Page images
PDF
EPUB

PUBLIC LIBYAN

ASTOR, LEN TILDEN FOUR

du code de commerce, avec MM. Bégouen et Beugnot, ses collègues. Napoléon, lorsqu'il présidait le conseil, fermait rarement une discussion importante sans connaître l'opinion de Corvetto, et c'était dans les réponses aux brusques interpellations de l'empereur que brillaient principalement la sagacité, le savoir et l'éloquence du conseiller. Après les événemens de1814, et sur le point de retourner dans sa patrie, Corvetto fut rappelé par le roi au conseild'état, et obtint des grandes-lettres de naturalisation. On lui offrait, à cette époque, le portefeuille des finances à Turin. Pendant lescent jours, il ne siégea pas au conseil. Napoléon se plut à fermer les yeux sur sa répugnance. Au second retour du roi, Corvetto présida le comité des finances et la commission des réquisitions de guerre. Il succéda, comme ministre des finances, à M le baron Louis, à la fin du mois de septembre 1815. C'était prendre la direction des affaires dans le moment le plus difficile. La France.épuisée par les prestations jour nalières qu'exigeait la présence de l'Europe armée, avait encore à satisfaire aux conditions des traités, et son trésor était vide. Trop intègre pour ne pas subir religieusement les conséquences des engagemens pris, trop éclairé pour ne pas comprendre les immenses avantages de l'exactitude dans les paiemens, le nouveau ministre, sans déguiser aux yeux du roi et des chambres la situation presque désespérée des finances, sut cependant faire partager l'espoir qu'il concevait de fonder le cré

dit public, au milieu des circonstances les plus propres à l'anéantir, s'il eût existé. Les emprunts négociés par Corvetto sont encore un sujet de controverse. De bons esprits lui reprochent la préférence donnée à des étrangers. Il ne faut point séparer les événemens des circonstances qui les ont accompagnés. Il est juste de dire que les concurrens français n'étaient d'abord ni nombreux, ni empressés; ce qui le prouve, c'est que des conférences, dont le but était d'engager les premières maisons de Paris à traiter solidairement d'un premier achat de rentes, demeurèrent sans résultat, parce que nul ne voulut être solidaire, ou ne put se charger seul de l'opération. Des banquiers étrangers l'entreprirent : mais comme on ne prête guère à un état sans s'assurer que les valeurs qu'il émet ne seront point avilies par suite d'émissions ultérieures, les banquiers étrangers n'avaient traité du premier qu'à la condition qu'on les admettrait à la négociation du second. Il en est des hautes spéculations d'argent comme des combinaisons de guerre: on ne profite pas des positions, on en abuse. Les banquiers étrangers semblaient donc maîtres de fixer les prix, et de concentrer l'opération dans leurs mains : ils ne le firent point; la moitié du marché fut mise à la disposition des banquiers français. L'honneur des contractans, le noble caractère de Corvetto, obtinrent ce qu'on ne pouvait espérer. Le succès du premier emprunt, que tout le monde avait rejeté, venait d'élever le cours des rentes. Chacun eût vou

lu prendre part au second. Ce fut alors que les attaques commencèrent contre le ministre. Au surplus, pour juger de telles opérations, il faut se rendre compte de la situation des choses. Quarante millions de rentes étaient encore à négocier; vingt-quatre pour la libération du territoire, le reste pour les besoins du service. Si l'on pouvait livrer, comme on le fit, aux spéculateurs français la partie affectée aux besoins du service, on ne pouvait disposer aussi librement de la partie destinée à la libération du pays. Il fallait aux étrangers qui se retiraient desgaran ties, des responsabilités saisissables ailleurs qu'en France. L'histoire doit être sévère, mais juste. Quand Corvetto accepta le portefeuille, 800,000 baïonnettes étrangères occupaient nos provinces; la dette publique arriérée était immense; les effets publics étaient dépréciés, le découragement était à son comble, et, pour dernier trait à ce tableau, la disette était imminente. Les étrangers se sont retirés en rendant hommage à l'héroïsme de notre bonne foi politique. Le crédit a surgi du sein des ruines; les conditions les plus onéreuses ont été exécutées; l'admirable institution de l'amortissement a pris racine; tous les services ont été assurés, et 80 millions existaient dans les caisses après la consommation de tant de sacrifices. Les ressources de la France étaient grandes, sans doute; mais ne doit-on que des critiques à un ministre dont l'administration est marquée par de semblables succès ? Cependant la santé de Corvetto avait suc

combé à tant d'épreuves. Il ob. tint sa retraite au mois de dé cembre 1818, après l'avoir quatre fois sollicitée, et laissa à son suc cesseur le compte de 1817 et le budget de 1819, préparés par ses soins. Le titre de ministre d'état, membre du conseil privé, la décoration de grand'croix de la légion-d'honneur, et la concession viagère de la jouissance du pavillon de la Muette, à Passy, furent les témoignages de la satisfaction du roi, qui, sachant que son ministre ne s'était point enrichi, voulut y joindre un don sur sa cassette, pour l'aider à attendre la liquidation de sa pension. Corvetto avait fait des études brillantes; il avait puisé dans la lecture des classiques, dont il faisait ses délices, une justesse d'expression qui se faisait remarquer, non-seulement dans ses discours, mais dans sa conversation, et jusque dans l'abandon des communications familières. Mais la nature lui avait refusé cette assurance de tribune si nécessaire à l'orateur : il entrait timide et vaincu dans la lice; il en sortait souvent victorieux, toujours modeste. Sa mémoire était prodigieuse. Le fond de son caractère était la douceur et la simplicité, ses formes étaient l'urbanité même. Sa vie privée était un exemple continuel de pureté de mœurs, de droiture de principes, de pratique de toutes les vertus, et surtout de la bienfaisance. Il s'est retiré pauvre des affaires, et s'est trouvé en mourant dans l'honorable nécessité de recommander sa veuve au roi.

CORVISART (JEAN-NICOLAS,

[ocr errors]
[ocr errors][ocr errors][ocr errors]

la santé de Corvetto avait suc- CORVISART (JEAN-NICOLAS,

« PreviousContinue »