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instruction élémentaire, commencement heureux de leur instruction morale. Le nom de ces véritables ministres de la religion n'est prononcé qu'avec amour et respect, non-seulement par les enfans qui ont profité de leurs bienfaits inappréciables, mais encore par tous les pères de famille, par tous les amis de l'humanité. L'ab bé Gaultier voyait avec peine que les formes arides et sévères de l'éducation enlevaient à l'enfance et à la jeunesse cette portion de bonheur si nécessaire au développement de leurs facultés physiques et morales. Il conçut le projet, sous la forme de jeux instructifs, et connus des enfans sous le nom des Jeux de l'abbé Gaultier, de leur aplanir le chemin trop pénible d'une instruction toute grave, et trop souvent repoussante. Ce fat en observant avec soin la marche de l'intelligence des enfans, le développement de leurs facultés naissantes, en se plaçant, pour ainsi dire, à leur niveau, qu'il saisit le secret de l'enseignement élémentaire; et long-temps avant l'introduction, en France, du système des Bell et des Lancaster, dont il a été parmi nous un des plus zélés propagateurs, il avait deviné l'éducation élémentaire, ou enseignement mutuel. Les enfans le lui apprirent dans leurs jeux; il le perfectionna en interrogeant encore leurs plaisirs : à tout âge nos actions trahissent nos penchans, même les plus cachés. La tourmente révolutionnaire força l'abbé Gaultier de quitter la France, non pour suivre le torrent, ou, pour mieux dire, la mode de l'émigration, mais pour dé

rober sa tête aux proscripteurs de 1793. Il se retira à La Haye. Ne voulant devoir à l'étranger qu'une hospitalité honorable, et non une honteuse dépendance, il accepta l'emploi d'instituteur des enfans de l'ambassadeur d'Angleterre, et il employa, pour leur instruction, la méthode dont il avait fait usage dans sa patrie. Ses succès furent les mêmes qu'en France; et lorsqu'il accompagna ses élèves à Lon dres, sa réputation l'y avait précédé. Voulant être utile, même dans le malheur, il consacra gratuitement ses soins aux enfans des familles françaises émigrées, et il forma, avec la même philanthropie, des maîtres qui propagèrent avec éclat sa méthode d'instruction. L'abbé Gaultier était trop vertueux pour n'être pas un vrai patriote. Aussitôt après la paix d'Amiens, il revint à Paris, et y reprit son enseignement. Il fonda successivement deux petits lycées ou cours gratuits pour toutes les classes, qu'il a continués jusqu'à sa mort, et que plusieurs de ses élèves se sont promis de maintenir, ce qu'ils ont religieusement fait depuis qu'ils ont eu le malheur de le perdre. Ce fut au mois de septembre 1818 que ce respectable ecclésiastique succomba à une maladie grave, à l'âge d'environ 73 ans ; sa dépouille mortelle fut accompagnée par de nombreux amis, par la plupart de ses dignes collègues de la société pour l'enseignement élémentaire, les La Rochefoucauld, les Lasteyrie, les Gerendo, les Jomard, les Cuvier, les Labordes, les Lameth, les Delessert, les Perrier, les Jay, etc., et par deux cents enfans,

