Boucharlat avait débuté dans la carrière des mathématiques par des remarques sur l'algèbre, contenant plusieurs démonstrations nouvelles, et des éclaircissemens sur les points difficultueux de cette science. Ce premier essai fut suivi de la théorie des courbes et des surfaces du second ordre. Le célèbre Lagrange accorda un témoignage particulier d'estime à cet ouvrage, en acceptant la dédicace que l'auteur lui en fit. C'est un traité complet d'application d'algèbre à la géométrie, où l'analyse est subordonnée au raisonnement. M. Boucharlat a encore publié des élémens de calcul différentiel et de calcul intégral, et des élémens de mécanique, ouvrage où il a rassemblé dans un cadre peu étendu tout ce qu'il y a de plus important dans le calcul infinitésimal, inclusivement jusqu'aux équations différentielles partielles. En général les ouvrages de M. Boucharlat sont faciles à comprendre, par le soin que l'auteur prend de ne supprimer aucune idée intermédiaire, et de développer toutes les opérations. M. Boucharlat et M. Theveneau

(les lettres viennent de perdre récemment ce dernier, voyez THEVENEAU), ont réconcilié les mathématiques et les muses. Un mathématicien du siècle de Louis XIV, après une lecture d'une tragédie de Racine, s'écriait: Qu'est-ce que cela prouve? Ceux-ci du sièele de Bonaparte, plus heureux et non moins habiles, ont su mêler les inspirations d'une lyre har monieuse aux silencieuses opérations du compas, et être à la fois d'excellens mathématiciens et de bons poètes.

et

BOUCHAUD (MATHIEU-ANTOI NE), savant jurisconsulte et littérateur distingué, naquit à Paris le 16 avril 1719, d'une famille noble, originaire de Provence. Du côté de sa mère, il était arrièreneveu du célèbre Gassendi, s'honorait beaucoup de cette alliance. Son père, avocat aux conseils, n'avait rien négligé pour son éducation; mais il mourut avant qu'elle fût achevée, et le jeu ne Bouchaud resta sans guide, à l'époque de la vie où l'homme est exposé à tant d'écueils. Quoiqu'il n'eût alors que 16 ans, comme il était avide de s'instruire, cet heureux penchant le préserva de tous les dangers où la jeunesse est entraînée, et de l'ennui de l'isolement. Il se livra avec ardeur à l'étude de la jurisprudence, et fut reçu, en 1747, docteur agrégé à la faculté de droit. Mais c'est à cette époque qu'une réunion de savans conçut le vaste projet de l'Encyclopédie, et Bouchaud fut associé à cette entreprise par d'Alembert, son ami de collége. Chargé des articles qui ont rapport à la jurisprudence civile et canoni

il

que, il composa les suivans: Concile, Décret de Gratien, Décrétales et Fausses Décrétales. Ce travail, qui lui fit honneur, lui attira des persécutions. Les auteurs de l'Encyclopédie étaient des philosophes et des hommes de mérite. A ce double titre, ils avaient de nombreux ennemis. Bouchaud désirait obtenir le diplôme de docteur en droit; ses liaisons le lui firent refuser : il é– tait d'ailleurs considéré comme un novateur très-dangereux, car il figurait parmi les enthousiastes de la musique italienne, nouvellement introduite en France. Bouchaud du reste n'était point ennemi de la musique rivale; et dans la longue et ridicule querelle qui éclata à cette occasion, ne prit aucun parti, ne partagea aucune fureur, et n'eut que le tort, si toutefois c'en est un, d'épouser une cantatrice distinguée du théâtre italien. Un second mariage, plus conforme à son état et au rang qu'il occupait dans la société, et qu'il contracta vingt ans après, en 1772, rendit sa vieillesse heureuse. Victime des préventions des docteurs ses confrères, il avait cherché dans le culte des muses de nobles distractions à ses chagrins et à ses travaux ordinaires. Il mit au jour sa traduction de plusieurs drames italiens du célèbre Apostolo-Zeno, et le roman anglais de Mae Brooke, intitulé: Histoire de Julie Mandeville. Il produisit bientôt des ouvrages conformes aux études qu'il avait faites, tels qu'un Essai historique sur la poésie rhythmique, réimprimé sous le titre d'Antiquités poétiques, et un Traité de l'im

pôt du vingtième sur les successions, et de l'impôt sur les marchandises chez les Romains, 1763 et 1766, in-8°. Ces ouvrages, dédiés à l'académie des inscriptions, le firent admettre au nombre de ses membres, en 1766. Après quinze ans de sollicitations, il obtint enfin cette chaire de droit, objet de ses désirs si constans et si louables à la fois. Bouchaud se trouvait ainsi le sixième professeur en droit de sa famille du côté maternel. En 1774, une chaire du droit de la nature et des gens ayant été créée au collège de France, le roi y nomma Bouchaud. La double tâche qu'il avait à remplir ne l'effraya pas, et bientôt il publia un Mémoire sur les sociétés que formèrent les publicains pour la levée des impôts chez les Romains. Dans plusieurs autres ouvrages, qu'il fut en partie à l'académie des inscriptions, il entreprit d'éclaircir quelques anciennes lois romaines, et surtout les édits des prêteurs, l'une des principales bases de la jurisprudence du peuple romain. Les auteurs d'une grave Biographie, convaincus sans doute que ce genre de recueils ne vit que d'anecdotes, même lorsqu'elles ne sont pas toujours avouées par le bon goût ou le bon ton, rapportent celle dont nous allons rendre fidèlement les expressions: «Bouchaud prononçait les avec peine; il omettait presque tou»jours celui qui se trouve dans » le mot préteur, et cette mauvai» se prononciation égayait quelquefois une matière qui n'en é»tait guère susceptible.» En 1777, Bouchaud fit paraître un ouvrage important sous le titre de Théo

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rie des traités entre les nations. Il y démontre les moyens de rendre les peuples heureux par la réciprocité des avantages justement répartis. En 1784, il publia les Recherches historiques sur la police des Romains, concernant les grands chemins, les rues et les marchés. Son Commentaire sur les lois des douze Tables. qui a-vait paru en 1767, fut, en 1803, réimprimé aux frais du gouvernement, avec des additions et des changemens importans. Il mourut à Paris le 1 février 1804.

BOUCHE (CHARLES-FRANÇOIS), Provençal, d'une famille dont presque tous les membres distingués ont travaillé à l'histoire de Provence. Bouche'y a travaillé lui-même et à laissé de bons ouvrages sur quelques points des Annales de son pays. Mais sa réputation politique l'a emporté sur sa réputation littéraire. Avocat au parlement d'Aix, il adopta les principes de la révolution, fut député par le tiers-état aux étatsgénéraux, et se montra, dans les premiers orages de 1789, tout à la fois ami ardent de la liberté et de la monarchie, et ennemi prononcé de l'intolérance. Les premières motions sur la liberté des cultes et sur la liberté des nègres, développèrent son éloquence et la noblesse de son âme. Chargé ensuite des affaires d'Avignon, si difficiles à traiter, il demanda vivement la réunion du Comtat avec la France. Les ennemis de cette réunion oubliant le caractère connu de cet honorable citoyen, ou plutôt se livrant sans réflexion à leur haine contre lui, l'accusèrent, mais sans preuves, d'a

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