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décesseur. Il mourut aux eaux de Baréges, dans les derniers jours d'octobre 1793, de l'impression que lui fit la nouvelle de l'arrestation de ses camarades, les comédiens du Théâtre Français. Desessarts était d'une grosseur énorme, et quand il jouait le rôle d'Orgon dans le Tartuffe, il fallait une table d'une hauteur extraordinaire pour qu'il pût se cacher dessous. Un jour qu'il avait appelé en duel son camarade Dugazon, lorsqu'ils furent arrivés au lieu du rendez-vous, ce dernier lui dit : « Mon ami, la partie n'est » pas égale entre nous; tu présen»tes une surface décuple de la mienne je vais tracer avec du >> blanc d'Espagne un rond sur ton » ventre, et tous les coups qui por» teront hors de ce rond ne comp»teront pas. » Cette plaisanterie arrêta le duel. Desessarts avait une mémoire étonnante, et possédait des connaissances scientifiques et littéraires très-étendues.

DESÈZE (ROMAIN), avocat à Paris, né à Bordeaux en 1750, exerçait la même profession au parlement de cette ville, lorsqu'il fut chargé, en 1782, de la cause de la marquise d'Anglure, qui réclamait sa légitimité contestée par des collatéraux. Les mémoires qu'il publia pour la défense de cette dame, à laquelle s'intéressait vivement le comte de Vergennes, excitèrent tellement l'attention de

ce ministre qu'il engagea M. Élie de Beaumont, l'un des avocats les plus distingués de Paris, à témoigner de sa part à M. Desèze le désir qu'il avait de le voir attaché au barreau de la capitale.

,

Cette invitation honorable décida M. Desèze à se séparer en quelque sorte d'une réputation déjà faite pour entreprendre d'en mériter une nouvelle. Nous croyons que ce fut avant de venir demeurer à Paris qu'il alla rendre une visite 9 à Ferney, au patriarche de la littérature et de la philosophie comme pour s'initier de plus en plus à ces deux doctrines, et débuter sous leurs auspices dans la carrière plus vaste qu'il allait s'ouvrir. M. Target se retirait a lors de la plaidoirie, après avoir obtenu à l'académie française les honneurs que le barreau lui avait mérités; et il confia à son nouveau confrère la dernière cause dont il s'était chargé, celle des filles d'Helvétius. M. Desèze, vers la fin de 1789, fut le défenseur du baron de Bezenval, accusé de haute trahison. Il le fit acquitter par le Châtelet, et reçut une médaille d'or du roi de Pologne, dont son client avait l'honneur d'être l'allié. Ce fut en 1793, à une époque calamiteuse, que les destinées de M. Desèze s'agrandirent : Choisi par Louis XVI comme

un

secours nécessaire, demandé par Tronchet et Malesherbes, et autorisé à être le troisième conseil du roi; M. Desèze prononça la défense de Louis XVI, à la barre de la convention, le 26 décembre 1792. Nous n'avons pas à juger ici les qualités littéraires de ce discours, qui contient de belles parties et est animé d'heureux mouvemens; mais nous croyons que le système de la défense pouvait être conçu plus fortement, et qu'il se serait amélioré en se restreignant aux principes.

"Arrêté long-temps après la condamnation du roi, et seulement à l'époque où le décret qui éta blissait des catégories de suspects rendait générales les proscriptions, M. Desèze fut enfermé dans la prison de la Force, et recouvra la liberté après le 9 thermidor. On ne le vit exercer aucune fonction publique sous les régimes directorial, consulaire et impérial: Lorsque l'ordre des avocals eut été rétabli, il refusa même d'être nommé l'un des membres du conseil de discipline de cet ordre, pour n'avoir pas à dépendre du choix du gouvernement en la personne du procureur-général. Jaloux de la dignité de la profession d'avocat, plus que de celle de bâtonnier, M. Desèze était persuadé que dans un corps dont toutes les fonctions et tous les devoirs se composent de délicatesse et d'honneur, la confiance de ses membres en leur chef n'avait pas besoin de sanction; et que priver l'ordre des avocats de sa juridiction sur lui-même, c'était détruire nécessairement son indépendance. En janvier 1814, lorsque Napoléon voulut frapper M. Lainé d'une imputation de trahison, à l'occasion du rapport de la commission extraordinaire du corps législatif dont il avait été l'organe (28 décembre 1813). il s'écria devant toute sa cour: « M. Lainé est un méchant homme, qui correspond avec le prince-régent par l'entremise de l'avocat Deseze. » Lorsque Louis XVIII fut rap-, pelé au trône, M. Desèze ayant survécu à Malesherbes et à M. Tronchet, fut destiné à recueillir seul la reconnaissance royale du chef

