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à des maux de toute espèce. Le feu; mais on leur dit que le roi joug de fer sous lequel gémissaient était malade, et aucune ne lui les citoyens, finit par leur devenir obéit. On proposa alors au duc insupportable. Des plaintes et des de Sudermanie de reprendre les murmures éclatèrent parmi le peu- rênes de l'état en qualité de réple et les troupes, et jusque dans gent provisoire, jusqu'à la réule conseil-d'état du souverain. On nion des états-généraux, qui fuconjurait Gustave de faire la paix, rent convoqués de suite. Après ce moyen étant le seul de sauver quelque hésitation.ce prince y con sa personne et le royaume. Mais, sentit, et la révolution se trouva sourd à ces prières, il venait de ainsi consommée en peu d'heures donner des ordres pour une nou- et sans aucune opposition. Gustave velle levée d'hommes, quand on fut transporté dans la journée au apprit que l'armée qui combattait château de plaisance de Drottning. les Danois avait conclu un armis- holm, où là reine, à qui on avait tice, et marchait sur Stockholm. donné les assurances les plus forLes Russes, après la conquête de melles qu'il n'arriverait plus rien la Finlande, avaient passé dans les de fâcheux à ce prince, vint le îles d'Aland, et ne se trouvaient joindre avec ses enfans. Dès le aussi qu'à vingt lieues de la capita- lendemain il écrivit et signa de sa le. Le roi se disposait à en sortir, main la déclaration suivante: « Au et à commencer la guerre civile » nom de Dieu, nous, Gustaveà la tête des troupes sur lesquel-Adolphe, roi de Suède, faisons les il comptait encore; les ordres savoir qu'ayant été proclamé, de départ étaient donnés, lorsque, il y a sept ans aujourdhui, et dans la matinée du 13 février 1809, »ayant monté sur un trône souilles généraux Klingsporre, Adel-lé du sang de notre bien aimé creutz. et le maréchal de la cour » et bien respecté père, nous reSilversparre, forcèrent la consigne »grettons de ne pouvoir faire le à la porte du roi, et entrèrent bien de cet ancien royaume. Mainchez ce prinée pour lui représen. >> tenant que nous sommes convainter l'état déplorable des affaires, »>cus que nous ne pouvons pas con-. et le supplier de changer de sys- »tinuer plus long-temps nos fonctème ou de cesser de régner. » tions royales, et conserver l'ordre Gustave voulut tirer son épée et » et la tranquillité dans ce royause jeter sur eux; mais serré » me, nous considérons comme daus un habit étroit, et gêné dans » un devoir sacré d'abdiquer notre tous ses mouvemens, avant que » » dignité royale et notre couronne, le fer ne sortît du fourreau, »> ce que nous faisons par les préprince fut saisi et porté dans sentes, librement et sans conune chambre du château et gardé » trainte, ponr passer les jours qui à vue. Il s'échappa un moment, »nous restent dans la crainte et fut bientôt repris et reporté dans le service de Dieu, désirant que la même chambre. En passant de- »tous nos sujets et leurs descenvant les sentinelles de l'intérieur » dans jouissent de plus de bondu château, il leur cria de faire wheur et de prospérité à l'ave

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»nir. » Les états de Suède proclamèrent le duc de Sudermanie roi sous le nom de Charles XIII, le 3 juin 1809; décrétèrent l'exclusion perpétuelle de Gustave et de ses enfans du trône de Suède, et leur interdirent tout séjour dans ce royaume, en assignant toutefois une pension considérable pour l'entretien de la famille royale au dehors du pays. La même diète annihila les lois de Gustave III, et particulièrement l'acte dit de sûreté (voy. l'article précédent,. Une nouvelle constitution qui garantit la liberté des citoyens comme les droits du souverain fut décrétée. La paix fut conclue avec la France, la Russie, la Prusse et le Danemark, mais la Suède perdit en entier le grandduché de Finlande et les îles d'Aland, cession qui diminua de près d'un tiers ses possessions territoriales, et lui fait éprouver encore, malgré la réunion de la Norwège, des privations pénibles et de bien douloureux souvenirs. Du château de Gripsholm, où Gustave avait été transféré avec sa famille, il passa, en 1810, sur le continent, et parcourut quelque temps l'Allemagne sous différens noms. Se trouvant à Pillau, dans les domaines de la Prusse, il tenta de se rendre à bord d'un des vaisseaux anglais en station devant ce port. Un jeune homme, à qui il s'était confié, lui avait fourni un bateau et quatre rameurs; mais au moment de mettre au large, le cominandant d'un poste prussien menaça de faire feu sur l'embarcation, et déclara à Gustave, au nom du roi de Prusse, qu'il Jui était interdit de passer sur la

