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pecteur-général de gendarmerie. Il est parent du précédent.

BONNE-SAVARDIN (LE CHEVALIER DE), officier sarde, se trouvant en France à l'époque de la révolution, s'en montra on ne sait trop pourquoi l'un des antagonistes les plus prononcés. Il s'était fait, en 1790, l'agent d'une corres pondance contenant un plan de contre-révolution communiqué à la cour de Turin par le comte de Maillebois. Dénoncé pour ce fait au comité des recherches de l'assemblée constituante, par le secrétaire particulier du comte, le 24 mars de cette année, le comité ordonna l'arrestation du chevalier de Bonne-Savardin, qui, en étant averti, se tint caché pendant quelque temps chez l'ambassadeur de Sardaigne. Lorsqu'il crut que l'on ne songeait plus à lui il essaya de se rendre en Piémont, prit maladroitement la route de Savoie, et fut arrêté au moment où il allait passer la frontière. On trouva dans sa voiture beaucoup de papiers de nature à le compromettre, et dont il n'avait pu se charger sans une extrême imprudence. La plus importante de ces pièces, écrite entièrement de sa main, contenait une conversation, qu'avant son départ il avait eue avec le comte de Saint-Priest. Envoyé à l'Abbaye par un décret de l'assemblée nationale, une main, puissante encore, lui fournit bientôt les moyens de s'évader et de se joindre à l'abbé de Barmond, qui, se disposant à quitter la France, venait de donner sa démission de député. Le chevalier Bonne-Savardin, l'abbé de Barmond et un certain M. Eggs, par

tirent secrètement; mais ils furent arrêtés, le 29 juillet 1790, à Châlons-sur-Marne. Atteint par un nouveau décret de prise de corps, le chevalier Bonne-Savardin fut ramené à Paris, décrété d'accusation, et conduit, dans le mois de mars 1791, à Orléans, pour y être jugé par la haute-cour nationale. Les preuves de sa culpabilité, qui d'abord avaient paru claires, furent reconnues insuffisantes par ce tribunal. Il fut acquité, et eut la liberté de sortir de France : il est mort en pays étranger.

BONNESOEUR-BOURGINIERES (SIMEON-Jacques - Henri), était avocat à Coutances avant la révolution. Après avoir rempli diverses fonctions administratives, il fut nommé, par le département de la Manche, député à la convention nationale. Dans le procès de Louis XVI, il fut constamment de la minorité qui vota d'une manière favorable au roi sur les questions de l'appel au peuple, de la peine et du sursis. Après la session de la convention, il devint membre du conseil des anciens. Il y approuva la résolution relative aux juges de paix non élus, et l'exclusion de Job Aymé des fonctions législatives. Il fut secrétaire le 20 février 1796. Sorti du conseil au mois de mai 1797, il fut envoyé dans son département comme commissaire du directoireexécutif. Après la révolution du 18 brumaire an 8, le gouvernement consulaire le nomma président du tribunal de Mortain. Lors du débarquement de Napoléon, au mois de mars 1815, M.. Bonnesœur, qui occupait encore.

cette place, fut élu deux mois après membre de la chambre des représentans. Contraint, par la loi d'amnistie du 12 janvier 1816, de quitter la France, il voulut se retirer en Angleterre; mais il fut arrêté à son arrivée à Portsmouth. Ce ne fut qu'après quelque temps qu'on lui délivra des passe-ports pour Anvers. Il a été rappelé en 1818.

BONNET (CHARLES), naquit à Genève en 1720, d'une famille que nous aimons à proclamer noble, car elle a donné plusieurs bons citoyens à la patrie. Destiné à la jurisprudence, il eut d'abord quelque peine à suivre avec application l'étude des formalités sans nombre qui rendent difficile à acquérir la parfaite connaissance des fois. Une imagination vive, un désir vague de tout connaître, furent pris pour de la légèreté et de la paresse. Le génie, qui se développe tout à coup, donne lieu rarement à ce qu'on le devine. Ce fut le hasard qui vint révéler à Bonnet l'existence du sien un jour, en lisant le Spectacle de la Nature de Pluche, l'industrie égoïste de cet animal qui creuse son entonnoir dans le sable pour y attraper les autres insectes, et qui ressemble à tant d'hommes, frappa vivement l'imagination du jeune étudiant en droit. Il ne rêva plus qu'au formica-leo, il ne songea plus qu'aux moyens de se procurer le formica-leo. Dans ses courses fréquentes à travers la campagne, le formica-leo fut longtemps l'objet de ses recherches. Avant de le découvrir, il recueillit quantité d'autres insectes, les

