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cas contraire, nous ne verrions en lui que cet esprit ambitieux et turbulent qui, soit à la tête des ministères, soit dans un rang plus élevé, a fait tant de fois le malheur des hommes; et le gouvernement de Cadix eût sagement fait de renvoyer dans son cloître un prêtre qui ne se serait élevé contre l'usurpation d'un conquérant que pour usurper lui-même le pouvoir.

GILBERT (FRANÇOIS-HILAIRE), membre de l'institut et du corpslégislatif, naquit à Châtellerault, département de la Vienne, le 18 mars 1757. Il termina ses études au collège de Montaigu à Paris, et fut placé par sa famille chez un procureur, qui lui jugeant peu d'aptitude pour sa profession, lui prédit la plus entière incapacité, et s'empressa d'en prévenir son père. M. Gilbert, attribuant plutôt à l'inconduite qu'à l'absence de tout mérite le peu de succès de son fils, le priva de la modique pension qu'il lui payait, et l'infortuné jeune homme fut réduit à se retirer dans un grenier, et à vivre d'alimens grossiers qu'il était encore réduit à préparer luimême. Seul avec les livres que l'on voulait bien lui prêter, il supportait avec courage sa mauvaise fortune. Un jour, en parcourant Buffon, il s'arrête avec admira tion à l'éloge que cet homme ce lebre fait du cheval. Aussitôt il forme le projet de connaître en détail ce noble et belliqueux compagnon de l'homme; un ami à qui il fait part de son projet lui apprend qu'il existe à Alfort une école où le gouvernement entretient des jeunes gens qui se des

tinent à l'art vétérinaire. Sans aucune récommandation, il se présente à l'audience du ministrə Necker, lui expose le désir qu'il aurait d'être admis à cette école, et fait connaître en même temps la situation où il se trouve. Frappé de l'air d'assurance de ce jeune homme, de sa franchise, touché de sa situation, le ministre lui donne une place d'élève gratuit. Gilbert, dans l'enthousiasme, prend congé de son bienfaiteur, se rend à Alfort, et, 3 ans après, est nommé professeur. Ses travaux, son mérite, des Mémoires sur divers sujets d'agriculture, et les prix qu'il remporte, le font honorablement remarquer du gouvernement et des hommes instruits. Le ministère l'envoie en Angleterre pour y approfondir la manière de conduire les moutons à laine longue. Ses études ont un plein succès, et il est employé à combattre un grand nombre d'épizooties. Bientôt il passe par ordre du gouvernement français en Espagne, afin de se procurer quelques milliers de mouTM tons dits merinos, acquisition que permettait un traité secret entre les deux gouvernemens; mais au lieu de millions qui étaient nécessaires pour cet objet, Gilbert y trouve à peine une somme de 30,000 fr. Profondément affligé de ce contre-temps qui paralyse tous ses moyens, bientôt accablé de fatigues par suite des nombreux voyages qu'il est obligé de faire dans ces contrées, il meurt près de Saint-Ildefonse, le 5 septembre 1800, étant à peine âgé de 40 ans. Le séjour de Gilbert en Espagne n'a pas été sans

fruit pour la France. Il envoya à l'institut un Mémoire très-important, sur les haras si célèbres de l'Andalousie, et fit parvenir au ministère de l'intérieur les glands doux, meilleurs que les châtaignes, la pistache de terre, et des boutures de ceps des meilleurs vins d'Espagne. Gilbert, professeur et directeur-adjoint de l'école vétérinaire d'Alfort, avait été appelé à faire partie de l'institut, du conseil d'agriculture près le ministère de l'intérieur, de la société d'agriculture du département de la Seine, et, en 1799, du corps-législatif, formé par sui te de la révolution du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799). Comme savant et comme excellent patriote, il mérita l'estime générale. Son collègue Rapillon prononça son éloge. Gilbert a publié: 1° Traité des prairies artificielles, 1790; 2° Recherches sur les causes des maladies charbonneuses dans les animaux, leurs caractères,

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moyens de les combattre et de les prévenir, 1794; 3° Instruction sur le vertige abdominul, ou Indigestion vertigineuse des chevaux, 1795; 4° Instruction sur les moyens les plus propres à assurer la propagation des bêtes à laine de race d'Espagne, et la conservation de cette race dans toute sa pureté, 1796; 5° dans le Cours d'agriculture de l'abbé Rozier, l'article Bestiaux au vert; 6° avec Rougier de La Bergerie: Mémoire sur la ton. te du troupeau national de Rambouillet, la vente de ses laines et de ses productions disponibles.