flotte anglaise, comme d'aller en Suède, mais qu'il pouvait voyager librement en Allemagne ou en Russie. Le prince se rendit alors à Pétersbourg, où il eut une entrevue avec l'empereur Alexandre; mais il quitta bientôt ce pays, et s'embarqua, en octobre 1810, à Memel, pour l'Angleterre, où il fut parfaitement accueilli. On ignore pour quel motif particulier de mécontentement il quitta, depuis, l'Angleterre plus brusquement encore que la Russie. S'étant rendu en Danemark, il y demanda la protection de ce gouvernement, qu'il obtint, séjourna quelque temps à Altona, et se montra même à Hambourg, quoi-/ que cette ville fût alors occupée par les Français. Il visita fréquemment un établissement de frères moraves, dans le Holstein, et annonça bientôt le dessein de s'associer à eux; mais ces paisibles sectaires, dont l'association est fondée sur des principes d'égalité parfaite, craignirent d'avoir un prince au milieu d'eux, et déclinèrent ses offres. Gustave, qui portait alors le nom de comte de Gottorp, se rendit à Bâle, en Suisse, et annonça, par les feuilles publiques, à toute la chrétienté, qu'il allait entreprendre un voyage en terre-sainte, invitant les fidèles à le joindre et à l'accompagner à Jérusalem. Il proposa, de plus, l'établissement d'un ordre nouveau, dont il serait le chef, qui porterait le nom de Frères noirs, et qui serait composé de pèlerins pris parmi tous les peuples de l'Europe. Les frères noirs, selon les statuts qu'il publia à la suite de son invitation,

devaient porter un costume lugubre, et laisser croître leur barbe, en signe, de leur résolution inébranlable. Le comte de Gottorp se chargeait, il est vrai, d'une grande partie des frais de l'entreprise; cependant chaque pèlerin devait se munir d'une somme d'argent pour le voyage. Cette pièce singulière se terminait par l'exhortation suivante : « 0 >> vous qui vivez dans l'aisance et >> l'abondance, vous qui jouissez » dans le sanctuaire de la religion » de tous les avantages d'une exis>>tence heureuse, n'oubliez pas >> les gardiens du tombeau sacré, » qui n'est plus protégé par les >> armes de nos frères, et qui n'a >> pas d'autre appui que des prières >> ferventes. » La tiédeur des peuples qui ne répondirent point à l'appel de Gustave, fit échouer le projet que ce prince avait conçu,et le voyage n'eut point lieu. Un appel fait aux souverains de l'Europe, en 1815, ne réussit pas davantage. Changeant encore une fois de nom, le comte de Gottorp avait pris un titre plus élevé, et, s'intitulant duc de Holstein, il choisit pour son envoyé au congrès de Vienne, sir Sidney Smith, comme ancien officier supérieur de la marine suédoise, et commandant de l'ordre de l'Épée. Il chargea cet officier de remettre au congrès une déclaration relative à ses droits au trône de Suède, et rappelait dans cette pièce diplomatique aux souverains : « qu'il n'a>> vait été détrôné que par l'in>>fluence de Napoléon, avec qui »>il avait refusé d'avoir aucune re»lation depuis la mort du duc d'Enghien; que la nation sué

