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fournie, ont été marqués par d'éclatans succès, et les sentimens d'estime et de vénération qu'il a inspirés à ses concitoyens, sans en excepter même ses nombreux rivaux, tiennent d'une espèce de culte. Sa statue élevée à leurs frais va orner Francfort, sa ville natale, et plusieurs autres cités de la confédération germanique se disposent à suivre cet exemple. Napoléon, lors de son séjour à Erfurt, désira voir Goethe; et après un entretien long et animé, l'empereur détacha de sa boutonnière la croix de la légion-d'honneur, et la plaça sur le sein de cet homme honorable. « Goethe pourrait à lui seul, dit madame de Staël, représenter la littérature allemande tout entière: non qu'il n'y ait d'autres écrivains supérieurs sous quelques rapports; mais seul il réunit tout ce qui distingue l'esprit allemand, et nul n'est aussi remarquable par un genre d'imagination dont les Italiens, les Anglais et les Français ne peuvent réclamer aucune part. On trouve en lui une grande profoudeur d'idées, la grâce qui naît de l'imagination, une sensibilité parfois fantastique, mais par cela même plus faite pour intéresser des lecteurs qui cherchent dans les livres de quoi varier leur existence monotone, et veulent que la poésie leur tienne lieu d'événemens véritables. L'influence de cet auteur est extraordinaire, et l'admiration pour Goethe est une espèce de confrérie dont les mots de ralliement servent à faire connaître les adeptes les uns des autres. Quand les étrangers veulent aussi l'admirer, ils sont rejetés a

vec dédain, si quelques restrictions laissent supposer qu'ils se sont permis d'examiner des ouvrages qui gagnent cependant beaucoup à l'examen. Un homme ne peut exciter un tel fanatisme sans avoir de grandes facultés pour le bien et pour le mal. » Le génie de Goethe ayant embrassé toutes les parties de la littérature, les sciences physiques. l'histoire naturelle, les beaux-arts, et cet auteur ayant publié des ouvrages en tout genre, tels que chansons, ballades, poëmes é piques, tragédies, opéras, comédies, proverbes, romans, etc., la liste seule de ses nombreux écrits excéderait les bornes dans lesquelles nous devons nous restreindre. Nous n'en citerons que les principaux. Attaché à Schiller par les liens d'une longue et constante amitié, digne émule de cet homme célèbre, il a d'une main non moins féconde enrichi la scè ne de leur commune patrie. Sa première pièce, Goetz de Berlichingen, où le Chevalier à la main de fer, drame historique, eut d'abord un succès prodigieux. L'auteur y trace d'une manière aussi naïve que piquante, le tableau fidèle des mœurs chevaleresques de ce bon vieux temps, si vivement regretté par quelques chevaliers de nos jours, dont les mains, peut-être moins fortes que celles du héros deGoethe pour combattre l'ennemi, seraient encore de fer pour opprimer le peuple. Il donna ensuite Faust, pièce des plus originales, et étincelante de beautés; Iphigénie en Tauride, le Tasse, la Fille naturelle, Clavijo, drame dont Beaumarchais est le héros; Stella, le Comte d'Egmont,

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ete. Il a aussi traduit les deux tragédies de Voltaire, Mahomet et Tancrède. Son poëme épique Hermann et Dorothée a été traduit en français par Bitaubé, et plus heureusement depuis par le baron Humboldt, frère aîné de l'illustre voyageur de ce nom. M. Boulard en a aussi publié une traduction interlinéaire au-dessous du texte. Le roman de Werther, traduit dans toutes les langues de l'Europe, l'a été en français par Aubry, Dejaure, Sevelinges et La Bé doyère. Un autre roman, Wilhelm Meisters Lehrjahre (les années d'apprentissage de Guillaume Maister), a été plutôt imité que traduit par M. Sevelinges. sous le titre d'Alfred. Les Affinités électives, un des derniers romans de Goethe, a été traduit avec moins de succès par le même. Goethe a publié à Tubingue, 1813, la première partie des Mémoires de sa vie, qui comprend la relation de ses voyages en Italie, et qui fait vivement désirer une continuation. Les OEuvres complètes de Goethe ont été publiées par livraisons à Tubingue, de 1806 à 1810. Il est membre honoraire des principales académies de l'Europe, et correspondant de l'institut. Depuis ces dernières années, il a renoncé à la direction du théâtre de Weimar, et aux grandes réunions qui eurent long-temps lieu dans sa maison, où se rendaient les voyageurs de toutes les parties de l'Europe curieux de voir cet hom me célèbre.

