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Devienne a fait la musique. DEMUY (le comte), pair de France, lieutenant-général, commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, grand-officier de la légion d'honneur, naquit en 1751, en Provence, d'une famille très-distinguée. Neveu d'un ministre de la guerre, sous Louis XV, il quitta le nom de marquis de Saint-Mesme pour prendre les titres et le nom de son oncle, et embrassa la carrière militaire. Il fit une campagne en Amérique, avec le grade de colonel, et revint en France peu de temps après le siége de New-York, où il s'était distingué. La révolution allait éclater. Déjà des mouvemens d'insurrection s'étaient manifestés dans le

midi de la France. Le gouvernement chargea M. le comte De muy de pacifier ces contrées, et lui en donna le commandement militaire; mais il ne put parvenir à faire cesser les troubles qui s'augmentaient de jour en jour. En 1794, il fut envoyé à l'armée de Sambre et-Meuse; accompagna ensuite le général Bonaparte en Egypte, et fut fait prisonnier de guerre par les Anglais, lors de son retour en France. Il fit la campagne de 1806 contre la Prusse, et obtint pour récompense le gouvernement de la Silésie. Rentré ensuite dans l'intérieur, il fut nommé commandant d'une division territoriale. A l'époque de la première restauration, le comte Demuy, comblé des bienfaits de Napoléon, donna son ad. hésion à la déchéance de son bienfaiteur, offrit ses services au roi, ne fut pas employé, et mou

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DENANTEUIL (VICTOR - JOSEPH ANDRE), poète français, né à Nanteuil-le-Haudouin (Oise), fit ses études au collège de Juilly, avec Jérôme Bonaparte. Reçu avocat, il vint se fixer à Paris, où il se livra tout entier à la culture des lettres, et fit paraître, en 1813, un poëme intitulé le Temple de la Fraude, qui lui attira l'attention des gens de goût; l'auteur y a traité, en vers faciles et élégans, un des sujets les plus rebelles aux agrémens de la poésie. Il a paru, en 1821, une nouvelle édition de ce joli poëme, avec une traduction en vers du premier livre des Odes d'Horace, et plusieurs autres pièces de vers. Ce recueil de poésies, remarquable la variété des sujets que par l'auteur y a successivement traitės, a l'avantage rare de n'être pas indigne des éloges que lui ont donnés plusieurs journaux. Si le département de l'Aisne a produit dans Demoustier un poète d'un mérite distingué, celui de l'Oise, qui l'avoisine, donne à la littérature un espoir honorable dans M. André Denanteuil. Cet auteur se dispose à publier une traduction française des auteurs latins, avec le texte en regard. Nous ne doutons pas que le nom de ce littérateur ne soit un sûr garant du succès de la collection, à laquelle il travaille depuis un grand nombre d'années.

DENINA (CHARLES-JEAN-MARiE), Piémontais, né à Revel, en 1731, et thort à Paris le 5 décembre 1813, fit ses premières études à Saluces. Il était près d'entrer

dans les Grands-Augustins à Ceva, quoiqu'il ne fût encore âgé que de quinze ans, lorsqu'un de ses oncles, qui occupait une place importante dans la robe, le fit nommer à un bénéfice. Il prit alors l'habit ecclésiastique, et resta encore deux ans à Saluces, où un officier suisse lui apprit le français. Ce fut aussi à cette époque qu'il commença ses études théologiques. Ayant obtenu, en 1740, une bourse à l'université de Turin, il étudia plus particulièrement les belles-lettres dans cette dernière ville; et quelques pièces de vers latins, plusieurs dissertations et une oraison funèbre, le firent remarquer de ses condisciples. Il fut même alors proposé au ministre des affaires étrangères pour être placé dans son département; mais sa vocation l'entraînait vers les ordres sacrés, qu'il prit quelque temps après; et en 1753 il fut créé professeur d'humanités aux écoles royales de Pignerol. Les jésuites lui suscitèrent des désagrémens, à cause d'une comédie de collège, dans laquelle il faisait dire à l'un des principaux personnages que les écoles publiques étaient aussi bien sous la direction d'un magistrat et des prêtres séculiers, qu'elles l'avaient été sous les moines ou clercs réguliers. Et comme Denina avait affaire à des personnages trèsdévots, et partant très-rancuneux, on le poursuivit avec une telle haine qu'il fut obligé de quitter Pignerol et les écoles royales, et d'entrer dans les écoles d'un ordre inférieur. En 1750, il prit le bonnet de docteur à Milan, et publia un ouvrage théologique qui