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»doise, en l'excluant du trône, » n'avait fait que céder à une nécessité politique et aux menaces »des grandes puissances; que »forsqu'il signa son acte d'abdi»cation il était prisonnier; qu'il n'avait point renoncé cependant » aux droits de son fils; et qu'il espère que ce prince, parvenu » à sa majorité, saura se pronon»>cer d'une manière digne de lui >>et de ses illustres aïeux; qu'au >> surplus il ne demandait point le »>trône pour lui-même. » Cette note n'obtint pas de réponse offi cielle du congrès; mais plusieurs articles en réfutation furent insćrés dans les journaux de l'Allemague. Le droit des états de Suède de choisir leurs souverains et d'é tablir la succession à la couronne, avait été tant de fois solennellement reconnu, qu'ils en avaient usé en élevant un simple citoyen, Gustave Wasa, au trône, el encore en ces derniers temps, après la mort de Charles XII, en choisissant Frédéric 1, à l'exclusion du duc de Holstein, neveu et le plus proche héritier de Charles; et ensuite Adolphe Frédéric, l'aïeul de Gustave même. Il aurait fallu subjuguer, à main armée, la Suède, pour lui imposer un roi qui n'aurait pas été de son choix, et le congrès des monarques n'y parut nullement disposé. Sur quelques observations venues, dit-on, du Danemark, Gustave renonça an titre de duc de Holstein, et se fit appeler le colonel Gustafson, nom qu'il porte encore aujourd'hui. En 1817, il sollicita et obtint le droit de bourgeoisie à Bâle, et l'ex-roi de Suède est ainsi devenu citoyen d'une république. Il paraît cepen

dant préférer le séjour de Francfort à celui de la Suisse, et y vit très-retiré avec la plus stricte économie, n'ayant près de lui qu'une dame, et un seul domestique, ture de naissance, qu'il prit à son service dans le temps qu'il projetait son voyage à Jérusalem. Gustave était époux aussi sévère que monarque impérieux; la jeune reine Frédérique, douée des plus heureuses qualités, chérie et respectée de tous ceux qui approchaient de sa personne, ne parut pas heureuse tant qu'elle occupa le trône de la Suède. Gustave se sépara d'elle dès les premiers jours de son exil; on parla même de sévices graves à cette occasion, et un divorce formel a été prononcé depuis. Il a eu.de cette princesse deux fils, dont un mort en bas âge, et quatre filles. Son fils, le prince Gustave, est né le 9 novembre 1799, et une de ses filles a épousé un prince de Bade, frère du grand-due régnant. GUTTENBERG (CHARLES), CElèbre graveur, né à Nuremberg, en 1744, et mort à Paris, en 1799, a composé plusieurs ouvrages où l'on remarqué une touche fine et brillante. Les principaux sont: La suppression des ordres monastiques dans toutes les villes soumises à Joseph II.empereurd'Allemagne, grande estampe, d'après Franck de Liége, et une fort jolie copie de la Mort du général Wolf.

GUYARDIN (Louis), fut nommé, en 1789, par les trois ordres réunis du bailliage de Langres, député à l'assemblée nationale, où il remplaça M. de La Luzerne. En 1791, député à la convention, par le département de la Haute-Mar

ne, il vota la mort du roi, sans appel et sans sursis. Chargé de diverses missions aux armées, et dans l'intérieur de la France, il disait, dans une lettre adressée à la société des jacobins, « qu'il ri»valisait d'énergie avec Saint-Just >> et Lebon, dans les départemens » du Rhin. » Après la chute de Rybespierre, il fut accusé, à cause des excès commis durant sa mission: il s'excusa en rappelant à l'assemblée les circonstances dans lesquelles la France se trouvait alors. La révolution du 18 brumaire le fit nommer président du tribunal criminel de la HauteMarne. Il devint ensuite juge d'appel à Dijon, et fut, en 1811, époque de la réorganisation judiciaire, confirmé dans les mêmes fonctions, sous le titre de conseiller à la cour royale. La loi d'amnistie du 14 janvier 1816 le força de quitter la France. Il se retira en Suisse, où il mourut quelques mois après.

