Page images
PDF
EPUB

d'honneur,l'Eloge du dauphin, père de Louis XVI, et l'Eloge de Suger. Gin avait publié en 1779, en 4 vol. in-8°, sous le titre De la religion par un homme du monde, un ouvrage qu'il reproduisit eu 1806, sous le titre : De la religion du vrai philosophe, ou l'Observateur impartial de la nature, contenant l'examen de systèmes divers du 18e siècle, et la preuve ou la liaison des principes du christianisme avec les maximes fondamentales de la tranquillité des états. Cet ouvrage n'eut aucun succès. Gin publia, quelque temps avant sa mort, le prospectus des œuvres complètes d'Homère, édition polyglotte, en cinq langues (grec, latin, français, anglais, italien), entreprise qui ne fut point encouragée. Il a laissé en manuscrit l'Analise raisonnée du droit français, par la comparaison de nos anciennes lois et du code Napoléon, et une traduction de Milton.

:

GINGUENÉ (PIERRE-LOUIS), littérateur, membre de l'institut, et chevalier de l'ordre de la Réunion, naquit à Rennes, vers 1748. Il n'avait pas encore 20 ans lorsqu'il fut chargé d'une éducation particulière à Paris, où il était venu pour achever ses études. Il débuta dans la carrière des lettres, par une jolie pièce de vers, La confession de Zulmé, qui obtint assez de succès pour que plusieurs littérateurs connus se la laissassent attribuer; mais vint le moment où l'auteur crut devoir écarter le voile dont il s'était Couvert. Cette révélation causa un singulier scandale. En 1786, une élégie touchante sur la Mort

du duc de Brunswick, qui s'était noyé dans l'Oder en secourant des malheureux, prouva que le talent de Ginguené pouvait atteindre au genre le plus élevé. Il publia ensuite un Eloge de Louis XII, 1788, in-8°; puis une Notice sur la vie et les ouvrages de Piccini, et des Lettres sur les Confessions de J.-J. Rousseau, 1791, in-8°. Ces trois opuscules, dont le dernier est une apologie dụ philosophe de Genève, contribuèrent à étendre la réputation de Ginguené. Il fit paraître, à lą même époque, une brochure in8°, intitulée De l'autorité de Rabelais dans la révolution présente, petit écrit qui se distingue éminemment par des opinions sages et libérales. La conformité de son caractère et de ses opinions politiques l'ayant lié avec Champfort, il travailla avec lui à la Feuille villageoise, en remplacement de Cérutti et de Grouvelle. Cet ouvrage périodique, écrit avec autant de patriotisme que de sagesse, avait pour objet d'éclairer les habitans des campagnes sur les bienfaits de la révolution, en les préservant des excès auxquels on cherchait à les entraîner, et il atteignait parfaitement son but. La modération fut trop souvent un crime en France. Ginguené en fit la triste épreuve. Enfermé à Saint-Lazare avec Roucher et André Chénier en 1793, il les eût probablement suivis à l'échafaud, si, comme cela arrive quand le despotisme est porté à son comble, un incident inespéré n'eût renversé la tyrannie. Après le 9 thermidor an 2 (27 juillet 1794), Ginguené fut adjoint

sur

au comité d'instruction publique près du ministère de l'intérieur, et ne tarda pas à diriger seul cette partie. C'est à peu près vers le même temps qu'il fut nommé membre de l'institut. N'ayant point voulu accepter les fonctions de ministre de France près des villes Anséatiques, il fut envoyé, auprès du roi de Sardaigne, avec le titre d'ambassadeur, Après avoir eu avec le cabinet sarde quelques difficultés l'application de l'amnistie aux insurgés du Piémont, il parvint cependant, au milieu de l'année 1798, à négocier un traité qui rendit les Français maîtres de la citadelle de Turin. Mais il fut bientôt rappelé de sa mission diplomatique, où M. d'Eymar lui succéda. Nommé au tribunat, après le 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799), Ginguené y combattit d'abord un projet de résolution sur le mode à établir pour faire correspondre les premières autorités entre elles. En 1800, il attaqua avec non moins de vigueur l'établissement proposé de tribunaux spéciaux. Toujours en garde contre les vues du gouvernement, il fit partie du premier cinquième des tribuns qui fut éliminé en 1802. A la tribune, il s'était montré constamment attaché aux principes libéraux et philanthropiques qu'il avait manifestés successivement dans la Feuille villageoise, à laquelle il travailla jusqu'en 1796, et dans la Decade philosophique, autre ouvrage périodique, dont il fut le rédacteur principal pendant plusieurs années, et qu'il continua sous le titre de Revue philosophi