GOETTLING (JEAN-FRÉDÉRIC AUGUSTE), chimiste allemand, né à Bernburg, le 5 janvier 1755, et mort le 1er septembre 1809, ob

tint d'abord, comme proviseur, une place dans la première pharmacie de Weimar, et voyagea ensuite en Angleterre, en Hollande et en Allemagne. Nommé, en 1789, professeur extraordinaire de philosophie à l'université d'Iéna, il y tint des cours de chimie et de technologie, qui furent assidument fréquentés, et dans lesquels il développait avec beaucoup de talens les nouvelles découvertes dont s'est enrichie la chimie depuis sa régénération. Cet homme laborieux et savant a publié un grand nombre d'ouvrages; les principaux sont:1° Manuel de chimie théorique et pratique, léna, 1799, in-8°, 5 vol.; 2° Encyclopédie physico-chimique, ibid., 18051807. 3 vol. in-8°. Goettling a rédigé l'Annuaire pour les chimistes et les pharmaciens, pendant les 29 dernières années de sa

vie.

GOETZ (FRANÇOIS-IGNACE), médecin inoculateur, naquit à Guebersweir, près de Colmar, le 26 décembre 1728. Ses succès multipliés dans l'art qu'il pratiquait, le firent appeler à Versailles, en 1780, pour inoculer Me Elisabeth de France. En 1782, et les 2 années suivantes, il fut également appelé en Piémont, pour les princes et les princesses de la cour, qui réclamaient les mêmes soins. Il attendit qu'une pratique de 22 ans, justifiée par des succès constans, eût confirmé l'excellence de sa méthode, pour douner un traité complet de son art; et ce traité mit le sceau à sa réputation. Il était correspondant de l'académie des sciences de Turin, et décoré de l'ordre de Saint

Michel. Le traité dont nous avons parlé a été publié sous ce titre : Traité complet de la petite verole, et de l'inoculation, Paris, 1790, in-12. avec le portrait de l'auteur. On y remarque que la méthode de Goetz n'est que la méthode perfectionnée de Sutton, ou plutôt de Vieusseux. Il y vante surtout les avantages d'un air frais et pur, et des purgatifs pendant l'inoculation. Cet ouvrage, au reste, est un dépôt de faits nombreux, qu'il sera toujours utile de consulter, quoique la théorie qui s'y trouve développée ne soit pas adoptée généralement. On doit encore à Goetz De l'inutilité et des dangers de la vaccine, prouvés par les faits, Paris, an 11, in-8"; et enfin, la Vaccine combattue dans le pays où elle a pris naissance, ou Traduction de 3 ouvrages anglais, avec 2 gravures col., Paris, 1807, in-8°. La police fit défendre la publication des 2 figures, qui représentaient de hideuses difformités, attribuées à la vaccine. Goetz, qui déclare avoir inoculé 34

ou 55,000 individus, sans en avoir perdu un seul, a pu avoir pour ce procédé une prévention qui l'a évidemment rendu injuste et aveugle pour l'autre. En médecine, comme en tout, les faits et l'expérience finisssent toujours par l'emporter sur les systèmes. Le docteur Goetz est mort à Paris, le 28 juin 1813, regretté des pauvres de son quartier, auxquels il ne cessait de prodiguer généreusement les secours de son

art.