GUYE (NICOLAS-PHILIPPE), maréchal-de-camp, commandant de la légion d'honneur et chevalier de Saint-Louis, né à Montluçon, le 1 mai 1773, servit avec distinetion sous les divers gouvernemens qui se sont succédé en France. Il fut nommé, en 1814, commandant de la légion d'honneur, et parvint au grade de maréchal-de-camp dans les premiers jours de janvier 1814. Le roi le иomma chevalier de Saint-Louis en mars 1815. Il fit partie de la division du prince de la Moskowa, et commanda, à la malheureuse affaire de Mont-Saint-Jean, une division de la jeune garde. Appelé comme témoin dans le procès du

maréchal Ney, sa déposition ten dit à atténuer la gravité de quelques-uns des faits reprochés à cet illustre guerrier.

GUYES (N.), exerçait en 1792 la profession d'avocat à Aubus son, lorsqu'il fut nommé par le département de la Creuse, député à la convention nationale. Dans le procès de Louis XVI, il se prononça pour la peine capitale, et rejeta l'appel au peuple et le sursis. Après la session, il fut nomné commissaire du directoire. Il n'exerça aucune fonction sous les gouvernemens qui suivirent. Guyes est mort depuis plusieurs

années.

GUYET (A. N. ISIDORE), né à Paris en 1781, débuta dans les journaux par des articles sur la peinture et les antiquités. Le compte qu'il rendit dans le Publiciste de l'exposition des objets d'art conquis pendant la campagne de Prusse et de Pologne, le mit en rapport avec M. Denou, qui le choisit pour secrétaire particulier. La spoliation du musée, et les persécutions auxquelles quelques-uns de ses amis furent en butte en 1815, le lancèrent dans la polémique, Il se retira volontairement à Bruxelles, où il coopéra avec M. Cauchois-Le inaire à la publication du Nainjaune réfugié, du Libéral et du Vrai libéral. Compris tous deux dans la même mesure qui les bannissait du royaume des PaysBas, ils réclamèrent ensemble aux états-généraux, et firent paraître à cette occasion un ouvrage intitulé: Appel à l'opinion publique (voy. CAUCHOIS-LEMAIRE). N'ayant pu obtenir justice, il

quitta la Hollande, se réfugia en Angleterre, puis il revint en Fran ce en 1819, où il prit de nouveau part à la rédaction de quelques écrits périodiques. La Renommée, dont il était rédacteur en chef, ayant été supprimée, il passa plus tard à la rédaction du Cour rier Français, M. Isidore Guyet est auteur de plusieurs mémoires sur les arts et sur les monumens de Paris, mais il n'a mis son nom à aucun de ses écrits.

GUYET-LAPRADE (N.), nom. mé, en septembre 1792, député à la convention par le département de Lot-et-Garonne, se prononça daus le procès du roi pour la détention, et vota l'appel et le sursis. Il passa au conseil des. cinq-cents par suite de la réélection des deux tiers, et sortit de ce conseil en 1798. Il parait que M. Guyet-Laprade n'a pris aucune part aux événemens politiques de puis cette époque.

GUYETAND (CLAUDE-MARIE), né en 1748, à Septmoncel, village de la terre de Saint-Claude, commença ses études à SaintClaude et les termina à Besançon. Destiné à l'état ecclésiastique, il fut admis au séminaire; mais il le quitta bientôt: la nature l'avait fait poète : il céda à sa vocation. Avant de prendre un parti, il donna, pour subsister, des leçons de littérature et de mathématiques. Enfin, persuadé que Paris lui of frirait les ressources qui lui manquaient dans son pays, il partit pour s'y rendre, avec peu d'argent, mais porteur d'une lettre de recommandation pour l'abbé Sabatier, auteur des Trois siècles de la littérature. A peine arrivé, il court

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