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leurs droits les plus précieux, la liberté des élections de leurs députés à la cour. Il démontra, dans un mémoire qui eut le plus grand succès, que le droit d'élire supposait nécessairement l'affranchissement absolu des recommandations d'un gouverneur de province et de toute influence ministérielle; qu'il n'y avait de véritables élections que là où les suffrages planaient indistinctement sur tous les éligibles, que là où le député était librement élu par tous ceux qui avaient le droit d'élire. Lorsque le ministre d'état Brienne entreprit d'établir sa Cour plénière, sur les débris de la magistrature et des parlemens, faible mais unique barrière contre les excès du pouvoir absolu, Gohier rédigea les mémoires présentés au roi, au nom de la commission intermédiaire, ainsi que les protestations de la Bretagne, dont l'énergie électrisa alors toute la France. Nulle part le tiersétat n'était plus foulé par les taxes qu'en Bretagne. Les deux ordres privilégiés jouissaient, dans cette province d'états, de toutes les exemptions, et étaient comblés de toutes les grâces, tandis que le tiers supportait non seule ment les charges et impôts communs aux roturiers des autres provinces; mais les nobles et les prêtres bretons avaient trouvé le moyen de lever en outre, à leur profit, un impôt exorbitant, qui portait le nom de fouages extraor dinaires. Ce n'était, disait-on, qu'un emprunt: titre dérisoire; car il n'était jamais question d'en rembourser le principal, ni d'en payer les intérêts. Gohier reçut,

en 1786, la procuration du tiers état, pour réclamer contre cette imposition arbitraire; et il prouva par ses mémoires, que la levée des fouages extraordinaires, exigée ainsi par emprunt sur le tiers-état, constituait les ordres privilégiés débiteurs envers lui, d'une somme de 300 millions. Il joignit à ses mémoires un tableau affligeant, mais frappant de vérité, des abus de toute espèce qui pesaient sur les citoyens, nonseulement en Bretagne, mais dans toute la France. L'annonce de la prochaine convocation des étatsgénéraux pour 1789, imprima un mouvement qui alarma tous les gens à priviléges, et particulièrement quelques nobles bretons. Jusqu'alors 32 individus non-électifs avaient composé leur prétendu ordre du tiers. Sur la réclamation de toute la province. des députés librement élus leur furent adjoints; et Gohier, nommé par la ville de Rennes, fut compris dans cette adjonction. Il fut nommé ensuite membre de la cour supérieure provisoire de Bretagne, et en exerça les fonctions pendant toute la durée de l'assemblée constituante. Élu parses concitoyens député à l'assemblée législative, les opinions qu'il y prononça ne démentirent point la réputation qui l'avait porté à la représentation nationale. Lors des débats sur les mesures à prendre contre les ecclésiastiques non assermentés, il soutint qu'on avait tort de vouloir les soumettre à un serment civique; mais qu'ils devaient être assujettis au serment de respecter la constitution, le gouvernement et les lois

parte le nomma alors consul-général de France en Hollande. Il en remplit les fonctions pendant plus de 18 ans, et ne quitta ce pays qu'après sa réunion à la France. Gohier fut nommé alors)

qui en émanent. Gohier termina sa carrière législative, par un rap. port sur les papiers inventoriés dans les bureaux de la liste civile, rapport qui fut envoyé aux armées et aux 83 départemens. Il remplit ensuite successivement les fonctions de secrétaire-géné ral du ministère de la justice, de ministre de ce département après que Garat eut passé à celui de l'intérieur, de président d'un des tribunaux civils de Paris, de président du tribunal criminel du département de la Seine, de président du tribunal de cassation, et devint enfin l'un des cinq directeurs dont se composait alors le gouvernement français. Il était président du directoire, lors des événemens du 18 brumaire. On exigea de lui sa démission, en lui offrant, en dédommagement, un des premiers emplois dans le gouvernement qui allait s'établir; mais il refusa de quitter volontairement sa place, et montra en cette circonstance autant de fermeté que de désintéressement. Cédant à une force majeure, il se retira dans la vallée de Montmorency, et ne sortit de cette retraite qu'en messidor an10. Le pre→ mier consul l'ayant mandé alors, lui dit que sa conduite au 18 brumaire, tout en le contrariant, ne lui avait inspiré que de l'estime, ajoutant qu'il lui laissait le choix d'une place sous le gouvernement consulaire, qui était bien un gouvernement républicain, et il appuyait sur ces derniers mots. Gohier répondit avec franchise, que la place qui convenait le GOHIER (JEAN-BAPTISTE), pronieux à sa position, était une fesseur distingué à l'école vétérimission dans l'étranger. Bona- naire de Lyon, chargé de la théo

