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ver que si Guillard écrivait avec une certaine élégance, que s'il s'entendait bien à disposer le plan d'une tragédie lyrique, il fut absolument dépourvu d'invention. Dans le catalogue de ses ouvrages, il s'en trouve peu, en effet, dont les sujets lui appartiennent;encore a-t-il fait saint Louis en Egypte avec M. Andrieux, et le Casque et les Colombes avec Collin d'Harleville. Ducis enfin peut réclamer les plus beaux traits d'OEdipe à Colone. Cependant, quand on compare les titres de Guillard à ceux de certains académiciens, on peut s'étonner de ce que la préférence ne lui a pas été accordée sur eux. Il s'était rendu célèbre dans un genre où il n'a eu long-temps pour émule que l'au teur de Phèdre, de Nephté et de Stratonice (voy. HOFFMAN), et en vers qui l'académie n'a pas été plus juste. Ce genre de composition dra matique devrait aussi donner droit d'entrer dans ce corps qui ne sem. ble pas complet, si tous les genres de littérature n'y sont pas repré

sentés.

GUILLAUME V, prince d'Orange, naquit à la Haye, le 8 mars 1748, et succéda à son père dans la dignité de stathouder de la république de Hollande, le 2 octobre 1751. Il épousa, en 1767, Frédérique - Sophie-Wilhelmine, sœur du roi de Prusse FrédéricGuillaume II, princesse douée d'éminentes vertus, d'un caractère mâle et énergique. Ce mariage devint cependant en partie la cause des troubles qui agitèrent si long-temps la république des sept Provinces-Unies. L'ambition d'une princesse, petite-fille et sœur

de monarques absolus, se trouva bientôt peu satisfaite d'une alliance avec le premier citoyen d'un peuple libre. Guillaume V, quoique prince, était, en sa qualité de stathouder, bien moins le maître que le serviteur de l'état. Elle vou. lut que son époux devînt un souverain indépendant, investi de la même autorité que les rois de l'Europe. Ce désir, si conforme d'ailleurs aux vœux secrets des derniers princes de l'illustre maison d'Orange, fut très-sincèrement partagé par Guillaume V; mais un parti puissant s'opposa avec courage à tous les efforts faits par le stathouder pour étendre ses prérogatives. Les patriotes hollandais, très-nombreux, eurent le dessus dans plusieurs villes et provinces. Ils furent d'abord soutenus par la France, pendant le règne de Louis XVI, et sous le ministère du comte de Vergennes, qui les abandonna plus tard. Guillaume avait recherché l'alliance de l'Angleterre, et lui fut constamment dévoué. Lorsque la guerre éclata entre cette puissance et la France, les états-généraux prirent, de leur côté, la résolution de s'unir avec les puissances du Nord, qui venaient de se déclarer pour une neutralité armée, et qui surent la faire respecter, à l'aide des flottes combinées qu'elles mirent alors en mer. Les négociations de la Hollande avec la Russie, la Suè de et le Danemark, furent interrompues par les hostilités de l'Angleterre, qui donna ordre de s'emparer, sur toutes les mers, des vaisseaux de la république, et qui lui déclara formellement la guer re. Le parti opposé au stathouder

l'accusa hautement de favoriser les Anglais, et d'user de toute son influence pour paralyser les efforts de la nation hollandaise, afin d'em pêcher qu'elle ne fit cette guerre avec succès. Le prince accordait, disait-on, une préférence marquée à l'armée de terre, composée presque en entier de mercenaires étrangers, mais qu'il croyait, par cela même, plus propres à seconder ses vues particulières. La marine, véritable force nationale de la république, n'était point en faveur; et quand celle-ci se fut illustrée dans le sanglant combat naval de Doggersbank, sous les ordres des amiraux Zoutmann et Kingsbergen, on assure qu'ils n'avaient si vaillamment combattu, qu'en dépit des instructions secrètes et des ordres même de Guillaume. Au moins, les deux amiraux furent très-froidement reçus à la cour de la Haye. Après la paix de 1783, les états-généraux conclurent un traité d'alliance avec la France. Guillaume ne cacha point son mécontentement, et employa tous ses moyens pour se former un parti dans les provinces, pour gagner l'armée de terre, s'emparer des élections, et placer ses partisans dans le sein même de l'assemblée des états. Ces démarches augmentèrent le mécontentement; et en 1785, une violente insurrection éclata contre le stathouder. La lutte entre ses partisans et les patriotes se prolongea, avec des succès divers, jusqu'en 1787. Le roi de Prusse fit alors marcher une armée de 30,000 hommes au secours de son beaufrère. Le duc de Brunswick, qui passait pour le plus habile général

