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le talent, dans sa fierté, aspirait mort du roi; il propose l'organi

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il assura que c'était moins à la constitution qu'à la philosophie que l'empereur Léopold voulait faire la guerre; et le 20 avril, il vota pour la guerre contre ce prince, après avoir néanmoins demandé le renvoi de la proposition au comité diplomatique. Le général LaFayette était devenu l'objet des attaques de tous les partis; Daverhoult osa le défendre, et, le 21 juin, il brava les clameurs publiques, en parlant contre les actes de la veille. Le 1 juillet, il parvint à obtenir un décret contre le pouvoir excessif des sociétés populaires, et demanda, le 13, que Pétion, maire de Paris, et Manuel, procureur de la commuue, fussent suspendus de leurs fonctions, pour n'avoir point rempli leurs devoirs à la journée du 20 juin. Le même jour, Daverhoult, qui avait obtenu le grade de colonel, donna sa démission comme député, en déclarant qu'il se rendait à l'armée; mais il n'y arriva point. Prêt à être arrêté quelques jours après l'affaire du 10 août, il se brûla la cervelle pour échapper au supplice.

DAVID (JACQUES-Louis), restaurateur de la peinture, est né à Paris en 1750. Si le plus grand peintre de nos temps se fat contenté de ce titre, la tâche du biographe serait aisée. Mais le torrent des troubles civils entraîna cet esprit ardent et cette âme enthousiaste au milieu d'une assemblée politique. Les délibérations

d'un

orageux sénat furent partagées par ce jeune peintre, dont les Souvenirs de Brutus et de Scevola remplissaient l'imagination, dont le talent, dans sa fierté, aspirait

à la farouche indépendance des plus austères républiques. Celui qui devait porter la raison dans les œuvres du génie; celui qui, par la sage simplicité de ses conceptions, devait ramener l'école des peintres français à ce caractère de grandeur calme et noble, abandonné depuis des siècles ; David, enfin, le plus sage des peintres, se rangea parmi les plus exaltés des membres de la convention. Une intimité illusoire et passagère unit dans sa pensée Robespierre et Marius, Collot d'Herbois et Phocion. Il crut voir se réaliser ce beau retour aux mœurs antiques, idoles de son génie. La réflexion ne vint point refroidir cette violente ardeur de patriotisme qui secondait si bien le développement d'un talent supérieur. Cette alliance du peintre et de l'homme politique n'est pas une supposition de notre esprit. Dès 1791, on le voit offrir à l'assemblée constituante son magnifique tableau du serment du jeu de paume; nommé membre de la convention, et tour à tour secrétaire et président de cette assemblée il exécute le tableau de la mort de Michel Lepelletier; décrit à la tribune avec une chaleur déplorable les derniers momens de Marat; propose d'élever un monument en mémoire du siége de Lille; prétend que sa destinée est attachée à celle de l'affreux Robespierre, et fait décréter une pension de 2,400 francs pour les jeunes artistes qui auront remporté des prix en peinture, sculpture et architecture: David parle dans le sens de la Montagne, et vote la mort du roi; il propose l'organi

sation des fêtes civiques qu'il s'engage à diriger; il offre de fournir les dessins de l'arche constitutionnelle, veut faire doter par la patrie les filles des citoyens morts pour elle; donne la première idée du conservatoire du muséum; enfin, on le voit toujours, dans sa carrière politique, unir l'enthousiasme des arts et le fanatisme de la liberté, les illusions d'une égalité impossible et les prestiges d'une imagination pittoresque. André Dumont et Lecointre de Versailles, hommes connus dans les fastes révolutionnaires par leur ⚫ardeur à proscrire et à dénoncer, se joignent au conventionnel Rafron, et parviennent à faire arrêter David, qui ne tarda pas à être mis en liberté sur les réclamations de Chénier et de Bailleul. Arrêté de nouveau au mois de prairial et détenu au Luxembourg, il ne sortit de prison que pour être mis en surveillance, et ne dut son entière liberté qu'à la loi du 4 brumaire an 4. Là se termine dans l'intérêt des arts la vie politique de David: désormais tout entier à son génie, il accomplit cette révolution dans la peinture, qui lui mérite et lui assure le titre de restaurateur et de chef de l'école française. Déjà sa réputation était fixée : Bélisaire, les funérailles de Patrocle, et la mort de Socrate, avaient été exposés aux regards du public. Echappé aux orages politiques, il se renferma dans son atelier, où il forma Gérard, Girodet, Gros, Guérin, et autres élèves devenus maîtres, dont la réunion fait de l'école française une espèce de merveille dans l'histoire des arts. Ce fut a