eut beaucoup de succès; ce qui excita la jalousie de quelques théologiens de l'université de Turin, qui s'en vengèrent 20 ans après, n'ayant pu le faire plus tôt. Denina fut néanmoins rappelé dans les

écoles royales, et nommé à la place de professeur extraordinaire d'humanités et de rhétorique,au college Supérieur de Turin. Il s'y livraaux travaux littéraires, et entreprit un grand nombre d'ouvrages qui n'ont pas tous été publiés ou exécutés. Il obtint alors la permission de voyager en Italie, et fut chargé, à son retour, d'écrire l'histoire de l'ordre de Saint-Maurice; ce qui lui donna l'idée de tra cer sur un plan plus étendu des réflexions historiques sur les différens états d'Italie, réflexions qu'il avait déjà ébauchées 2 ans auparavant. Ce travail lui valut une pension du roi, à qui le ministre secrétaire du cabinet en parla d'une manière avantageuse. Ses trois volumes des Révolutions d'Italie, qui parurent successivement en 1769, 1770 et 1771, lui valurent la chaire de rhétorique au collége Supérieur de Turin, et celle d'éloquence italienne et de langue grecque à l'université; mais ils augmentèrent beaucoup aussi le nombre de ses ennemis, VictorAmédée le chargea de composer une Introduction à l'histoire de la maison de Savoie. Cet ouvrage fut ensuite supprimé; mais il fit néan moins augmenter la pension de Denina. En 1777, il fit un voyage à Florence, et donna au libraire Cambiagi de cette ville un manuscrit sur l'emploi des hommes (dell' impiego delle personne), à la charge de le faire passer à la

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principes éclairés qui l'avaient guidé à cette époque, il se prononça en faveur de la révolution française. Ayant concouru à la réunion de la Belgique à la France, il devint président du département des Deux-Nèthes, qui le nomma au conseil des cinq-cents en mars 1798. La Biographie moderne et celles qui l'ont copiée, par une de ces erreurs si déplorables lorsqu'elles sont involontaires, et qui n'ont pas toujours ce motif d'excuse, ont prétendu que M. Demoor « appuya le pro» jet pour la confiscation des biens » des déportés fugitifs, dans lequel » il présenta des articles addition>>nels contre les prêtres déportés.» Les rédacteurs de la première Biographie, avec plus d'attention, auraient évité d'avancer un fait dont l'inexactitude prend ici par sa gravité le caractère de la calomnie. Ce fait doit être ainsi rétabli. Plusieurs prêtres déportés par

des arrêtés spéciaux du directoire-exécutif, s'étant mis à la tête de l'insurrection qui éclata dans les départemens réunis au commencement de l'an 7; le désir de voir maintenir la tranquillité publique, et la nécessité d'imposer aux agitateurs couverts du manleau sacré de la religion, qui s'étaient soustraits ou qui se soustrairaient à l'avenir à la déportation, porta M. Demoor à demander au conseil des cinq-cents la discussion du projet de loi présenté une année auparavant, par Poulain Granpré, et qui atteignait ce but. M. Demoor ignorait que ce projet fût dirigé contre les malheureux déportés du 18 fructidor an 5 (4 septembre 1797).

