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BIGOT DE PRÉAMENEU (FÉLIX-JULIEN-JEAN, COMTE), né vers 1750 dans la province de Bretagne, était, avant la révolution, avocat au parlement de Paris. En 1790, il fut nommé juge du 4TM arrondissement de cette ville, et, en 1791, envoyé en qualité de commissaire du roi à Usez, pour apaiser les troubles excités contre les protestans. Nommé député à l'assemblée législative par le département de la Seine, il se montra alors, comme il s'est montré depuis, également ennemi de l'anarchie et du despotisme. Le 7 janvier 1792, il émit cette opinion, qui lui attira les huées des tribunes, que la nation n'était pas seulement représentée par l'assemblée, mais qu'elle l'était encore par le roi. M. Bigot de Préameneu fit ensuite décréter l'organisation des jurés, et vota, quelques jours après, pour l'incompatibilité de ces fonctions avec celles de législateur. Il se prononça contre un décret du département de la Seine, relatif aux prêtres insermentés, et fit accorder un dernier délai d'un mois aux émigrés pour rentrer en France. Il fut nommé président de l'assemblée le 19 avril 1792, et en cette qualité il prononça un discours en réponse à celui de Louis XVI, lorsque ce prince vint annoncer qu'il déclarait la guerre au roi de Bohême et de Hongrie. Le 25 du même mois, M. Bigot de Préameneu parla en faveur des prêtres insermentés, contre lesquels Thuriot proposait une loi très-sévère. Après la journée du 20 juin, il signala les rassemblemens armés, et obtint un décret

contre eux. Mais M. Bigot de Préameneu, voyant les dangers s'accroître de jour en jour, ne s'occupa plus que de cacher son existence, préférant néanmoins exposer ses jours à quitter le sol de la patrie. La révolution du 18 brumaire amena dans le gouvernement un changement que toute la France regarda comme favorable. M. Bigot alors reparut sur la scène politique. Il fut d'abord commissaire du gouvernement près le tribunal de cassation, et bientôt après conseillerd'état. Il présida, en septembre 1802, la section de législation, et fit ensuite partie, avec MM. Portalis, Tronchet et Malleville, de la commission chargée de rédiger un projet de code civil. En mai 1804, il fut nommé candidat au sénat-conservateur. L'année suivante, dans un voyage qu'il fit à Naples, il eut occasion d'observer une éruption du mont Vésuve, sur laquelle il envoya des détails intéressans à l'archi-chancelier de l'empire. De retour en France, il parut souvent à la tribune du corps-législatif pour y défendre des projets de loi, ayant pour objet différentes dispositions des codes de procédures civile et criminelle. A la mort de M. Portalis, il fut nommé, au commencement de 1808, au ministère des cultes. Sa prudence et sa modération lui concilièrent l'estime de toutes les sectes religieuses. Il conserva ce ministère jusqu'en 1814. A la fin du mois de mars de cette année, M. Bigot de Préameneu se retira en Bretagne, et fut compris dans la mesure du gouvernement provisoire, dont

le but était d'expulser des places les fonctionnaires qui avaient suivi l'impératrice Marie-Louise à Blois. Considéré, en conséquence, comme démissionnaire, ainsi que tous ceux qui avaient quitté la capitale à la même époque, M. Bigot de Préameneu ne tarda cependant point à revenir à Paris, où il vécut dans la retraite jusqu'au 20 mars 1815. Napoléon lui rendit sa place de conseillerd'état et le titre de directeur-général des cultes. Le 2 juin suivant, M. Bigot de Préameneu fut nommé membre de la chambre des pairs; il fit partie de la députation qui présenta à Napoléon l'adresse de cette chambre, adresse qui, par les principes de liberté qu'elle renfermait, fut regardée à cette époque comme la véritable expression de l'opinion publique. A la séance du 26 du même mois, il s'opposa à l'adoption du projet de loi sur les mesures à prendre pour la sûreté générale, attendu que toutes les dispositions de ce projet étaient renfermées dans le code pénal. Quelques jours après, il fut membre de la commission chargée de rédiger un rapport sur l'adresse que la chambre des représentans avait décidé, dans sa séance du 30 juin, de présenter au peuple français et à l'armée. Après le retour du roi, M. Bigot de Préameneu cessa de faire partie de la chambre des pairs. Aujourd'hui il vit retiré, et trouve, dans les sciences qu'il cultive, un bonheur qu'il ne pouvait rencontrer dans le tourbillon des affaires. Après la mort de Baudin des Ardennes, il était entré à l'institut, dont il a été

