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Lyon. Les progrès de Boissieu furent rapides, et il imita bientôt avec succès le style des grands maîtres de l'école flamande, tels que Carle Dujardin, Van de Velde, Ruisdael, Rembrandt, ete. S'étant rendu à Paris, dans le dessein d'y perfectionner son talent, il se lia d'amitié dans cette ville avec Soufflot, Vernet, Greuse, et autres célèbres artistes. De retour à Lyon, il s'y livra principalement à la gravure: non à ce qu'on appelle le genre brillant et soigné, mais à un genre tout d'inspiration, où dominent le goût et l'esprit. Ce fut vers cette époque que M. le duc de La Rochefoucault, amateur éclairé des sciences et des arts, qui avait été à même d'apprécier les talens de Boissieu, lors du voyage de cet ar tiste à Paris, l'engagea à l'accompagner en Italie. Ce voyage fut très - avantageux à Boissieu, qui forma une collection précieuse de dessins d'après les chefs-d'œuvre de Raphaël, et des autres grands maîtres de l'école d'Italie. De retour dans sa ville natale, il se livra à la peinture avec une nouvelle ardeur; mais l'emploi journalier des couleurs délayées à l'huile altérant sa santé, déjà très-délicate, il se vit forcé, à son grand regret, de se borner à la gravure et aux compositions du dessin. Cette double partie des arts, encore si riche et si variée, lui mérita en peu de temps une telle réputation, que les amateurs de toute l'Europe, et les souverains même, s'empressèrent d'acquérir ses productions. Les estampes de Boissieu, dont un grand nombre est dans le genre de Rem.

brandt, sont d'un effet très-piquant, et touchées avec beaucoup de finesse et d'esprit. Ses dessins, à la manière des maîtres flamands, sont bien composés et d'un effet très-pittoresque. La pièce la plus remarquable qu'il ait donnée est le Charlatan, d'après Carle Dujardin. Son œuvre complet en gravure monte à 107 pièces. Boissieu mourut à Lyon, le 1 mai 1820, généralement regretté. Son Éloge historique, contenant le catalogue de ses ouvrages, par M. Dugas Montbel, a été imprimé in-8°, à Lyon, en 1820.

BOISSIEU (PIERRE-JOSEPH-DIDIER), était homme de loi à SaintMarcellin, et administrateur du département de l'Isère, lorsqu'il fut nommé député suppléant à l'assemblée législative. Membre. de la convention nationale, il refusa de voter comme juge dans le procès du roi. « Législateur, dit»il, je vote pour l'appel au peuple, » si la peine est la mort. » Il se prononça ensuite pour la détention et le bannissement à la paix. Peu orateur, menant une vie dissipée, n'ayant pas tout le courage nécessaire à cette époque, Boissieu garda le silence jusqu'après la chute de Robespierre. Alors il contribua à la destruction de l'espèce de culte rendu à Marat; demanda la suppression du calendrier républicain; fit rejeter la proposition de forcer les émigrés qui poursuivaient leur radiation à se constituer prisonniers; enfin dans le courant de brumaire an 4, il s'éleva contre le recensement des citoyens qui avaient défendu la convention au 15 vendémiaire. Après l'établissement de la cons

titution de l'an 3, Boissieu donna sa démission de membre du conseil des cinq-cents, et rentra dans la vie privée.

BOISSONADE(JEAN-FRANÇOIS), né, le 12 août 1774, à Paris, est connu dans le monde savant comme un des hellénistes français les plus distingués. Nommé secrétaire-général de la préfecture de la Haute-Marne, en 1801, il donna bientôt sa démission de cette place pour se livrer entièrement à la culture des lettres. Il vint à Paris, et fut pendant long-temps rédacteur au Journal de l'Empire, char gé spécialement des articles de grammaire française et de littérature grecque et latine. En 1809, il fut nommé professeur adjoint de littérature grecque à l'académie de Paris, et professeur titulaire à la fin de 1812. La même année, il entra à la troisième classe de l'institut, ayant succédé, à l'académie comme à l'institut, au savant Larcher. En 1814, le roi lui accorda la décoration de la légiond'honneur. M. Boissonnade, nommé membre de l'académie des inscriptions, le 21 mars 1816, a fait paraître un assez grand nombre d'éditions d'ouvrages grecs et latins, et a coopéré à la publication de plusieurs autres. Il a fourni des articles au Mercure, au Magasin encyclopédique, et à la Bio graphie universelle. Il s'occupe depuis plus de dix ans d'un Dictionnaire de la langue française, où les étymologies ne seront pas oubliées.

BOISSY-D'ANGLAS (FRANÇOISANTOINE, COMTE). Au milieu de tant de noms que l'injustice, la violence, le fanatisme ou l'ambition

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condamnent à la célébrité, la récompense du biographe est d'avoir, de loin en loin, à retracer une vie glorieuse et sans tache, uniforme dans sa vertu et dans sa dignité, féconde pour les lettres et pour la patrie : telle est la vie de M. Boissy-d'Anglas. Dans le cours d'une longue et terrible révolution, il donna l'exemple de tous les genres de courage, et offrit le modèle de toutes les vertus. Littérateur distingué, orateur tel que le définit Quintilien, habile à bien dire et à bien faire, philosophe digne de l'amitié de Malesherbes, homme d'état citoyen, patriote sans frénésie, ami de l'ordre sans pusillanimité, on le compte encore aujourd'hui, après trente ans de lutte et de combats contre les passions déchaînées sur la France, au premier rang des défenseurs de cette liberté constitutionnelle que la révolution a si douloureusement enfantée. M. Boissy-d'Anglas est né le 8 décembre 1756, à Saint-Jean-Chambre, près d'Annonay, département de l'Ardèche. Inscrit sur la liste des avocats au parlement de Paris, sans avoir jamais exercé cette honorable profession, et maître-d'hôtel ordinaire de MONSIEUR, aujourd'hui Louis XVIII, il s'occupa exclusivement de littérature jusqu'au moment où la révolution éclata. Un style noble, que distinguaient une onction et une pureté rares, fit remarquer ses premiers essais. Les gens de lettres les plus distingués de la capitale étaient alors en correspondance avec lui. Membre des académies de Nîmes, Lyon, la Rochelle, et correspondant de l'aca

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Le Comte Beissi d'Anglas.

Houdon

Fremy del. et Sculp.

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