consul - général aux États-Unis; mais sa santé, qui avait considérablement souffert du climat d'Amsterdam, ne lui permit point d'accepter cette dernière mission, et i vint retrouver sa retraite d'Eaubonne, où il vit depuis ce temps avec sa famille, occupé tout entier des lettres, et des soins qu'il prend d'embellir sa modeste retraite. Gohier a épousé une demoiselle Dumoulin, de la famille du célèbre jurisconsulte de ce nom. Cette femme respectable a rendu d'éminens services à une foule d'individus pendant les ora ges de la révolution. Sa fille a épousé le général Merlin. Gohierest auteur d'une pièce intitulée le Cou ronnement d'un roi, qui fut jouée avec le plus grand succès au théâtre de Rennes, lorsque Louis XVI ent signalé son avénement au trône par le renvoi du parlement Meaupou et le rappel des anciens magistrats, l'illustre La Chalotais à leur tête. On reconnut dans les personnages allégoriques figurant les vices dans cette pièce, les principaux ministres dont la France avait alors à se plaindre. Il a aussi.hasardé, au Théâtre-Français, un nouveau denoûment à la tragédie de la Mort de César, et l'on assure qu'il a en portefeuille plusieurs autres productions dramatiques.

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rie et de la pratique des maladies, opérations,épizooties, et spécialement des hôpitaux, s'est constamment occupé des maladies dont les animaux sont susceptibles d'être attaqués, et a publié, sur ces matières, des ouvrages qui ont été remarqués des praticiens, et qui ont obtenu beaucoup de succès. On doit à M. Gobier: 1o Tableaux synoptiques des différentes ferrures le plus souvent pratiquées aux pieds des animaux monodactyles ou solipèdes, 1804; in-folio; 2 Mémoire sur une épizootie qui se manifesta, dans le mois de germinal an 8, sur le dépôt du 20 régiment de chasseurs en garnison à Metz, 1804, in-8°; 3° Mémoire sur les causes qui, dans la cavalerie, donnent lieu à la perte d'une grande quantité dé chevaux, 1804, in-8°; 4o Des effets des pailles rouillées, 1804, in-8°; 5° Mémoire et Observations sur la chirurgie et la médecine vétérinaire, 1815, in-8°, 1 vol. (la suite de cet ouvrage n'a point encore paru); 6" Tableau synoptique des coutumes suivies dans la plupart des ci-devant provinces de France, à l'égard des cas rédhibitoires des animaux, 1814, in-folio; Mémoire sur la maladie épizootique qui règne en cemoment (1814) dans le département du Rhône et ailleurs, 1814, in-8°.

GOLDBERG (J.), était à la tête d'une compagnie d'assurance à Amsterdam lorsque la révolution de 1795 éclata; il s'en montra un des partisans les plus décidés, et le peuple le choisit pour représentant provisoire dans la provin ce de Hollande. Quand le parti des modérés eut triomphé en

1798,il fut nommé ministrede l'in dustrie nationale, fonctions qu'il exerça jusqu'en 1801, époque où elles furent supprimées par suite de la constitution. Le roi Louis Na poléon l'envoya en Prusse comme ambassadeur, après l'avoir nommé conseiller-d'état et commandeur de l'ordre de l'Union. En 1814, ministre du commerce et des colonies par le roi des Pays-Bas, il a obtenu depuis des titres de noblesse.

GOLDONI (CHARLES), auteur dramatique étranger, naquit à Venise en 1707. Le surnom de MOLIÈRE DE L'ITALIE donné à Goldoni de son vivant même, et qu'il a conservé après sa mort, fut de tous les hommages rendus à son génie, celui qui le flatta le plus; et il ne pouvait en recevoir un plus glorieux. Le grand nom de MOLIÈRE a marqué l'époque de la création et du triomphe de la véritable comédie en France; et F'appliquer au plus célèbre auteur comique de l'Italie, c'est rappeler à la fois aux Français la supériorité de leur théâtre national, et aux Italiens, la hauteur à laquelle Goldoni a placé leur muse comique, Il prit MOLIÈRE pour guide, et comme lui il dat non-seulement créer le théâtre de sa patric, mais encore vaincre le mauvais goût qui s'efforçait d'arrêter sa marche. La première jeunesse de Goldoni se passa dans l'aisance et dans les plaisirs. Son grand-père, d'une famille honorable, était passionné pour les fêtes et les spectacles. Il avait un théâtre dans sa maison: de campagne, située à 6licues do Venise, où il réunissait les amateurs qui s'y rendaient en foule

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