que et littéraire, après l'abolition du calendrier républicain, jusqu'en septembre 1807, époque à laquelle le gouvernement réunit cette feuille au Mercure de France, que Ginguené enrichit encore d'excellens morceaux de critique littéraire. N'ayant plus de fonctions publiques à remplir, Ginguené se livra tout entier à la culture des lettres. Il fit paraître un recueil d'épigrammes mises en action, sous le titre de Fables nouvelles, 1811, in-18. L'année suivante, il publia, dans le même format, ses Fables inédites, avec d'autres poésies telles que le poëme d'Adonis, et la traduction en vers français du poëme de Catulle intitulé Les noces de Thėlis et de Pélée, avec le texte è regione, ainsi que des variantes et des notes. Mais il s'occupait plus spécialement d'un grand ouvrage, dont il rassemblait depuis long-temps les matériaux, et qui est devenu le vrai fondement de sa gloire. Nous voulons parler de l'Histoire littéraire d'Italie, en 9 vol. in-8°, dont les trois derniers n'ont paru que trois ans après la mort de de l'auteur, arrivée le 17 novembre 1816. Dans cet ouvrage, aussi bien écrit que bien pensé, Ginguené, sans partager l'engouement des Italiens pour leurs auteurs classiques, a su apprécier dignement leurs productions qu'il a analisées et quelquefois traduites en partie, et leur a rendu toute la justice qu'elles méritent. On doit à Ginguené la plupart des articles d'auteurs italiens qui se trouvent dans la Biographie universelle, et ce ne sont pas les moins exacts ni les

moins intéressans de cette collection volumineuse. Ce fut également lui qui rédigea les articles de musique pour l'Encyclopédie méthodique. Il a aussi rédigé les Tableaux de la révolution française, 1790 et 1791, in-fol., depuis la 14 jusqu'à la 25 livraison. Enfin, il fut l'éditeur des OEuvres de Lebrun, son ami, qu'il publia avec une Notice sur la vie de ce poète, en 1811, 4 vol. in-8°.

GIOIA (MELCHIOR), né à Plaisance vers 1760, y étudia au collège de Saint-Lazare, et y fut ordonné prêtre. Il s'y adonna aussi aux mathématiques, et parut s'en occuper exclusivement jusqu'à l'entrée des Français en Italie. En 1796, on proposa cette question aux publicistes italiens: Quel est celui de tous les gouvernemens libres qui convient le mieux à la félicité de l'Italie ? Gioia concourut pour le prix, et sa dissertation fut couronnée à Milan. Ce succès le décida à s'occuper d'objets politiques; il a composé différens écrits, parmi lesquels nous distinguerons une brochure intitulée: Les Anglais peints par euxmêmes, qui parut à Milan, lors du système continental. Ses ouvrages sur l'économie politique eurent aussi beaucoup de succès. Il composa ensuite un livre sur la théorie du divorce, qui parut si hardi et si contraire aux idées religieuses, que le gouvernement se crut obligé de priver l'auteur de sa place d'historiographe. Il fut dédommagé de cette perte par le ministre de l'intérieur, qui le nomma chef de la division chargée de la statistique du royaume. Un nouveau ministre le renvoya