classa, les examina, se procura un Réaumur, et devint naturaliste sans s'en apercevoir. Il avait 16 ans il se livra sans réserve au penchant qui l'entraînait. A 18, il se mit en relations directes avec Réaumur; à 20,* une découverte importante le fit inscrire parmi les correspondans de l'académie des sciences. Cette première découverte fait époque dans l'histoire des sciences naturelles. Un des plus singuliers et des plus imperceptibles phénomènes de la nature, fut révélé à un jeune homme. On ne se doutait pas encore qu'il y eût au monde des êtres féconds par eux-mêmes, capables d'enfanter sans accouplement. Bonnet, à force de patience, de sagacité, de précautions, vit neuf générations de pucerons se succéder sans mâle, et apprit au monde savant cette mer veille inouïe. Appliquant ensuite à toutes les expériences, qui occupèrent tour à tour les physiciens du temps, ses observations et son infatigable patience, il sembla destiné à développer une foule d'idées qui n'étaient qu'en gêrme, et à terminer plus d'une ébauche. Témoins ses expériences sur la section du polype, sur les salamandres et les limaçons (Traité d'Insectologie, 2 vol. in8°, Paris, 1745); sur les feuilles des arbres (Traité de l'usage des Feuilles, Gottingue et Leyde, 1754, in-4°), etc., etc. Abraham Trembley, Calandrini, et quelques autres, lui avaient frayé la route; il la parcourut en maître. On le vit toujours poursuivre les merveilles de la nature jusque dans ses moindres sujets. Douze

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ans de travaux furent consacrés à l'étude des feuilles des arbres, avant qu'il mît la main à son ouvrage sur cette matière; aussi, de l'aveu des physiologistes, des physiciens et des naturalistes, est-ce l'un des plus beaux et des plus utiles monumens élevés aux sciences. Tant de recherches, l'usage continuel de la loupe et du microscope, une si minutieuse exactitude d'observations, affaiblirent sa vue, et changèrent la direction de son esprit. Il quittą l'investigation détaillée, lente, patiente, pour les classifications métaphysiques et les spéculations hypothétiques, en un mot la route de Réaumur pour celle de Platon. Le premier fruit de cette seconde époque de sa vie est remarquable, parce qu'il semble établir un point de communication entre l'esprit d'observation et l'esprit de système qui le dominèrent tour à tour. Dans ses Considérations sur les corps organisés (Amsterdam, 1762 à 1768, 2 vol. in-8°), il cherche à prouver la préexistence des germes: c'est déjà une théorie, mais seulement une théorie partielle. Dans sa Contemplation de la Nature, qui parut ensuite (Amsterdam, 1764 à 1765, 2 vol. in-8°), il considère tout le système du monde comme une grande ligne, comme une échelle immense où tout est lié, où il n'y a point de saut, comme dit Leibnitz. Il développe cette théorie avec un talent enchanteur, et commençant par décrire les espèces les plus simples, il remonte successivement aux minéraux, aux plantes, aux zoophytes, auxinsectes, aux poissons,

aux oiseaux, aux quadrupèdes, à l'homme enfin, dont l'âme est le chaînon qui rattache les existences de ce monde à la Divinité. Son Essai de Psychologie (Londres, 1754, in-12), et son Essai sur les facultés de l'âme, offrent le contraste extraordinaire d'un esprit rigoureux, et d'une âme qui a besoin de croire. Entraîné invinciblement vers les idées religieuses par la trempe même de son génie, il n'est pas moins porté à l'analyse sévère par les habitudes de son intelligence. Il n'a trouvé, dans une longue étude de l'histoire naturelle, que des sujets qui le ramenaient sans cesse à la religion; et dans ses méditations métaphysiques, il n'a cherché que de nouveaux motifs pour être toujours plus religieux. Un homme distingué, M. Garat, dans ses Lecons à l'école normale, a cru voir un combat et une contradiction dans cette double tendance, à spiritualiser la science des objets les plus matériels, et à ramener les plus hautes abstractions à des explications palpables. Dans les derniers et dans les plus mystiques ouvrages de Bonnet, la Palingénésie philosophique (Genève, 1769 à 1770, 2 vol. in-8°), enfin dans ses Recherches philosophiques sur les preuves du Christianisme (Genève, 1771, in-8°), on retrouve encore ce besoin de fonder sur les phénomènes organiques l'explication des phénomènes de la sensibilité, et d'embrasser toute la nature dans un système précis, quoique exalté, intelligible, quoique dívin. La vie de ce savant fut heureuse et paisible, et se passa, dans les derniè

res années, dans une petite maison de campagne, au milieu de sa famille et de quelques disciples qui avaient pour son mérite et ses vertus une profonde vénération. Il mourut le 20 mai 1793, dans sa 73TMe année. Quoiqu'il fût marié, il ne laissa point d'enfans. Wahl lui a consacré un genre de plantes sous le nom de Bonnetia. MM. de Pouilly et Jean Trembley ont fait son éloge; et son neveu, le célèbre de Saussure, prononça son oraison funèbre, dans la cérémonie solennelle dont la ville de Genève honora sa mémoire.