qui, tous, offraient à cet hoime excellent les premières larmes qu'il leur eût fait répandre ! L'abbé Gaultier n'a composé que des ouvrages élémentaires; ils ne sont remarquables que parce que tous remplissent l'objet qu'il s'est proposé. Ils sont fort répandus et fort goûtés, et il y en aqui ont eu jusqu'à vingt éditions. Voici les principaux: 1 Leçons de grammaire suivant la méthode des tableaux analytiques, Paris, 1787, in-8"; 2° Leçons de géographie par le moyen du jeu, 1788, in-8°, 1793, in-8°, 10 édition, 1811, in-12; 3° Petit livre pour les enfans de trois ans, 1788, in-12; 4° Leçons de chronologie et d'histoire, 1788, in-8°, 3e édition, 1811, 3 vol.. in-12; 5° Jeu raisonnable et moral pour les enfans, 1791, in-8°; 6" Lectures graduées pour les enfans, 1798, 3 vol.in-8°, 2 édition, in-12; 7 Exposé du cours complet de jeux instructifs, 1802, in-8°; 8° Méthode pour analyser la pensée et la réduire à ses principes élémentaires, in-8°; 9" Méthode pour apprendre grammaticalement la langue latine, sans connaitre les règles de la composition, 1804, 2 vol. in-18; 10° Méthode pour faire la construction des phrases et des périodes, sans rien changer à l'ordre de la diction laline, 1805, in-fol., nouvelle édition, 1808, in-fol.; 11° Méthode pour exercer les jeunes gens à la composition française, et pour les préparer graduellement, 1811, 2 vol. in-12; 12° Traits caractérisliques d'une mauvaise éducation, ou actions et discours contraires à la politesse, el regardés comme tels par les moraliste, tant anciens

que modernes, 1812, in-18. Ce petit ouvrage, très-rare en France, est un extrait du Jeu de morale et de politesse, que l'abbé Gaultier a publié à Londres. 13° Jeu typographique, 1814; 14 Jeu des fables, sujets tirés de La Fontaine, 1817, in-18; 15° Notions de géométrie pratique, nécessaires à l'exercice de la plupart des arts et métiers, 1807, in-12.

GAURAN (N.), avocat au commencement de la révolution, en embrassa la cause avec ardeur, et fut nommé d'abord juge-de-paix à Lectour. En 1796, élu député au conseil des cinq-cents, par le département du Gers, on le vit dans cette assemblée montrer au tant de haine contre le gouvernement anglais, qu'autrefois Caton le censeur en montra contre Carthage. Il renouvela, en quelque sorte, le delenda est Carthago de ce célèbre Romain, en demandant qu'on terminât toutes les séances du conseil par ce cri: «Vengean»ce contre le gouvernement an"glais, oppresseur de toutes les »nations! » Il montra son opposition aux projets du directoire, en combattant la trop fameuse loi électorale du 22 floréal. Il ft l'éloge des députés que venait d'élire le département de la HauteVienne, parini lesquels se trouvait Lamarque, qu'on voulait exclure. En 1799, il appuya avec énergie la proposition de déclarer la patrie en danger, en motivant cette déclaration sur des faits qui paraissaient alors assez évidens. Exclu du corps législatif, par la révolution du 18 brumaire, il fut nommé, quelque temps après, ju→ ge au tribunal civil de Lot-et-Ga

ronne. Il fut, en 1804, chargé de remplir les mêmes fonctions à la cour d'appel d'Agen. M. Gauran a conservé sa place après les événemensde 1814 et de 1815.

GAUSS (FRÉDÉRIC), célèbre astronome de Brunswick, s'est occupé de la théorie des équations, et du mouvement de quelques planètes dont il a déterminé les orbites avec plus de précision qu'on ne l'avait encore fait jusqu'à lui. Cet astronome a cependant publié un ouvrage intitulé: Disquisitiones arithmetica, d'après lequel on ne serait pas tenté d'ajouter une grande confiance aux résultats de ses observations. Quoique rien n'appartienne moins que la plaisanterie à la gravité des opérations mathématiques, il est difficile d'achever sans rire la lecture de l'ouvrage en question. Si l'on nous en demandait l'analyse, nous serions peut-être aussi embarrassés que la classe des mathématiques de l'institut dans le rapport qu'elle en fit en 1810; Il nous est impossible, disait elle, d'en donner une idée, par> ce que tout y est nouveau et "nous surpasse, tout jusqu'au langage. L'auteur y entre d'abord dans de grandes démonstrations sur les nombres triangulaires, et passant ensuite à l'examen des propriétés des nombres qui lui fournissent occasion d'établir des congruences, de divers degrés, il raisonne à perte de vue sur la nature, les effets et les propriétés de ces congruences qui sont entièrement de son invention. Les passages intelligibles laissent entrevoir beaucoup de puérilités. Cet ouvrage a cependant été tra

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duit dans deux langues, et a obtenu un succès d'après lequel on serait tenté de croire que le charlatanisme envahit quelquefois jus qu'au domaine des mathématiques.

