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SIXIÈME VOLUME.

(L'article Estève, inséré au 6 volame, doit être remplacé par l'article suivant, plus étendu et plus exact).

ESTEVE (JEAN-BAPTISTE, BARON), maréchal-de-camp, officier de la légion d'honneur et chevalier de Saint-Louis, naquit à Entrecasteaux, département du Var, le 3 janvier 1768. H prit les armes dès l'âge de 16 ans, entra dans le régiment de Normandie, passa ensuite dans la gendarmerie, et obtint successivement, par de beaux faits d'armes, tous ses grades sur le champ d'honneur. En l'an 5, s'étant élancé un des premiers sur la brèche de la redoute dite Merlin, devant Mayence, où il reçut deux blessures graves, il fut promu au grade de sous-lieutenant. S'étant de nou veau distingué pendant les premiè res campagnes de l'armée de Sambre-et-Meuse, il fut nommé lieutenant dans la légion franche, ensuite capitaine dans le même corps, et aide-de camp du géné ral de division Quantin, en messidor de l'an 6. Capitaine adjoint auprès de l'adjudant-général Boissier en l'an 8, attaché ensuite à la division de l'intrépide-général Lannes, il se distingua à la bataille de Marengo, où il eut 3 chevaux tués sous lui, et fut nommé, par le premier consul, chef de bataillon sur le champ de bataille. Il fit depuis partie de l'expédition de SaintDomingue, commandée par le gé néral Leclerc. A la retraite de

Dondon, le 9 germinal an 10, il fut chargé du commandement de l'arrière-garde, qui n'était forte que de 300 hommes. Entouré d'un corps de 6000 Noirs, commandés par Christophe, il soutint le combat pendant 4 heures. se fit enfin jour après plusieurs charges à la baïonnette, et fit éprou ́ver à l'ennemi, de son aveu même, une perte de 800 hommes. M. Estève reçut,dans cette affaire, un coup de feu qui lui traversa la poitrine, et un autre à travers le bras. Revenu en France, il reçut à une grande parade des Tuileries, un sabre d'honneur de la main du 1" consul, passa chef de bataillon dans le 2 régiment de la garde de Paris, et fut nommé, le 12 juillet de l'année suivante, major dans le 1" régiment de la même garde. A la tête de 2 bataillons de cette garde, il se rendit en Espagne, et fit partie du corps d'armée commandé par le général Dupont. Il se distingua à l'affaire du pont d'Arensia, le 7 juillet 1807; enleva la tête du pont, défendue par 6 pièces d'artillerie; culbuta les 1500 hommes qui occupaient ce poste important; et fut, pour sa belle conduite en cette occasion, promu par l'empereur au grade de colonel. Ayant été fait prisonnier avec tout le corps du général Dupont, par suite de la malheureuse capitulation de Baylen, et jeté sur le ponton la Vieille-Castille devant Cadix, il fut un de ceux

que. Le 4 juin, il rencontra, dans les sables de Mathès, un corps vendéen,commandé par LaRocheJaquelin. Le général Estève ayant des forces inférieures, suppléa au nombre par l'habileté de la manoeuvre. Il fit d'abord battre la retraite, et ordonna à ses voltigeurs, déjà aux prises avec l'ennemi, de se disperser en eriant : sauve qui peut. La Roche-Jaque

qui, par l'entreprise la plus har die, en coupant le câble de ce ponton, et en passant sous toutes les batteries ennemies,parvinrent à sortir de captivité, et à rendre 500 officiers français à leur patrie. Employé avec le 118 régiment, dont il venait de recevoir le commandement, il passa dans le royaume de Léon. Attaqué par 4000 hommes d'infanterie et de cavalerie espagnole, il les repous-lin se mit aussitôt à la poursuite sa, et leur tua 800 hommes. Le ́22 juillet, à ́la bataille de Salamanque, où le général Marmont commandait l'armée française, le colonel Estève chargea,à la tête de son régiment, une batterie anglaise de 8 pièces de canon, et fut encore grièvement blessé. L'empereur lui confia bientôt le commandement du 4 régiment de voltigeurs de sa garde, et le nomma général de brigade à Dresde, le 25 juillet 1813. Il fit partie, dans cette campagne, du corps commandé par le maréchal Ney,et fut désigné, après la retraite de Léipsick, pour commander Mayence sous les ordres du général Morand. En 1814, le général Estève fut envoyé dans la Vendée, et servit sous les ordres des généraux Travot et Lamar

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SEPTIÈME

(L'article consacré au comte FAGNANI dans le 7 volume de cet ouvrage, ayant été fait sur des documens inexacts, nous állons rétablir cet article d'après des renseignemens auxquels on doit accorder toute confiance.)