de cette place. Gioia s'en vengea en publiant une brochure intitulée: Il povero diavolo. Le ministre et d'autres personnages importans crurent s'y reconnaître, et l'auteur reçut l'ordre de sortir du royaume. Il y rentra 18 mois après, ses amis ayant obte. nu pour lui, du vice-roi, la permission de revenir à Milan. Il y demeure encore, et continue de s'y occuper d'économie publique et de mathématiques. Il possède à Grandino une mine de charbon fossile, dont il dirige l'exploitation suivant ses propres idées. Indépendamment des ouvrages dont nous avons parlé, il a publié : 1° un Traité sur le prix des comestibles; 2° une Logique statistique; 3' des Tables statistiques, ayant pour second titre :Norme per descrivere, calcolare, classificare tutti gli oggetti d'amministrazione privata e publica (Milan, 1898, in8°). Le gouvernement lui avait donné quelques encouragemens pour un grand ouvrage qu'il avait entrepris, la statistique des 20 départemens dont se composait le royaume d'Italie; il a dû souffrir quelques modifications. Gioia a aussi publié 2 volumes d'un traité d'Economie générale.

GIORGI (ANTOINE-AUGUSTIN), général des augustins italiens, naquit en 1711, à Santo-Mauro, bourg près de Rimini. Il se fit religieux à Bologne à l'âge de 16 ans, et s'adona à l'étude de la théologie, qu'il professa ensuite avec succès dans plusieurs villes. Benoît XIV, qui l'avait connu à Bologne, ne tarda pas à l'appeler à Rome, où ses talens le firent également connaître. Il possédait

les langues grecque, hébraïque, chaldéenne, samaritaine et syriaque. Les théologiens espagnols avaient mis à l'index l'histoire du pélagianisme du cardinal Noris. Le pape voyant avec peine qu'on cat si mal jugé cet ouvrage, chargea Giorgi d'en faire l'apologie. Celui-ci répondit si bien à cette confiance, que Benoît XIV l'en récompensa, en l'admettant dans sa société intime, et en lui confiant le soin de la bibliothéqué Angélique. On lui offrit alors la chaire de théologie de Vienne, mais il lui préféra les avantages dont il jouissait à Rome. Sous le successeur de Benoît XIV, les partisans de la doctrine de saint Augustin perdirent un peu de leur crédit: Giorgi consacrá les momens où il était moins en évidence, à terminer un travail pour lequel la connaissance de 11 langues différentes lui donnait une grande facilité, et il publia l'Alphabetum tibetanum. Il put éclaircir alors plusieurs points d'érudition, que les recherches occasionées par la composition de cet ouvrage l'avaient mis à même d'approfondir. Le cardinal Borgia appréciait son mérite et l'aidait souvent de ses conseils. Tranquille et modeste, il n'avait que la passion du travail et des livres; mais on le chargea malgré lui de plusieurs emplois, et entre autres de celui de procureur-général de son ordre, qu'il remplit pendant 22 ans. Il ne profita de l'autorité que lui donnait sa place, que pour faire le bonheur de ses confrères, effacer les restes de l'ancienne barbarie, qui infectaient encore les écoles de théo

logie, et y faire régner la bonne littérature. Il avait commencé un ouvrage sur les inscriptions grecques de l'église de Rimini, dans l'objet d'éclaircir l'histoire civile. et ecclésiastique de sa patrie, lorsqu'il mourut dans un âge trèsavancé, le 4 mai 1797.