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lors que David traça cette belle tragédie de Brutus, cette admirable composition des Horaces, et cet enlèvement des Sabines, où tant d'énergie se joint au goût le plus pur et à la sévérité la plus antique. David sembla avoir retrouvé ce beau idéal que les Grecs seuls avaient connu. « Je veux, disait-il à M. Lenoir, fondateur du musée des Petits-Augustins, « je veux que mes ouvrages por»tent le caractère de l'antiquité au »point que s'il était possible qu'un » Athénien revînt au monde, ils »>lui parussent être l'ouvrage d'un peintre grec. » Le secret du gé. nie,de David est contenu dans ce peu de mots. Raphaël a plus de grâce, les coloristes vénitiens ont plus d'éclat; l'idéal de Raphaël consiste dans je ne sais quelle angélique expression des têtes; celui du Corrège dans l'arrondissement des contours; celui de Michel-Ange dans la gigantesque exagération des masses et dans la terrible énergie du dessin. David, en conservant la pureté des formes sans rien outrer, sans rien affecter, fit renaître cette nature sublime et caline que Scopas, Apelle et Protagore avaient montrée à la Grèce; il ressuscita dans ses tableaux toute la beauté surnaturelle de la statuaire antique ; les tableaux du Couronnement de l'empereur et de la Distribution des aigles soutinrent sa réputation sans y ajouter beaucoup. Déjà devant la grâce austère de son pinceau avait entièrement disparu cette école française pleine d'afféterie et d'incorrection; déjà ses nombreux élèves s'élançaient dans des routes différentes, et por

Antiquités d'Herculanum, 12 vol. in-4°, 1780-1798; 2° Histoire d'Angleterre, 3 vol. in-4°, 17841800; 3° les Antiquités étrusques, 5 vol, in-4°, 1785-1788; 4° le Muséum de Florence, 8 vol. in-4o, 1787-1796; 5° Histoire de France, 5 vol. in-4°, 1787-1796; 6o Histoire de Russie, 3 vol. in-4°, 1799;

taient la pureté du goût de leur maître dans la diversité de leurs productions. Le talent correct, moelleux et spirituel de Gérard; le talent fin et suave de Guérin; le talent vigoureux de Gros, et le talent audacieux et brillant de Giraudet, semblaient les fils du génie de David. Au milieu de cette gloire et de l'admiration publi-7° les quatre premières livraisons que, les mesures d'une politique inexorable vinrent frapper l'auteur de Léonidas aux Thermopiles. David fut jeté sur une terre étrangère. Deux compositions d'un ordre plus doux et plus gracieux, Télémaque et Eucharis, l'Amour quittant Psyché au lever de l'aurore, sont jusqu'ici les fruits de

son exil. Le dernier de ces tableaux a été exposé à Bruxelles, et la recette tout entière en a été consacrée aux pauvres de cette ville. En vain le gouvernement prussien a-t-il offert à David la direction des arts de ce royaume; le peintre français a refusé de diriger les crayons de ceux qui venaient de porter des fers dans sa patrie. Réfugié à Bruxelles, ville naguère française, il peut apercevoir du lieu de son exil les limites nouvelles de son pays; et par l'heureuse illusion d'un cœur patriotique, se croire encore habitant de cette belle France qu'il a illustrée. Puisse-t-il y rentrer un jour et ne pas augmenter le nombre des grands hommes français morts sur une terre étrangère!

DAVID (FRANÇOIS - ANTOINE), graveur de la chambre et du cabinet du roi, a entrepris les gravures des ouvrages suivans, qu'il faits lui-même en partie: 1 les

de l'Histoire d'Angleterre, sous le règne de Georges III, 1812; 8° Histoire de France, sous l'empereur Napoléon-le-Grand, 18111815, 24 livraisons; 9° Grand portrait en pied d'Henri IV, roi de France et de Navarre, 1816. M. David a en outre publié les Élémens du dessin, in-8°, 1797, et proportions des plus belles figures de l'antiquité, accompagnées de leurs descriptions par Winckelmann, in-4°, 1798. Il est membre des académies royales de Berlin, de Rouen, etc.

DAVID (JEAN-PIERRE), natif de Dieppe, fut un de ces hommes qui, dès l'aurore de la révolution, subitement éclairés par les principes auxquels la France allait devoir sa régénération politique, les accueillirent avec transport, et résolurent de se dévouer au salut de la patrie. Il était sergent de grenadiers lorsqu'il fut pris par les Anglais. Victime des chances de la guerre, il usa, pour recouvrer sa liberté, et en même temps servir son pays, de cette dissimulation excusable contre laquelle la politique incessamment soupçonneuse n'est pas toujours en garde. Prisonnier des Anglais, il leur demanda du service dans un régiment français à la solde de leur gouvernement; il fut accepté

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