président en 1804. En 1816, le gouvernement l'a nommé membre de l'académie française; il était cependant digne d'y entrer par le choix de ses collègues.

BIGOT DE MOROGUES (SÉBASTIEN), petit-fils du chef d'escadre de Morogues, auteur de l'ouvrage intitulé Traité de tactique navale. Né à Orléans, en 1777, M. Bigot de Morogues étudia la minéralogie à l'École des mines; ayant eu des succès dans cette science, il fit différens voyages en Bretagne, dont il donna la relation dans le Journal des Mines. Il a publié, en 1812, Mémoire historique et physique sur les chutes de pierres tombées sur la surface de la terre à différentes époques, vol. in-8°. On a encore de lui une notice très-détaillée sur la Sologne, qu'il a insérée dans la Bibliothéque des sciences médicales d'Orléans, ainsi que plusieurs articles dans la Biographie universelle.

BIGOT DE SAINTE-CROIX. Voyez SAINTE-Croix.

BILDERBECK (LOUIS-FRANCOIS, BARON DE), maréchal de voyage du prince de Nassau-Saarbruck, né le 30 juillet 1764, à Wissembourg en Alsace. On a de lui plusieurs ouvrages en allemand, dont les principaux sont : Le nouveau Paris, ou la Malice de trois femmes, nouvelle, vol. in-8°, Gotha, 1786; Cyane, ou les Jeux du destin, roman grec, vol. in-8°, Neuwied, 1790; la Jeunesse de Lenzheim, roman, 2 vol. in-8°, Heidelberg, 1792; Alexandre, roman historique, 2 vol. in-8°, Offenbach, 1799. M. Bilderbeck a encore donné la traduction en

français de divers ouvrages allemands: Tableau de l'Angleterre et de l'Italie, par Archenholz, 3 vol. in-8°, Gotha, 1788; Maurice, roman de Schultz, 2 vol. in-8°, Lausane, 1789; Théodore, ou ie petit Savoyard, vol. in-12, Paris, 1796. Il existe en outre de M. Bilderbeck plusieurs pièces de théâtre qui ont paru en 2 vol. in8°, Leipsick, 1801 et 1806. Il a inséré dans les Cahiers de lecture différens morceaux de littérature et quelques pièces de poésie.

BILDERDYK (GUILLAUME), d'Amsterdam. Sa passion pour l'étude, et ses succès dans ses classes, firent préjuger favorablement de ses talens. Reçu docteur en droit à Leyde, il se distingua dans l'étude.des langues anciennes et modernes, et montra beaucoup de goût pour la poésie. Il commença à se faire connaître, en 1776, par une pièce de vers qui remporta le prix proposé par la société poétique de Leyde, sous ce titre: De l'Influence de la poésie sur l'art de gouverner un état. L'année suivante, son poëme, le Véritable amour de la patrie, et une ode sur le même sujet, lui firent encore obtenir le premier et le troisième prix proposés par la société poétique. Ces productions établirent la réputation de Bilderdyk. Après avoir donné la romance d'Eius, où l'on remarqua un grand nombre de beautés d'images et de style, il fit paraître, en 1779, la traduction de l'OEdipe de Sophocle, traduction qui obtint beaucoup de succès. Peu de temps après, il donna une collection de pièces fugitives, intitu