Il ne reconnut son erreur que lors de la discussion qui fut trèsvéhémente, et à laquelle, dès ce moment, il cessa de prendre part. Proscrit lui-même au 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799); exclu du conseil des cinq-cents, et presque déporté avec 59 de ses collègues, il se réfugia, pour éviter les persécutions, dans la magistrature, et siégea bientôt comme juge au tribunal criminel du département des Deux-Nèthes. En 1810, il fut nommé procureurgénéral près de la même cour: ce fut à cette époque qu'il reçut la décoration de la légion d'honneur. En 1811, après la réorganisation des tribunaux, M. Demoor devint substitut du procureur-général à la cour d'assises et spéciale de Bruxelles. Par suite des événemens politiques de 1814, la Belgique ayant cessé d'appartenir à la France, ce magistrat fit partie, en 1817, de la deuxième chambre des états-généraux du royaume des Pays-Bas, et remplit les fonctions de procureurroyal criminel, qu'il exerce encore aujourd'hui. On lui accorde des connaissances très-étendues en jurisprudence.

DEMOURS (PIERRE), oculis. te, médecin du roi, garde du cabinet d'histoire naturelle, naquit à Marseille, en 1702. Il étudia d'abord à Avignon puis, à Paris, où il suivit simultanément un cours de philosophie et de médecine. Admis au grade de bachelier en 1728, il alla aussitôt se faire recevoir docteur à Avignon, et revint ensuite à Paris, où il se lia successivement avec Duverney, Chirac et Antoine Petit.

Ce dernier lui proposa de l'aider dans ses recherches anatomiques, et de s'adonner surtout à l'étude et au traitement des maladies des yeux. Demours suivit ce conseil, et s'acquit une grande réputation tant sous le rapport des nouvelles hypothèses dont il enrichit cette partie de la médecine, qu'à cause des nouveaux procédés dont il se servit dans les opérations du globe de l'œil, opérations qu'il faisait avec beaucoup de dexterité. Il inventa même, pour cet objet, plusieurs instrumens dont on ne se sert plus aujourd'hui : non pas, il est vrai, que ceux qu'on leur a subtitués soient plus ingénieux ou meilleurs; mais parce que tout passe en médecine, tout, jusqu'aux maladies, qui suivent aussi la mode en dépit de la vieille Faculté, qui persiste à croire à l'existence des fièvres. La société royale de Londres de reçut parmi ses membres, et l'académie des sciences de Paris le nomma, en 1769, associé vétéran. I mourut en juin 1795, après avoir publié beaucoup de traductions, de compilations, et quelques opuscules originaux. Voici les titres de ses ouvrages: 1 Essais et observations de la société de médecine d'Edimbourg, traduit de l'anglais avec des observations sur l'histoire naturelle et les maladies des yeux, 7 vol. in12, avec fig.; 2° Essais et observations physiques et littéraires de la société d'Edimbourg, tome I, Paris, 1759, in-12, fig. ; 3° Essai sur l'histoire naturelle du polype insecte, traduit de l'anglais de Henri Baker, Paris, 1744, in-8°, fig.; 4° Description du ventilateur par le

moyen duquel on peut renouveler aisément et en grande quantité l'air des mines, des prisons, des hôpitaux, etc., traduit de l'anglais d'Étienne Gales, Paris, 1744, in -8°, fig.; 5° Méthode pour traiter les plaies d'armes à feu, traduit de l'anglais de Jean Ramby, Paris, 1745, in 12; 6° Transactions philosophiques de Londres, années 1736, 1746, traduit de l'anglais, Paris, 1758, 1761, 5 vol. in -4°; 7 Table générale des matières contenues dans l'histoire et dans les mémoires de l'académie royale des sciences, tomes V, VI, VII, VIII, IX, X, in-4°, Paris, 1747 et suivans les quatre premiers tomes sont dus à Godin. 8° Lettre à M. Petit sur une maladie de l'œil, 1767, in-8°. C'était une réponse que l'auteur faisait à ce médecin, parce qu'il avait critiqué un rapport dans lequel Demours avait fait l'histoire d'une maladie de l'oeil, survenue après l'inoculation de la petit-vérole. Cette lettre contenait aussi de nouvelles observations sur la structure de l'œil, et quelques remarques générales de pratique, relatives aux maladies de cet organe. 9° Nouvelles réflexions sur la lame cartilagineuse de la cornée, pour servir de réponse à la lettre de M. Descemet, Paris, 1770, in-8°. Ces deux opuscules avaient pour but d'éclairer quelques points de doctrine sur lesquels les médecins contestent encore aujourd'hui et contesteront sans doute aussi long-temps qu'ils voudront deviner la nature au lieu de se borner à observer. Le docteur Demours a publié un Manuel du cavalier, traduit de

