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ue sait avec quene pravoure in ae- établie. En 1791, il exerça les fonc

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soutenu le ministère dans tous ses projets. Lors de la discussion de la loi sur les élections, la défection de son vote et de cinq ou six autres fit rejeter l'amendement de Camille Jordan.

DAULAN (LE COMTE DE), gentilhomme avignonais, fut l'une des quatre victimes que des brigands firent pendre à Avignon dans la journée du 11 juin 1791,, parce qu'il s'opposait à la réunion du comtat à la France. Le marquis de Rochegude, l'abbé Offrey, et Aubert, ouvrier en soie, partagèrent son sort. La populace exerça ensuite sur leurs cadavres des cruautés inouïes qui ne furent que le prélude des massacres de la Glacière.

DAUMESNIL(LEBARON PIERRE), né à Périgueux le 14 juillet 1777, servit d'abord comme simple soldat dans les guerres d'Italie et d'Égypte; passa dans le régiment des guides, et s'y fit remarquer par un courage à toute épreuve. En 1808, il fit partie de l'armée d'Espagne comme chef-d'escadron de la garde impériale, et il se trouvait à Madrid avec une partie de son corps, à l'époque de l'insurrection du 2 mai. Il y courut de grands risques, et eut deux chevaux tués sous lui. Nommé major de la garde en 1809, il eut une jambe emportée par un boulet à la bataille de Wagram. Élevé au grade de général de brigade le 21 février 1812, deux mois après, il fut présenté à l'empereur, qui lui donna pour retraite le gouvernement du château de Vincennes avec le titre de commandant de la légion-d'honneur. Tout le monde sait avec quelle bravoure il dé

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fendit ce poste important contre les troupes alliées, en avril 1814. Après la restauration, il reçut l'ordre de quitter le gouvernement de Vincennes; on lui donna en échange celui de la place de Condé, et il fut décoré de la croix de Saint-Louis. Napoléon, revenu de l'île d'Elbe, rendit au général Daumesnil le commandement de Vincennes. Il s'y montra, en 1815, ce qu'il s'y était montré lors de la première invasion, général expérimenté, excellent citoyen, soldat intrépide; et cette conduite qui lui assure une des premières places dans l'histoire des braves, ne l'empêcha pas d'être mis à la retraite le 8 septembre suivant.

DAUMIER, vitrier de Marseille, est l'auteur d'un poëme qui, diton, mérite quelques éloges. Nous ne savons si ces éloges sont dus à Daumier comme vitrier-poète ou comme poète-vitrier. On assure qu'il possède en portefeuille plusieurs ouvrages estimables, nous le désirons. La recrue serait excellente pour le Parnasse, qui possède déjà maître Adam, menuisier; maître André, 'perruquier; maître François, cordonnier; auprès desquels pourrait s'asseoir maître Daumier, vitrier.

DAUNOU (PIERRE - CLAUDEFRANÇOIS), aujourd'hui député du département du Finistère, naquit à

Boulogne-sur-mer, en 1761. A l'époque de la révolution, il était membre de la savante congrégation de l'Oratoire, et adhéra à la constitution civile du clergé, telle que l'assemblée nationale l'avait établie. En 1791, il exerça les fonc

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tions de grand-vicaire auprès de l'évêque constitutionnel du Pasde-Calais, et fut nommé, au mois de septembre 1792, député de ce département à la convention. La modération de son caractère commandait la confiance, et les amis de la liberté comptaient sur un sage emploi de ses talens et de ses lumières. Cette attente n'a point été trompée. M. Daunou, lorsqu'il fut question de mettre Louis XVI en jugement, se prononça contre cette résolution, et proposa de renvoyer le monarque déchu devant une haute cour nationale. L'assemblée ayant décidé qu'elle prononcerait elle-même sur le sort du roi, M. Daunou vota pour la réclusion de ce prince pendant la guerre, et pour son bannissement à la paix. Cette opinion le fit envelopper dans l'injuste et malheureuse proscription des patriotes désignés sous le nom de girondins, et il partagea le sort des 73 députés arrêtés pour leur énergique protestation contre la fatale journée du 31mai. Détenu avec ses courageux collègues, pendant quinze mois, il rentra, en décembre 1794, à la convention, dont il fut nommé secrétaire le 21 du même mois. Devenu membre de la commission chargée de présenter les lois organiques de la constitution de l'an 3, il fut, pendant 6 mois, rapporteur de cette commission. Le 3 août (16 thermidor 1795), il fut élu président de la convention, entra bientôt après au comité de salut public, et dénonça les manœuvres des sections de Paris contre l'assemblée. Ce fut M. Daunou qui fit adopter la loi sur l'ins