T. III.

lée Mes Loisirs, parmi lesquelles on distingue plusieurs morceaux écrits en vers blancs et en vers mesurés, c'est-à-dire d'après le rhythme des anciens, et qui sont ce qu'il y a de mieux en ce genre dans la langue hollandaise. On cite surtout sa traduction de l'Anexomènes d'Apulée, et cependant l'auteur lui-même désapprouve cette manière de versifier dans cette langue plus propre à la rime. On reproche d'ailleurs à Bilderdyk d'avoir inséré dans son ouvrage plusieurs traductions d'anciens poètes, sans indiquer les noms d'aucun des auteurs. En 1780, il fit paraître un mémoire sur cette question proposée par la société de Leyde: La poésie et l'éloquence ont-elles des rapports avec la philosophie, et quels sont les avantages que retirent de celle-ci l'une et l'autre? Ce mémoire, auquel l'auteur a ajouté, en 1783, des commentaires estimés, lui fit obtenir le premier prix. En 1785, il publia, sous le titre des Fleurs, un yolume de poésies fugitives, presque toutes dans le genre anacréontique: elles ne furent pas moins bien accueillies que ses autres productions. La même année, il fit paraître le poëme des Gueux, par Onnozwier Van Haren, qu'il avait entrepris de refondre, parce qu'il n'en trouvait les vers ni assez corrects ni assez élégants. Il fut aidé dans son travail par le fameux Reinvis-Feyth. Cet ouvrage, quoique inférieur à l'original sous plusieurs rapports, a été favorablement reçu. En 1787, Bilderdyk donna la traduction de Tyrtée, et en 1788, celle

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de Salomon. En 1789, il publia, sous le titre de la Mort d'OEdipe, une traduction, qui eut un grand succès, celle de l'OEdipe à Colone de Sophocle. Le dévouement connu de Bilderdyk pour la maison d'Orange, l'obligea de quitter son pays en 1795, lors de l'entrée du général Pichegru dans la Hollande. Il se retira en Allemagne, et de là en Angleterre, où il fit des cours de poésie dans la langue française, comine étant la plus généralement connue. A son retour dans sa patrie, en 1799, il publia deux volumes in-8° de Poésies diverses, parmi lesquelles on distingue une imitation du conte de Voltaire : La fée Urgèle, ou ce qui plaît aux Dames; un poëme didactique qui a pour titre Connaissance des Etoiles; enfin la traduction de six poëmes d'Ossian, laquelle a sur les traductions française, italienne et allemande, l'avantage d'être faite d'après l'original. Il fit paraître, en 1803, une traduction, ou plutôt une imitation de l'Homme des champs de Delille, et quatre volumes de Poésies fugitives, dont les journaux hollandais firent l'éloge; quatre autres volumes de Mélanges, en 1804; le Fingal d'Ossian en 1805, et en 1806 deux volumes de Nouveaux Mélanges. En 1807, Bilderdyk publia, par souscription, les Maladies des Savans, poëme didactique attaqué pour le sujet, mais dont le style a été beaucoup loué. En 1808, deux volumes de poésies, les Feuilles d'automne; trois volumes de tragédies, qui, malgré quelques beautés de détail, ne sont plus jouées sur le théâ