actuel de la maison de Bourbon. En janvier 1815, M. Desèze fut nommé premier président de la cour de cassation, en remplacement de M. Muraire, dont on exigea.dit-on,la démission, mais à qui l'on conserva à cette époque le titre d'honoraire. Il fut remarqué dans le discours prononcé par M. Desèze, lors de son installation, qu'il passa sous silence le nom de M. Tronchet, ancien président de la même cour et le second conseil choisi par Louis XVI; de Tronchet, dont le dévouement à la cause du roi fut d'autant plus désintéressé, qu'en se chargeant de sa mission il avait fait le serment public que quel que fût l'événement, il n'accepterait aucun témoignage de reconnaissance de qui que ce fût sur la terre, désintéressement par lequel il se plaça au niveau de M. de Malesherbes Le retour de Napoléon, en mars 1815, reporta à la présidence de la cour de cassation M. Muraire, que M. Desèze remplaça une seconde fois après les cent jours; car, dans les révolutions politiques, lorsque les hommes n'en ont pas été les victimes, ils en deviennent les jouets, et se succèdent comme les événemens, semblables à ces images mobiles à doubles portraits qui se retour nent au gré des vents. On a prétendu que M. Desèze avait hésité à reprendre la présidence d'une cour dont les magistrats n'avaient pas cru devoir déserter leurs fonetions durant l'entreprise de Napoléon; et ce qui donne quelque fondement à cette assertion, c'est que dans ses harangues et ses mercuriales à la cour et à son barreau,

M. Desèze affecta plusieurs fois de blâmer leur conduite à cette époque, comme si la justice pouvait avoir un interrègne et que le premier devoir ne fût pas de rester fidèle à la patrie. Ayant passé en Angleterre, d'où il se rendit à Gand auprès de Louis XVIII, M.

Desèze rentra en France à la suite du prince, après le désastre de Waterloo. Nommé à la chambre des pairs, en août 1815, il y débuta par être l'un des membres de la commission chargée de l'examen de la loi qui rétablit les juridictions prevôtales. Il y fit ensuite le rapport sur l'abolition du divorce, et proposa d'adopter le projet de cette loi. Plus tard, M. Desèze émit une opinion sur la loi des élections du 5 février 1817. Il fut nommé, en mai 1816, de l'académie française, comme successeur de Ducis, qui lui-même avait succédé à Voltaire. Son discours de réception, seul morceau académique que l'on connaisse encore de lui, n'a rien ajouté aux titres qui l'avaient fait élire de préférence à tant d'hommes de lettres. Les institutions nationales n'avaient reçu aucun hommage particulier de M. Desèze, dans son discours d'installation à la première présidence de la cour de cassation, et l'on se rappelle que la même omission eut lieu dans son discours de réception à l'académie mais si la charte constitutionnelle ne fut pas même nommée ni dans l'un ni dans l'autre de ces discours solennels, c'est sans doute parce que M. Desèze fut convaincu qu'étant enchaîné à la charte constitutionnelle comme magistrat, il lui avait suffi de