GOETZE (JEAN-AUGUSTEEPHRAIM), théologien et natura

liste allemand, naquit à Aschersleben, le 28 mai 1731, et se livra pendant les 40 premières années de sa vie à l'étude de la théologie. Les contestations oiseuses et ridicules, qui s'élevèrent surtout en Allemagne vers 1780. sur l'interprétation de quelques versets, refroidirent entièrement le zèle théologique de Goetze, qui donna à ses travaux une autre direction. Il se livra entièrement à l'étude de l'histoire naturelle, et composa un grand nombre d'onvrages dont on n'a guère conservé que les titres; les principaux sont:1" Essai sur l'histoire nalurelle des vers engendrés dans le corps humain; 2o Mémoires entomologiques pour servir de supplément à la 12me édition du système de Linné, Leipsick, 177 1781, 4 vol. in-8°. Cet ouvrage est le seul de Goetze qui puisse réellement être lu avec fruit. 3° Dissertation pour prouver que la ladrerie des pores n'est pas une maladie des glandes, mais que ces boutons sont de véritables hydatides; 4° Sur la prétendue corne de licorne, trouvée près de Quedlinbeurg, 1787; 5° Cornelius, lecture pour le peuple qui veut craindre Dieu et faire ce qui est juste, 1789, etc., etc. Goetze mourut le 27 juin 1793.

GOFFAUX (FRANÇOIS-JOSEPH). professeur émérite de l'université, est né à Paris en 1755. Après avoir fait ses études avec distinction, au collège de Louis-le-Grand, il passa en Angleterre, où il fut employé à l'éducation de plusieurs jeunes gens appartenant aux pre mières familles de Londres. Il resta dans cette ville jusqu'à l'époque de la révolution, et ce fut alors qu'il

revint en France pour y jouir du fruit de ses économies. Mais le bouleversement de la fortune publique ayant anéanti la sienne, il rentra dans instruction, et fut nommé professeur d'humanités lors de la création du prytanée français aujourd'hui collége Louis-le-Grand). Il s'y est distingné par sa manière claire et méthodique d'enseigner, et par differens ouvrages, dont les principaux sont devenus classiques. lla donné, sous le voile de l'anonyme, une bonne traduction d'un roman anglais, en trois vol. in-12, Les malheurs de la famille d'Ortemberg; 2°. sous son nom, Tableau chronométrique des époques principales de l'histoire, depuis la prise de Troie jusqu'à nos jours, nouvelle édition, 1815, in-folio; 5o Époques principales de l'Histoi re, pour servir de précis explicatif au Tableau chronométrique, que édition, 1807; 4° Robinso Cruseus (les aventures de Robinson Crusoe, traduites dans un latin pur et facile), 2e édition, 1809, 4TM édition, 1813; 5o Narrationes servalo temporum ordine dispositæ, que l'on explique dans les classes. M. Goffaux, qui a obtenu sa retraite en 1815, n'est pas seulement un excellent professeur, un liuérateur estimable, c'est aussi un homme recommandable par toutes les qualités qui distinguent le bon citoyen.

me

GOFFIN (HUBERT, et son fils MATHIEU). Le désir d'être utile est rarement pur de toute vanité, et l'on compie surtout peu d'hommes qui aient exposé ou sacrifié leur vie sans l'espoir de laisser, après eux, le souvenir de ce sa

crifice. Un homme obscur et un jeune enfant ont fait exception à la règle commune, et sans penser qu'ils rendraient leur nom immortel, ont donné un exemple digne des actions les plus sublimes de l'antiquité. Les faits que nous allous rapporter sont puisés dans les mémoires contemporains. et particulièrement dans les documens dus à M. le baron Micoud.préfet de l'ancien département de l'Ourte. La belle action de Goffin et de son fils, oubliée, car il nous répugnerait de dire dédaignée, des biographes, va être l'objet de cet article; il nous est doux de rappeler des faits qui élèvent l'homme au-dessus de lui-même! Le 28 février 1812, l'exploitation de la mine de houille, située commune d'Ans, près de la route de Bruxelles, à 2 kilomètres de Liége, est inondée par l'effort des eaux qui pénètrent à l'un des côtés du serrement (digue) fait à la veine du Rosier du bure (grand puits carré) Triquenote, situé à 140 mètres de celui de Beaujonc. L'eau, venant de la veine du Rosier, après avoir passé par celle du Pestay, tombait du bure Beaujonc dans le marais que l'on exploitait, et où il y avait 127 ouvriers. La chute d'eau était de 78 mètres. Au moment où le panier (caisse carrée soutenue par des chaînes aux 4 angles), rempli de houille, était enlevé, un ouvrier chargeur (Mathieu Labaye) s'aperçut que l'eau tombait dans le bure, dont la profondeur est de 170 mètres. Ses camarades crarent que les tuyaux de la pompe à vapeur étaient engorgés, et que l'eau, n'arrivant point au