FAGNANI (FRÉDÉRIC, COMTE), appartient à l'une des familles patriciennes les plus distinguées de Milan. Il fut, non comme le

des prétendus fuyards, et le général Estève revenant sur ses pas, le prit en flanc, l'attaqua au pas de charge, culbuta tout ce qui se trouva sur son passage, et rejeta les débris de ce corps dans les marais de Chatant. C'est dans cette affaire que La Roche-Jaquelin fut tué. Après avoir fourni une carrière militaire si honorable, et avoir prodigué son sang pour la patrie, le général Estève ne s'attendait pas à être, contre son væu, mis à la retraite, à l'âge de 47 ans, comme il le fut en 1815, quoiqu'il eût encore le pouvoir et le désir de servir utilement son pays. Mais on le retrouverait toajours au premier rang des braves, si le sol sacré de la patrie était de nouveau menacé par l'étranger.

VOLUME.

disent les auteurs de la Biographie des hommes vivans, chambellan du vice-roi, mais bien chambellan du roi d'Italie, et conseiller-d'état. Les mêmes biographes avancent que l'empereur Napoléon méditant l'expédition qu'il entreprit en 1812, le prince vice-roi envoya le comte Fagnani en Rose

sie, avec la mission d'explorer l'empire russe sous le voile d'un voyage de plaisir. Ces assertions sont complètement fausses. Le counte Fagnani partit de Paris au mois de juin 1810, pour se rendre dans le nord de l'Europe, et à cette époque, rien ne faisait présager une guerre entre la France et la Russie. Loin de se rendre directement à Saint-Pétersbourg, il voyagea auparavant dans le nord de l'Allemagne, dans le royaume de Danemark et en Suède; le goût des voyages et le désir d'acquérir des connaissances, ont été le seul motif de son absence d'Italie. Il n'avait reçu aucune instruction qui se rattachât à la politique; et sa double qualité de chambellan et de conseiller-d'état ne lui permettait de remplir aucune mission secrète. Les biographes que nous avons déjà cités, traitent assez inal un recueil de lettres qu'il publia à Milan en 1813, principalement sur la Russie, Lettera sulla Russia. Ce recueil en 2 vol., parut en un seul en 1812, époque où la liberté de la presse était très-restreinte dans le royaume d'Italie. Ces juges sé vères auraient dû accorder quelque attention à cette circonstance, avant de porter un jugement quelconque sur l'intérêt de cet ouvrage, lors même qu'ils auraient connu les premières lettres imprimées en 1812, ce qui n'est guere probable. Le cointe Fagnani a encore fait imprimer à Milan, en 1820, Osservazioni di economia campestre fatte nello stato di Milano.

FALCK (ANTOINE-Reinhard), savant hollandais, homine d'état

et membre de l'institut royal des Pays-Bas, est né à Amsterdam, en 1776. Après avoir été secrétaire d'ambassade en Espagne, il revint dans sa patrie, où il ne tarda pas à remplir le poste de secrétaire-général du ministère des colonies. Lors de l'abdication du roi Louis, M. Falek se retira des fonctions publiques, et se livra exclusivement à la culture des lettres jusqu'en 1813, époque où il fut nommé par ses concitoyens capitaine de la garde nationale d'Amsterdam. II seconda par son éloquence leurs efforts pour recouvrer la liberté nationale. Il contribua puissamment et de tous ses moyens à la révolution qui rétablit l'indépendance de la Hollande, dont les écrivains s'empressèrent à l'envi de lui témoigner la reconnaissance publique. Dès l'origine de cette révolution, il fut appelé au secrétariat du gouvernement provisoire; puis nommé secrétaire-d'état, lorsqu'en mars 1815, le prince d'Orange inonta sur le trône des Pays-Bas. Enfin, en 1818, ce monarque l'éleva au triple minis tère de l'instruction, de l'industrie nationale et des colonies. La même année, on inséra dans les mémoires de l'institut des PaysBas, un ouvrage de M. Falck, qui a obtenu beaucoup de succès, sous le titre de Traité de l'influence de la civilisation hollandaise sur les peuples du nord de l'Europe, et principalement sur les Danois. Le professeur Vanhemert a publié aussi dans son Magasin critique, divers ouvrages philosophiques du même auteur. Avant de terminer cette courte notice sur

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un homme que distinguent ses rares talens et son patriotisme énergique, etc., nous citerons le portrait que le professeur Vander -Palm, un de ses compatriotes les nieux à même de l'apprécier, en a donné dans l'ouvrage hollandais qui a pour titre : Monument de la restauration de la Hollande en 1813. «Il est peu d'hommes, dit>>il, qui réunissent autant de gran» des qualités de cœur et d'esprit » que M. Falck formé par la lec>>ture des anciens et par de pro» fondes études, qui lui ont fait » obtenir, comme savant, une pla. »>ce dans l'institut des Pays-Bas; » doué d'un sens droit et d'un goût »pur, connaissant les hommes, » extrêmement poli, il est égale»>ment à sa place dans le rang des » savans, dans la bonne société, et » dans l'assemblée des hommes >> d'état. M. Falck est recommandable à plus d'un titre. Ce n'est pas seulement un homme d'état et un homme de lettres de la plus haute distinction, c'est aussi un honnête homme. Trèsdifférent de ces esprits versatiles qui abondent partout et mêmedans son pays, M. Falck, qui sons l'empire d'un peuple étranger n'avait pas cessé d'être Hollandais, n'a pas oublié qu'un moment il avait servi sous un prince français, et ne s'est pas cru obligé, pour le faire oublier, de persécuter les Français que

le malheur des temps avait poussés jusqu'en Belgique. Il les a servis autant que sa situation le permettait, autant que ses devoirs pouvaient se concilier avec l'intérêt qu'il leur portait, intérêt qu'il n'a jamais dissimulé. Ce fait est bon à rappeler, comme il est