l'anglais du capitaine Burdon, et a également inséré dans les mémoires de l'académie des sciences, plusieurs mémoires sur l'organisation du corps vitré, sur la mécanique et les mouvemens de la pupille, et des notices très-intéressantes sur le crapaud mâle qui accouche de la femelle,

DEMOUSTIER (CHARLES-ALBERT), homme de lettres, naquit à Villers-Coterets, le 11 mars 1760, d'un père qui servait dans les gardes-du-corps, et descendait du grand Racine. La famille de la mère remontait aussi à celle de La Fontaine, et ces illustres souvenirs, joints aux dispositions naturelles de Demoustier, lui inspirèrent de bonne heure le goût des belles-lettres. Il se distingua dans les premières études qu'il fit au collège de Lisieux, et suivit d'abord quelque temps le barreau avec succès; mais il l'abandonna bientôt pour se livrer entièrement à la littérature. Il aimait beaucoup la retraite, et c'est à la campagne qu'il composa la plupart de ses ouvrages. Ils sont pour la plupart fort spirituels, mais ils ne sont pas toujours exempts du mauvais goût qui était alors répandu dans la littérature française. Demoustier se fit généralement chérir par son caractère sociable, aisé, par un esprit distingué plein d'agrément, et surtout par une douce tolérance qu'on ne trouve presque ja inais dans le commerce des lettres. Il mourut jeune, le 2 mars 1801, d'une maladie de poitrine. Il aimait tendrement sa mère, dans les bras de qui il succomba; et souvent on l'entendait dire en par lant du bonheur qu'il éprouvait à

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passer sa vie près d'elle: « Le sou»venir des soins rendus à ceux » qu'on aime est la seule consola>>tion qui nous reste quand nous les avons perdus. Il eut dés l'enfance un grand nombre d'amis, parmi lesquels on distingue Collin-d'Harleville et Legouvé, qui lui furent attachés jusqu'à la mort. Ceux qui ont pu le voir >> dans les sociétés, dit un de ses panégyristes, savent quel char» me il y apportait, moins encore par les agrémens de son esprit, » que par une attention constante »à faire valoir celui des autres, »par cette politesse de cœur qui ne peut pas louer dans autrui ce qui » est blâmable, mais qui cherche » du moins à l'excuser. » Le premier de ses ouvrages fut celui quia pour titre: Lettres à Emilie sur la mythologie, 1790, 6 vol. in-18. Il eut un succès prodigieux quand il parut. Il est écrit en prose et en vers, et l'auteur y donne aux femmes des leçons sur la fable. Quoiqu'on y remarque quelquefois un peu trop de prétention et de recherche, nous ne pouvons disconvenir néanmoins que le jugement qu'en portent aujourd'hui quelques critiques ne soit beaucoup trop sévère, et l'on y retrouve à chaque instant ces éclairs brillans d'esprit, cet aimable abandon qui sied si bien dans des lettres à une amie. Elles ont été traduites en anglais d'une ma nière très-élégante. On croit que la personne qui y est désignée sous le nom d'Emilie est l'épouse de M. Benoît, dont nous avons parlé dans notre second volume (voyez BENOIT). La sixième et dernière édition en fut imprimée en

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