jour, tombait dans le bure. Cependant Labaye fit avertir le maître-ouvrier, Hubert Goffin, qui était dans une taille ou tranchée dans la veine, à 500 mètres de distance. Celui-ci arrive promptement, et reconnaît que le danger est réel. Son premier soin est d'envoyer chercher son fils, Mathieu Goffin, âgé de 12 ans. Personne n'était remonté, l'eau était encore peu considérable : Goffin pouvait échapper au danger, son fils était auprès de lui; il avait même une jambe dans le panier..... » poussant le panier: si je monte, mes ouvriers périront; je veux » sortir d'ici le dernier, les sauver »tous ou périr avec eux!» Aussitôt il met à sa place un ouvrier aveugle. Le panier remonte; mais suspendu seulement à deux des 4 chaînes qui le soutiennent, il est sur le côté. Quelques ouvriers, ne pouvant se maintenir dans cette position, tombent dans l'eau; Goffin, et son fils qui ne le quitte pas, les retirent. Le panier redescend, il arrive pour la se conde fois. Les ouvriers épouvantés se pressent, s'entassent; mais la chute du coup d'eau en précipite une partie. Goffin et son fils sont encore là pour leur salut. Une troisième fois le panier redescend; mais les chevaux du manège sont lancés, et les ouviers n'ont qu'un instant pour saisir la machine qui doit les enlever. Goffin voit le danger; il avertit ces infortunés. qui ne l'écoutent plus: ils saisissent le panier, s'y cramponnent; mais bien. tôt ils retombent pour la plupart, et périssent dans le bure, que l'eau

Non, dit-il en re

inonde; elle allait atteindre le haut des galeries. Goffin seul conserve sa présence d'esprit. Le dévonement de cet homme, pire de 7 enfans en bas âge, électrise le brave Labaye, qui le premier s'était aperçu de l'inondation, et agit avec une égale force sur Nicolas, Bertrand et Melchior Clavir. Goffin ordonne à Bertrand de faire une ouverture au bure d'airage (puits où l'on entretient du feu dans une cage de fer suspendue), pour que les ouvriers pussent gagner les montées; et il charge Labaye de saisir toutes les chandelles, et de placer celles qui étaient allumées, au haut de la galerie principale, pour que les mincurs vissent de loin qu'ils ne pouvaient plus arriver au bure. Clavir aidait Goffin à rassembler les ouvriers, et à les chasser même du côté des montées. Ces dispositions sauvèrent la vie à un grand nombre, qui eurent le temps de rejoindre Goffin; ceux qui s'obstinèrent à rester près du lieu où descendait le panier, dans l'espoir de l'atteindre, furent bientôt submergés par la chute d'eau. Les ouvriers et les enfans étant rassemblés, Goffin leur répéta plusieurs fois : « Marchons » vers la roisse (galerie qui con»pe obliquement les montées); »> nous irons sur montées, et si »> nous ne pouvons sortir d'ici, par >> Beaujone, nous sortirons par » Mamonster». Que l'on se figure l'état de ces malheureux, enfouis dans les entrailles de la terre, å 170 mètres de profondeur; rassemblés dans un petit espace, privés d'alimens. et presque d'air vital, craignant à tout instant

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