de l'Europe, était à la tête de cette armée. Elle devait venger, disaiton, la sœur du roi de Prusse, insultée par les patriotes, qui avaient, une fois, empêché cette princesse de traverser leurs avantpostes, pour se rendre dans les provinces du Nord. On tira en effet une cruelle vengeance d'une offense aussi légère. Le ministère français avait donné ordre de former un camp et une arinée d'observation sur les frontières de la république, pour venir, s'il était nécessaire, au secours des patriotes; mais les troupes françaises reçurent bientôt contre-ordre. M. de Vergennes, intimidé par les menaces de l'Angleterre, et craignant une guerre avec la Prusse, retira tout appui aux patriotes hollandais, qui se trouvèrent enfin accablés par les forces supérieures de leurs ennemis. De rigoureuses vengeances furent exercées; une foule d'individus et de familles entières se condamnèrent à l'exil, et vinrent, pour la plupart, s'établir en France, où l'accueil le plus favorable les encourageait à porter leur industrie et de grands capitaux. L'autorité du stathouder acquit alors une étendue presque illimitée, et Guillaume en jouit, sous la protection de l'Angleterre et de la Prusse, jusqu'en 1793. Mais à cette époque, de nouveaux orages vinrent foudre sur la maison d'Orange. La révolution française avait éclaté, et la jeune république venait de déclarer la guerre à son aînée la Hollande. Le stathouder mit sur pied des forces considérables, et en donna le commandement à ses deux fils, qui déployèrent des ta

lens militaires très-distingués et une haute valeur (voy. l'article suivant.), mais qui éprouvèrent bientôt les plus cruels revers. La conquête rapide de la Hollande, en 1795, par un hiver extraordinaire qui facilita au général Pichegru tous les passages, vint en quelque sorte surprendre GuilJaume V dans son palais. Il s'était livré à de nouvelles rigueurs envers plusieurs citoyens opposés à ses vues; mais cette sévérité n'avait fait qu'augmenter le nombre de ses ennemis à l'intérieur, et ajouter aux dangers de sa position. Le stathouder, forcé à une retraite précipitée, s'embarqua au milieu de l'hiver le plus rude, avec son fils aîné, dans un bateau qui n'avait que 5 hommes pour équipage, et dans lequel on avait porté à la hâte ses effets les plus précieux. Il aborda, à travers de grands dangers, en Angleterre, où il séjourna pendant quelques années. En 1799, le duc d'York fit une descente dans la Nord-Hollande, et prit momentanément possession du pays au nom de Guillaume V. La flotte entière du Texel se rendit même sans coinbattre, et fut conduite en Angleterre; mais les espérances que ces succès avaient fait renaître s'évanouirent bientôt. Les armées anglaises furent battues par le général Brune, et chassées de la Hollande. La république batave se constitua sur de nouvelles bases; l'abolition du stathondérat, et l'exclusion de la maison d'Orange, furent décrétées. En 1802, Guillaume V renonça formellement, lui-même, à ses dignités et possessions dans les Provinces

Unies. Il obtint, en dédommagement, la principauté de Fulde, d'Ortmund, et quelques autres petits domaines, en Allemagne, dont il céda la propriété à son fils aîné, et se retira à Brunswick, où il mourut en 1806.

GUILLAUME-FRÉDÉRIC

(DE NASSAU), fils du précédent, roi des Pays-Bas, sous le nom de Guillaume I", prince d'OrangeNassau, est né le 24 août 1772, à la Haye. Ce prince montra, dès son enfance, moins de goût pour les plaisirs que pour le travail. It affectionnait surtout les études sérieuses. Après avoir achevé ses cours à l'université de Leyde, il fut pourvu, dans le mois de juin 1790, du commandement militaire de la ville de Breda, et nommé dans la même année général d'infanterie. Le 1 octobre 1791, il épousa Frédérique-WilhelmineLouise, fille de Frédéric-Guillaume, roi de Prusse, princesse d'une grande simplicité de mours, et d'une douceur angélique. Dans le mois de décembre 1792, de cette union naquit le prince d'Orange actuel. Lorsque la guerre fut déclarée en 1793, par la république française, à son père, Guil laume fut nommé au commandement de l'armée hollandaise, Cet te campagne, dans laquelle il déploya autant de courage que d'habileté, surtout à l'affaire du 15 septembre, n'eut pourtant pas de résultats favorables à la cause qu'il défendait; malgré ses efforts et ceux de son frère Frédéric, qui y fut blessé grièvement, il fut obligé de se retirer après avoir éprouvé une perte considérable. Plus heureux l'année suivante,

fans

possessions dans les Provinces- Plus heureux l'année suivante,

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