GIOVIO (Louis), né dans le pays de Côme, fut d'abord placé par l'empereur Napoléon dans le conseil-d'état du royaume d'Italie, section de la guerre et de la marine,puis décoré de l'ordre de la Couronne-de-fer, créé comte, et nommé membre du conseil du sceau des titres. Quand, vers la fin de 1813 et au commencement de 1814, le vice-roi tenait les Autrichiens en échecsur les bords du Mincio, le comte Giovio reçut la mission délicate d'aller dans les départemens, afin d'y accélérer une nouvelle levée de conscrits, et la rentrée de contributions extraordinaires. Il s'acquitta de cette mission, sinon avec beaucoup de succès du moins avec beaucoup de zèle. Mais lorsque par l'union de toutes les forces de l'Europe, Napoléon fut renversé, le comte Giovio, oubliant toutà-coup qu'il lui devait sa fortune, se déchaîna non-seulement contre son bienfaiteur, mais contre la nation française tout entière; et s'écria dans une assemblée électorale tenue à Milan, le 23 avril 1814: « Puissent les Alpes, deux » fois entassées les unes sur les >> autres, nous séparer à jamais de »cette nation qui porta toujours » le malheur et la désolation dans »notre patrie. » Pour avoir le droit de tenir un pareil langage, il aurait fallu l'avoir justifié d'avance

par ses actions; et l'on a mauvaise grâcede prodiguer l'outrage àceux dont on a sollicité les faveurs. GIRARD (DE L'AUDE); ayant embrassé les principes de la révolution avec chaleur, il remplissait des fonctions municipales, lorsqu'il fut élu en septembre 1792, député du département de l'Aude à la convention nationale; il y garda le plus profond silence, et dans le procès du roi, vota la mort avec sursis et l'appel au peuple. Le 3 mai 1795, il appuya l'avis de Louvet, tendant à faire prononcer la confiscation des biens des émigrés, et la restitution de ceux des condamnés. Dans

les journées des 12 germinal et "prairial, il s'éleva contre la faction des terroristes, et dénonça Milhaud du Cantal, comme leur partisan. Réélu au conseil des anciens, il vota en faveur de la résolution relative à l'emprunt forcé, et se prononça pour l'exclusion de Job Aymé, des fonctions législatives. Le 6 mai 1796, il fut de l'avis de rejeter le projet de Muraire, favorable aux parens des émigrés. Il sortit du conseil au mois de mai 1797, et est resté depuis étranger aux affaires publiques.

GIRARD (PIERRE-SIMON,) ingénieur des ponts-et-chaussées, né à Caen, le 4 novembre 1765; a composé sur les écluses, un mémoire couronné par l'académie des sciences en 1792. Ayant fait partie de l'expédition d'Égypte, en 1798, il a inséré plusieurs morceaux intéressans, sur les mesures agraires et l'agriculture, etc., dans les Mémoires sur l'Égypte, et a rédigé un morceau sur l'agri

culture et le commerce de Saïd, dans le tome 3 de la Décade égyptienne, précédé d'une notice sur l'aménagement et le produit des terres de la province de Damiette. Chargé en 1802 de l'entreprise du canal de l'Ourcq, il obtint ensuite la direction générale des fontaines de Paris. M. Girard a été nommé, en juin 1815, membre de l'institut, première classe, section de physique générale, en remplacement de M. Lévêque. On a de lui un ouvrage précieux,publié en 1798, intitulé: Traité analitique de la résistance des solides, et des solides d'égale résistance, auquel on a joint une suite de nouvelles expériences sur la force et l'élasticité spécifique des bois de chêne et de sapin, in-4°; en 1804, un Essai sur le mouvement des eaux courantes, et la figure qu'il convient de donner aux canaux qui les contiennent, in-4°; en 1806, un Devis général du canal de l'Ourcq, 2 vol. in-4°; en 1810, des Recherches sur les eaux publiques de Paris, in-4°. M. Girard a fait paraître, la même année, des Recherches experimentales sur l'eau et le vent, traduites de l'original anglais, de Sméaton, in-4°.

GIRARD (LE BARON), lieutenant-général, grand-officier de la légion-d'honneur, et pair de France de la création de Napoléon en 1815. On n'a point de renseignemens sur ses premières années ; on sait seulement qu'à la bataille d'Austerlitz,il était adjudant-commandant de la réserve de cavalerie de la grande-armée. Sa belle conduite, dans la campagne de 1805, lai valut la croix de commandant de la légion-d'honneur,

« PreviousContinue »