jurer de l'observer fidèlement, et qu'il était impossible de douter qu'il ne lui fût également dévoué comme académicien. Des mémoi res judiciaires publiés, la plupart sur des questions d'état, quelques plaidoyers et même la défense de Louis XVI, quoique remarquables par la méthode et la correction, ne sont pas des Ouvrages de littérature. On assure pourtant que les talens de M. Desèze n'ont pas été étrangers à la poésie, et qu'il a fait beaucoup de ces vers qu'on appelle de société, et dont il augmentait le prix parce qu'il savait rès-bien les chanter. II montra dès sa jeunesse du goût pour les lettres, et rechercha la connaissance et l'estime de ceux qui les cultivaient avec le plus de considération. Les ouvrages de M. Gaillard lui ayant particulièrement plu, il ouvrit avec cet académicien une correspondance littéraire et philosophique qui s'entretint long-temps et qu'il serait désirable de voir publier. L'écriture de M. Desèze est fort difficile à lire, et nous ne faisons cette observation que pour exciter la curiosité de ceux qui se persuadent rencontrer dans les formes manuscrites de l'alphabet des rapports certains avec les dispositions habituelles de l'esprit. Marmontel a tracé ainsi dans ses mémoires les qualités que M. Desèze apportait dans sa société à Grignon. >> Desèze vint bientôt donner à nos entretiens encore plus d'essor et de charmes..... Une gaieté naïve, piquante, ingénieuse; une éloquence naturelle qui, dans la conversation, même la plus familière, coule de

source avec abondance; une prestesse, une justesse de pensée et d'expression qui, à tout moment, semble inspirée; et mieux que tout cela, un cœur ouvert, plein de droiture, de sensibilité, de bonté, de candeur: tel était l'ami que l'abbé Maury me faisait désirer depuis long-temps, et que me procura le voisinage de nos campagnes.» M. Desèze est aujourd'hui comte, pair de France, chevalier de Malte, grand-trésorier de l'ordre du Saint-Esprit, commandeur des ordres du roi, membre de l'Académie française, et premier président de la cour de

cassation.

Voyez

Montmorency, l'Intendant, etc., etc., furent représentés au Vaudeville. Outre ces pièces et un grand nombre d'autres qu'il a faites en société, M. Desfontaines est auteur, 1° d'une Epitre à Amintas sur l'insensibilité des Stoi ciens, pièce qui concourut en 1764 pour le prix de l'académie française; 2° Des Lettres de Sophie et du chevalier de..., pour servir de supplément aux lettres du marquis de Rosette, 1705, 2 vol in-12; 3° les quatre Saisons littéraires, recueil périodique, 1785, 4 vol. in12; 4° de Laura et Suézille, ou les Orphelins espagnols, 1779, in-12.

DESFONTAINES (RENÉ), l'un des plus célèbres botanistes de notre siècle, à enrichi d'un grand nombre d'ouvrages, la partie de l'histoire naturelle dont il s'est spécialement occupé. On a de lui: Manuel de cristallographie ou abrégé de la cristallographie de Romé de Lille, 1792, in-8°; Flora atlantica, sive historia plantarum quad in atlantes agro tunctano et algeriensi crescunt, 1798,

DESFAUCHERETS. BROUSSE-DESFaucherets. DESFONTAINES DE LA VALLÉE, l'un des coopérateurs de la Nouvelle bibliothèque des romans, a fait paraître un grand nombre de pièces qui ont été jouées sur divers théâtres. Il a donné à l'Opéra la Cinquantaine, 1771; la Fête de village; Ismenor, ballet, 1775; la bergère des Alpes, pièce en un acte et en vers, fut repré-in-4°. Cet ouvrage se compose de sentée en 1765 au Théâtre-Français, ainsi que la Réduction de Paris, en 1780. Les huit pièces suivantes furent jouées au théâtre de la rue Favart: Le philosophe prétendu, comédie en 3 actes et en vers, 1762; la Chasse; l'Amant statue; le May; le Réveil de Thalie; le droit du Seigneur; la Dot; l'Incendie du Havre, jouée d'abord en 1787, reparut avec des changemens en 1793. Les mille et un théâtres, le Diner imprévu, 1792; le Divorce, les vieux Epoux, Jean Monnet, le Concert aux éléphans, Arlequin beau-fils, la Vallée de

plusieurs livraisons. Tableau de l'école de botanique du muséum d'histoire naturelle, 1805 15, in8; Choix des plantes du corollaire des instituts de Tournefort, publié d'après son herbier, Paris, 1808. in-4°, avec planches; Histoire des arbres et arbrisseaux qui peuvent être cultivés en pleine terre sur le sol de la France, 1809, 2 vol. in-8°. M. Desfontaines a aussi inséré quelques mémoires dans le Journal des savans, et il est un des principaux collaborateurs de l'Encyclopédie, des Annales du muséum d'histoire naturelle et du

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