T. VIII.

bon de rappeler aussi que pendant les révolutions qui ont agité son pays, M. Falck toujours patriote s'est abstenu de toute exagération, et n'a jamais eu un seul acte de persécution à se reprocher.

FAREZ (MAXIMILIEN), ancien avocat au parlement de Paris ex-membre du corps-législatif, ex-député en 1814, membre de la légion-d'honneur et de l'ancien ordre de la Réunion, est né à Villers-Plouich le 10 février 1769. M. Farez exerçait les fonctions d'avocat lorsqu'il fut nommé, en 1791, professeur de belles-lettres au collège de Cambrai. A la suppression de cet établissement, les suffrages des habitans de cette ville le portèrent aux fonctions de juge-de-paix. En août 1792, il se prononça franchement, dans une assemblée primaire, pour le maintien d'une monarchie constitutionnelle. Cette opinion franche et loyale indisposa contre lui les hommes exagérés qui ne cherchaient dans une révolution salutaire que les moyens de satisfaire leurs passions haineuses ou leur ambition sans bornes. Membre du conseil municipal de Cambrai en 1793, il y dictà la répouse énergique par laquelle la ville refusa d'ouvrir ses portes au général autrichien de Boros, qui sommait la place de recevoir les troupes des puissances coalisées contre les Français. Peu de temps après, il défendit avec courage, quoique sans succès, M. Letellier, secrétaire de la municipalité, traduit devant le tribunal criminel jugeant ultra-révolutionnairement. Nommé procureur-syn-` dic du district, il en exerça les

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fonctions, soit sous ce titre, soit sous celui d'agent national, dans les circonstances les plus critiques. La probité et le patriotisme furent ses guides; mais sa pitié pour le malheur le rendit suspect à Joseph Lebon, qui allait le faire proscrire lorsque la révolution du 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794) mit un terme aux vengeances du sanguinaire proconsul. En l'an 4, comme parent d'émigré, il fut obligé de cesser toute fonction publique. Il ne fut réemployé que vers 1800, qu'il fut nommé à la fois membre du conseil-général du département du Nord, et commissaire du gou vernement près le tribunal civil de Cambrai. Trois fois élu au corps - législatif, il se vit, en 1811, nommé par le sénat le premier des 8 députés du départeinent du Nord. Ce fut lui qui, par un mémoire signé d'un grand nombre d'autres députés, provoqua la loi si nécessaire du 12 mai 1806, contre les menaces d'incendie. Souvent honoré du suffrage de ses collègues, il fut secrétaire du corps-législatif pendant la session de 1809, et membre de la commission de législation. En 1813, il fut nommé chevalier de l'ordre de la Réunion. Il assista, en 1814 et en 1815, aux deux premières sessions de la chambre des députés. Il y fit partie des commissions de la liberté de la presse, de comptabilité et de la remise des biens non vendus des émigrés. Ce fut lui qui, le premier, proposa une loi sur la responsabilité des ministres. Son projet, dont la chambre ordonua l'impression le 26 ayût 1814, fut sou

mis à une commission qui le nomma son rapporteur. Le rapport qu'il fit et son résumé à la fin de la discussion furent aussi imprimés par ordre de la chambre; mais le ministre parvint à faire nommer une autre commission, dont il ne put pourtant écarter l'auteur de la proposition originaire. M. Faget de Baure fut chargé du nouveau rapport; mais à peine la proposision fut-elle adoptée, que la session fut close, ce qui rendit le projet comme non-avenu. Après avoir participé à la session du mois de mars 1815, M. Farez fut nommé, par le département du Nord, membre de la chambre des représentans. A son retour dans ses foyers, il fut en butte à la calomnie et déchiré dans vingt pamphlets anonymes. Il dédaigna d'y répondre. Peu de jours après, le collége électoral lui donna une nouvelle preuve d'estime en le nommant son secrétaire. Depuis 15 ans, il était investi du ministère public près le tribunal de Cambrai. Sur une dénonciation anonyme d'individus personnellement intéressés à son remplacement, il fut destitué. Il ne put se justifier de griefs qu'il ignorait et qu'il ne connaît point encore. Il avait élé nommé, en 1814, avec ses collègues de députation à la chambre, membre de la légion-d'honneur. M. Farez peut être compté au nombre des hommes recommandables de notre époque, par leur probité politique et par un attachement sincère à leur patrie. Magistrat éclairé, député courageux, il ne s'est jamais écarté de la ligne constitutionnelle qu'il a

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