tre hollandais; un volume in-8° de Poésies érotiques et fugitives, sous le titre d'Odelde, et composées de 1784 à 1794, pour célébrer les charmes de la personne qu'il a depuis épousée; un poëme sur le désastre de Leyde; une traduction des Hymnes de Callimaque; et enfin une imitation de l'Essai sur l'Homme, par Pope. Pendant l'année 1809, il a publié l'Arrivée du roi au trône, vol. in-8°; Poésies éparses, 2 vol. in8°, dans lesquelles on trouve la traduction d'une ode de Pindare, d'une idylle de Théocrite, de l'hé roïde de Sapho à Phaon, de plusieurs odes d'Horace, etc. Bilderdyk a fait imprimer, en 1811, deux volumes de poésies, sous le titre de Fleurs d'hiver. On y remarque ses Adieux, dans lesquels il fait un récit touchant des événemens de sa vie. En 1813, il a donné, sous le voile de l'anonyme, deux ouvrages en prose, dont le premier, sous le titre de Relation curieuse d'un Voyage aérostatique et de la Découverte d'une nouvelle planète, tomba bientôt dans l'oubli. Le second, qui est un Traité de géologie, eut un sort plus heureux. Les événemens arrivés à la fin de la même année excitèrent la verve de Bilderdik, et il donna, en 1814, avec son épouse, Catherine WilhelmineBilderdyk, un volume de poésies, intitulé: Délivrance de la Hollande. La même année vit paraître deux autres volumes de poésies, parmi lesquelles on distingue, comme un des meilleurs ouvrages de l'auteur, le poëme sur le Mariage. Après le débarquement de Napoléon en France.

dans le mois de mars 1815, il publia une ode intitulée : Appel aux armes. Quelque temps après, il a fait imprimer à Leyde un recueil de Poésies nationales. En 1816, Bilderdyk a donné un poëme nouveau intitulé, les Animaux, 1 vol. in-8°. Il existe en core de lui un Traité sur le genre des noms substantifs, et un autre sur la botanique, que M. Mirbel, membre de l'institut de France, a traduit. La fortune a été rarement favorable à Bilderdyk; et malgré le mérite de ses nombreuses productions, elles ne lui ont pas toujours fourni des moyens suffisans pour vivre dans une honorable aisance. L'avènement de Louis Bonaparte au trône de Hollande adoucit pendant quelque temps son infortune. Ce prince, qui estimait ses talens, l'avait choisi pour son maître de langue hollandaise; il le nomma membre de l'institut qu'il venait de former, et lui accorda une pension dont le paiement cessa à l'abdication du prince. A la fin de 1813, Bilderdyk avait été nommé auditeur militaire au conseil d'Amsterdam; mais il donna bientôt sa démission de cette place, ainsi que de celle de membre de l'institut des Pays-Bas. Bilderdyk passe pour un homme très-instruit, et pour un des premiers poètes de la Hollande. Les ouvrages qu'il a transportés d'une langue étrangère dans sa langue maternelle, sont plutôt des imitations que des traductions, par la liberté qu'il prend d'ajouter ou de retrancher à son auteur, ce qui lui réussit quelquefois. On doit lui reprocher d'être générale

ment injuste, lorsqu'il juge les plus célèbres écrivains français, les Buffon, les Montesquieu, etc., et même les poètes qu'il traduit ou qu'il imite, entre autres Delille. Cette même injustice s'étend à des poètes qui nous sont étrangers; et Pope, qu'il a imité, n'est pas à l'abri de sa sévérité. Bilderdyk s'est donné un grand ridicule dans la prétention qu'il a de descendre de l'ancienne famille des comtes de Teysterband, nom sous lequel il a eu l'inconcevable faiblesse de publier un ouvrage de jurisprudence, écrit en latin.

BILDERDYK (CATHERINE-WILHELMINE), femme du précédent. Outre les morceaux de poésies qu'elle a insérés dans le poëme intitulé Délivrance de la Hollande, dont il a été parié ci-dessus, on a encore de cette dame deux des pièces qui forment les trois volumes de tragédies, publiés par son mari. Elles ont pour titre Elfride, et Iphigénie en Aulide. En 1809, Mm Bilderdyk a donné un poëme, intitulé : l'Inondation, composé au sujet de celle qui dévasta une partie de la Hollande à cette époque. Son poëme sur la Bataille de Waterloo, lui mérita le premier prix au concours qui fut ouvert par la société littéraire de Gand. Les poésies de Me Bilderdyk réunissent assez souvent l'élégance à la force.

BILGUER (JEAN-ULRIC DE), naquit, le i mai 1720, à Coire en Suisse, et mourut le 6 avril 1796. Après avoir suivi à Strasbourg les cours d'anatomie du docteur Varquin; il vint perfec

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