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GAUT (NICOLAS-GABRIEL-MARIE), lieutenant au 101 régiment d'infanterie, chevalier de la légion-d'honneur, est né à Férolles, département de Seine-et-Marne, le 4 septembre 1783. Il a fait les campagnes de l'an 14 et d'une partie de 1806, à l'armée d'Italie, celles de l'armée de Naples jusqu'en 1811,celles de l'armée d'Espagne jusqu'en 1813, enfin celles de 1814 à la grande-armée. Cet officier s'est particulièrement fait remarquer le 22 juillet 1812, près de Salamanque, à la bataille des Arapiles. Envoyé dans ce village en tirailleur avec une section de sa compagnie pour chasser les tirailleurs anglais qui y avaient pénétré, il réussit à les déloger; inais aussitôt le village est cerné par une forte colonne d'infanterie. M. Gaut réunit son monde et traverse la colonne ennemie la baïonnette en avant, au milieu du feu le plus vif. Un des premiers ensuite à se réunir à l'aigle qui était chargée avec vigueur par la cavalerie, il coopéra à sa conservation, et fut atteint de 3 balles. Ce fut après cette action que l'empereur.le nomma membre de la légion d'honneur.

GAUTHERIN(PIRRE-EDME, BARON), maréchal-de-camp, né à Troyes, département de l'Aube, le 12 août 1770, entra comme simple soldat au régiment de Neustrie infanterie, le 21 octobre 1788; il a passé successive

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ment par tous les grades, et a fait toutes les campagnes jusqu'à celle de Waterloo. Il fat envoyé, en l'an 7, comme chef d'escadron au premier régiment dè hussards à l'armée de Naples. Le général en chef, Championnet, inquiet de n'avoir aucune nouvelle des divisions Lemoigne et Duhesme qui marchaient dans les Abruzes, chargea le chef d'escadron Gautherin d'aller à leur rencontre. Il partit de San-Germano avec 25 chevaux, passa le Volturne à la nage, fit, à l'autre rive de ce fleuve, bon nombre de prisonniers, et arriva à travers mille dangers à la division Lemoigne. Il rapporta au général en chef des nouvelles des deux divisions: cette mission difficile et périlleuse, bien exécutée et ayant eu un parfait succès, lui fit infiniment d'honneur. Le 6 pluviose an 7, veille de l'attaque de la ville de Naples, il fut envoyé en parlementaire pour porter des paroles de paix. Reçu à coups de fusil, il rapporta pour réponse une balle qui avait légèrement blessé son cheval. Le, chargé d'attaquer le poste de Capoue, défendu par pièces de 24 et une troupe de Lazzaroni, il se mit à la tête d'une compagnie de grenadiers du 11 régiment de ligne, et l'enJeva au milieu de la mitraille et de la mousqueterie. Cette affaire, où il montra beaucoup de sang-froid et d'intrépidité, le fit nommer, sur le champ de batailJe, adjudant-général. Devenu chef de l'état-major de la ville de Naples, et ensuite de celui du général Rusca, il prit part à la bataille de Trébia, s'y distingua, et ren

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tra avec la division dans la rivière de Gènes, où il reçut une brigade d'avant-poste, avec laquelle il se distingua de nouveau. Appele comme chef d'état-major du corps de droite de l'armée d'Italie, il assista à la bataille de Monte-Creto. Les troupes se retiraient en désordre; il les rallia et arrêta l'ennemi. Le lendemain de cette action, le général en chef, Masséna, l'attacha au grand quartier-général pendant la durée du siége de Gènes. Nommé ensuite chef de Fétat-major du Piémont, il en conserva les fonctions jusqu'au mois de prairial an 10, époque à laquelle il fut obligé de rentrer en France pour rétablir sa santé. Appelé dans la 2" division militaire, il commanda le département de la Marne jusqu'en 1805. Envoyé à Mayence sous les ordres du maréchal Lefebvre, il fut chargé du commandement des dépôts de cavalerie, et de leur organisation en régimens provisoires. Dans la campa gne de 1806, il fit partie de l'étatmajor du général Lannes, et fut, pendant sa durée, nommé, le 16 octobre, colonel du 9 régiment de hussards. La grande-armée s'étant portée sur la Vistule, il reçut l'ordre de poursuivre, avec son régiment, une colonne ennemie qui se retirait. A la bataille de Friedland, il fut blessé d'un coup de feu à la tête; la veille de la bataille, il s'était emparé de la ville de Friedland, mais il ne put la conserver. I se signala de nouveau dans la campagne de 1809, surtout à Karaco, où après plusieurs charges réitérées, il rompit la cavalerie autrichienne,