BONNET (LE COMTE), lieutenant-général, entra au service comme simple soldat avant la révolution, et parvint en peu de temps aux grades de capitaine et d'adjudant – général. Des actions d'une grande bravoure le firent nommer général de brigade, le 27 avril 1794. Il fit, en cette qualité, les campagnes de 1794 et 1795 à l'armée de Şambre-etMeuse, commandée par le général Jourdan, et fut élevé, le 27 août 1802, au grade de général de division. En 1808, il partit pour l'Espagne, et s'acquit une haute réputation dans les provinces du nord de ce royaume : dans la Galice, où il défit, dans le mois de novembre 1809, les généraux Ballesteros et Marquesito; dans la Biscaye, où il battit et dispersa les insurgés au pied des montagnes de Villa-Franca, le 14 juillet 1811; et dans les Asturies, que, par des succès constans et multipliés, il parvint à réduire entièrement. Pendant la retraite que l'armée de Portugal, commandée par

le maréchal Marmont, exécutait sur le Duero, le général Bonnet, après avoir donné des preuves du plus grand courage et du plus grand sang-froid, fut blessé, le 23 juillet 1812, à l'affaire de Penaranda. Au commencement de 1813, il passa à l'armée d'Allemagne, fut nommé grand'croix de la Réunion, et ajouta, par cette campagne, un nouvel éclat à la réputation qu'il s'était acquise en Espagne. A Lutzen il soutint, sans en être ébranlé, différentes charges de cavalerie; et à Bautzen, il se distingua pareillement, les 8 et 10 septembre, sur les hauteurs de Dohna et dans la plaine de Toeplits; il se battit, avec la plus grande valeur, contre des forces supérieures, et enfin il se retira en bon ordre, lorsqu'il vit qu'il lui était impossible de résister aux ennemis, dont le nombre augmentait d'heure en heure. Après l'abdication de l'empereur, il fut fait chevalier de Saint-Louis. Pendant les cent jours, il eut le commandement de la place de Dunkerque, position qui alors pouvait devenir de la plus grande importance. Au mois d'octobre suivant, il fut nommé commandant de la 1" division militaire, et fut remplacé dans ces fonctions, lors de la rentrée du duc de Feltre au ministère de la guerre. Le général Bonnet trouve dans sa conscience et dans l'estime publique la récompense de ses glorieux travaux.

BONNET (JOSEPH-Balthazar), avocat avant la révolution, fut nommé, en 1789, par la sénéchaussée de Limoux, député aux états généraux, où il ne se fit point

remarquer. Étant sorti de cette assemblée, il remplit des fonc tions judiciaires dans son département, et fut nommé, en septembre 1792, député de l'Aude à la convention nationale. Après avoir voté dans le procès du roi pour la mort, contre le sursis et contre l'appel au peuple, il fut chargé de plusieurs missions. Rappelé bientôt à l'occasion du procès de Carrier, il fit partie de la commission chargée d'examiner sa conduite. Membre du conseil des cinq-cents, par suite de la réélection des deux tiers conventionnels, M. Bonnet sortit de cette assemblée en 1797, et exerça les fonctions de commissaire central dans le département de l'Aude jusqu'au mois de mars 1798, qu'il fut élu au conseil des anciens. Il se prononça pour que des indemnités fussent accordées aux députés des assemblées scissionnaires comme aux autres, en observant que si l'or de l'Angleterre indemnisait suffisamment les députés exclus par les assemblées où il n'y avait pas eu de scission, la république devait indemniser ceux que n'avait point admis la loi du 22 floréal, parce que tous étaient appelés à servir la patrie, et que la plupart d'entre eux la servaient déjà. Les fonctions législatives de M. Bonnet cessèrent à cette époque. Le reste de sa vie nous est inconnu.

BONNET-DE-FRÉJUS (J.-L.). Au commencement de la révolution, il fut forcé, comme prêtre, de quitter la France. Il se retira en Amérique,, et s'y fit recevoir citoyen des Etats-Unis. Après l'événement du 18 brumaire, il

revint à Paris, où il publia, peu de temps après son arrivée, un ouvrage qui fut alors fort recherché par les amis de la monarchic, parce qu'il semblait principalement annoncer que le premier consul relèverait le trône des Bourbons; il avait pour titre : l'Art de rendre les révolutions utiles, 2 vol. in-8°. 11 passa dans le royaume de Naples, à l'époque de l'avènement de Joseph Bonaparte au trô ne, et fut employé en qualité de secrétaire général du ministère de l'intérieur de ce royaume. Il contribua aux recherches des monumens antiques, et, par une bizarrerie assez singulière, après avoir été la première cause de l'établissement des secrétaires-géné raux dans les ministères, il fut également la cause de leur suppression. On a encore de M. Bonnet-de-Fréjus : 1o la Religion romaine en France, in-8°, 1801; 2o Tableau politique de la France régénérée, in-8°, 1801; 3° du Jury en France, 1802; 4° ÉtatsUnis de l'Amérique à la fin du 18me siècle, 2 vol. in-8°; 5" Etat de l'Europe continentale à l'égard de l'Angleterre, après la bataille d'Austerlitz, in-8°, 1806.

BONNET-DE-MAUTRY(PIERRELouis). Après avoir rempli diverses fonctions municipales, il fut nommé, par le département du Calvados, député à l'assemblée législative, où il siégea constamment au côté gauche. Membre de la convention nationale, Bonnetde Mautry vota, dans le procès de Louis XVI, la mort avec l'examen de la question du sursis. Après la session, il fut employé, dans son département, en qualité de

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