truction publique, restée en vigueur jusqu'en 1805, et dont l'heureuse influence a tant contribué à la dissémination des lumières, si favorables à la conservation de la liberté. Nommé au conseil des cinq-cents, cet illustre publiciste occupa le premier le fauteuil de la présidence. Il se déclara, d'une manière très-énergique, pour le maintien de la loi du 8 brumaire, que réclamaient les circonstances où se trouvait la république, Sorti du conseil en 1797, le directoire le chargea d'or ganiser la république Romaine. Les élections de 1798 le ramenėrent de nouveau au conseil des cinq-cents. Une députation de l'institut étant venue rendre à l'assemblée le compte annuel de ses travaux, M. Daunou, président, lui adressa une réponse où l'on remarquait les passages suivans « Le temps n'est plus où le »royalisme nous menaçait de re» construire les écoles de la su» perstition et de l'esclavage. Puis»sent, désormais, celles de la philosophie et de la république rem» plir de plus en plus les vœux que >> vous formez pour elles! c'est l'instruction qui rend libres les »peuples qui sont opprimés; mais c'est encore elle qui doit rendre ajustes, forts et heureux ceux qui sont libres. Il faut le dire: du»rant ces premières années de la » liberté française, la reconnais»sance nationale s'attachera spé»cialement à ce que vous ferez » pour la renaissance de l'éduca

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tion, pour la culture des jeunes »élèves de la patrie, pour le per>>fectionnement des livres élémen taires, pour les progrès des ins

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>titutions républicaines, pour la régénération des mœurs, en un mot, pour la propagation des »idées et des sentimens qui conviennent le plus à des hommes libres. Il n'y a point de philosophie sans patriotisme, et de génie sans âme républicaine. » M. Daunou vit avec douleur la révolution du 18 brumaire, et se retira de l'assemblée de SaintCloud quand on le nomma membre des commissions intermédiaires. Il refusa aussi les fonctions de conseiller-d'état, que lui offrit le premier consul, et ne voulut accepter que celles de tribun. Après la mémorable journée de Marengo, il célébra les triomphes des armées françaises, et demanda des honneurs pour la mémoire du général Desaix. En janvier 1801, il combattit comme inconstitutionnel le projet de loi pour la création des tribunaux spéciaux. Son dévouement aux libertés publiques le fit comprendre dans la première élimination du tribunat, en 1802; et ce vertueux citoyen retourna tranquillement aux fonctions de conservateur de la bibliothèque du Panthéon. Il présida aussi l'institut, dont il prononça le discours d'ouverture le 10 avril 1806. A cette époque, il avait déjà remplacé le célèbre Camus dans l'emploi d'archiviste du corps législatif. Il devint ensuite archiviste de l'empire et reçut la croix de la légion, qui, dans l'ordre civil, fut rarement décernée à un mérite plus éminent. La restauration priva M. Daunou de son emploi d'archiviste. Depuis cette époque, est devenu principal rédacteur du

Journal des Savans; et les suffrages des professeurs du collège de France et des membres de l'académie des inscriptions et belleslettres, l'ont appelé à la chaire d'histoire au collège de France, vacante par la mort de M. Clavier. Élu député par le département du Finistère, il a soutenu, dans les dernières sessions législatives, la réputation de patriotisme et de talent qu'il avait acquise à si juste titre. Tous ses votes ont été en faveur de la liberté contre l'invasion de l'arbitraire. Sa pensée tout entière est renfermée dans le passage suivant de son discours sur la liberté individuelle. « Je » rappellerais bien, dit-il, quels » ont été les funestes effets des »lois arbitraires; comme elles ont »porté, à tant de reprises, l'afflic>>tion dans les familles, la désola»tion dans les provinces, la con>> fusion dans le royaume; comme elles ont entretenu les discor»des, armé et blessé tous les par»tis, nourri et renouvelé le des»>potisme, ranimé l'anarchie, ren

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versé l'un sur l'autre tous les » gouvernemens, faibles ou forts, imprudens ou timides: mais s'il » fallait dire quel bien l'arbitraire » a opéré, quels périls il a détour» nés, quels désastres il a préve»> nus; non, dans cette longue et »> lamentable histoire des événe» mens qui se sont accumulés sous » sa perpétuelle influence, je ne >> trouverais pas un seul fait à ci>>ter. » M. Daunou, au milieu de ses fonctions civiles et politiques, n'a jamais négligé la culture des sciences et des lettres. Ami intime de Chénier, il a protégé sa mémoire contre la calomnie, et

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