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et fit beaucoup de prisonniers. A
la bataille de Wagram, il reçut
l'ordre direct de l'empereur d'al-
ler enlever deux carrés d'infan-
terie qui soutenaient la retraite
des armées ennemies; il poussa
si vivement l'attaque qu'il les en-
fonça, et leur fit 1600 prison-
niers. Nommé général de brigade
le 21 septembre de la même an-
née, il reçut aussitôt un com-
mandement en Italie, d'où il par-
tit ensuite pour la campagne de
1812. Il y commandait, sous les
ordres du général Grouchy, une
brigade de cavalerie légère. Fait
prisonnier dans la retraite, il ne
rentra en France qu'en 1814. Au
commencement de 1815, il fut
envoyé comme adjoint à l'ins-
pection, dans la 16me division mi-
litaire. Il commanda, pendant les
cent jours, une brigade de dra-
gons, reçut l'ordre de se rendre
an grand quartier-général de l'ar-
mée, et prit part à la bataille de
Waterloo. Lors de la retraite, il
eut le commandement de la bri-
gade des carabiniers, et passa la
Loire avec elle. Après le licen-
ciement de l'armée, il rentra dans
ses foyers, où il resta en demi-
solde jusqu'au 1 janvier 1819;
il fut nommé ensuite inspecteur
de cavaleric. Il est aujourd'hui
en disponibilité.,

GAUTHEROT (NICOLAS), Célèbre musicien, né à Is-sur-Tille, en 1755, et mort à Paris à l'âge de 50 ans, étudia d'abord la musique sur l'orgue de la cathédrale de Dijon, où il était enfant de Echœur, et bientôt fut mis au nombre des plus savans démonstrateurs pour le clavecin et la théorie musicale. Il ne brillait pas

tant par l'exécution que par l'art avec lequel il enseignait les combinaisons infinies de la musique, dont il faisait mieux que personne connaître toutes les ressources. Il s'occupait aussi beaucoup de physique, et surtout de la partie de cette science qui a rapport aux sons. On a de lui un excellent Mémoire sur l'acoustique. Il a fait, sur les fluides électriques et galvaniques, un grand nombre de recherches dont les résultats sont consignés dans un mémoire ayant pour titre Recherches sur les causes qui développent l'électricité dans les appareils galvaniques. Gautherot était meinbre de l'académie des sciences et arts de Dijon, et de presque toutes les sociétés savantes et littéraires de Paris.

GAUTNEY (EMILAU – MARIE), célèbre ingénieur, naquit à Châlons-sur-Saône (Saône-et-Loire) le 3 décembre 1732, étudia d'abord les mathématiques chez un de ses oncles, professeur à Versailles, et entra ensuite à l'école des pontset-chaussées, d'où il sortit pour être sous-ingénieur dans les états de Bourgogne en 1758. Le plus important de tous ses travaux fut la construction du canal du Centre, qui établit une communication entre la Saône et la Loire. Après en avoir conçu la possibilité, il rédigea à ses frais les projets de taillés de cet important ouvrage: mais la compagnie chargée de l'entreprendre manquant de fonds, le travail ne fut commencé qu'en 1783, et terminé en 1791. Le canal du Centre qui va de Châlons à Dijon, n'a pas cessé d'être navigable depuis cette

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