GILBERT (A. F. M.), littérateur antiquaire, a publié les ouvrages suivans: 1o Description

historique de la basilique métropo litaine de Paris, in-8°, 1811; 2° Notice historique et descriptive de l'église de Notre-Dame de Chartres, in-8°, 1812; 3° Description · historique de l'église royale de Saint-Denis, 1815; 4o Description historique de l'église métropolitaine de Notre-Dame de Rouen, 1816, in-8°. M. Gilbert a fourni plusieurs articles intéressans aux Annales des bâtimens et de l'industrie française, publiées aujourd'hui sous le titre d'Annales françaises.

GILBERT DE VOISINS (P. G. D.), d'une ancienne famille de magistrature, avait commencé, comme son grand-père mort conseiller-d'état en 1769, par être avocat du roi au Châtelet; et il était, lorque la révolution éclata, président à mortier au parlement de Paris. Ce magistrat, que distin guaient cependant un esprit judicieux et de hautes vertus, n'adopta point les nouveaux principes politiques, et resta toujours attaché à des intérêts devenus anti-populaires. Ilémigra,se rendit à Coblentz, et ne rentra en France que pour servir plus utilement la cause de la noblesse. On assure que pon con. tent d'avoir sacrifié la plus grande partie de sa fortune aux intérêts de cette caste, il souscrivit encore dans le même but, pour 400,000 fr, de traites que son fils a acquittées. Les opinions et la conduite trop prononcées de Gilbert de Voisins le rendirent suspect; il fut dénoncé comme royaliste, traduit au tribunal révolutionnaire, condamné à mort, et exécuté le 25 brumaire an 2. Ayant tenté de se suicider dans la prison, il donna lieu au décret qui confisque les

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emploi. Pendant les cent jours, et dès le 21 mars 1815, il devint, par décret impérial, premier président de la cour d'appel, en remplacement de M. le baron Séguier, et successivement conseiller-d'état, comte de l'empire, officier de la légion-d'honneur, et membre de la chambre des pairs, formée par Napoléon. M. Gilbert de Voisins fut nommé rapporteur de la coinmission chargée de l'examen du projet de loi sur la liberté individuelle. Le rapporteur soumit son travail à la chambre le 26 juin, et conclut à l'adoption pure et simple du projet que la chambre des représentans avait déjà voté. M. Gilbert de Voisins, qui avait été nommé adjudant-comman→ dant de la garde nationale parisienne, signa comme tel la décla ration par laquelle cette garde se prononçait pour la conservation des 3 couleurs. Après la seconde restauration, il rentra dans la vie privée. S'étant mis sur les rangs comme candidat à la chambre des députés, M. Gilbert de Voisins obtint plusieurs fois un nom. bre considérable de suffrages; et ce qu'il y eut de rare et de trèshonorable dans sa conduite, c'est qu'il se retira avec beaucoup de noblesse toutes les fois qu'il vit que sa concurrence entraîneraitun partage de voix nuisible à la cau

biens des suicides traduits aux tribunaux. En 1787, Gilbert de Voisins publia, 18 ans après la mort de son grand-père, qui l'a vait élevé, et pour lequel il avait Ja plus tendre reconnaissance, a Mémoires sur les moyens de donner aux protestans un état civil en France, composés d'après l'ordré du roi Louis XV, par M. Gilbert de Voisins, conseiller-d'état, etc., suivis d'un projet de déclaration. GILBERT DE VOISINS (PIER RE-PAUL-ALEXANDRE, COMTE), fils du précédent, ne à Paris, le 23 avril 1773. Il suivit, n'ayant pas encore atteint sa 17 année, son père dans l'émigration, et servit même dans l'armée du prince de Condé. Il ne revint en France qu'après les événemens du 18 brumaire an 8 (9 novembre 1799). M. Gilbert de Voisins rentra dans une partie des biens de sa famille, par suite de la munificence du premier consul Bonaparte, qui lui donna, en 1806, la place de jage suppléant au tribunal civil de première instance de Paris, et, en 1810, celle de président d'une des chambres de la cour d'appel de la même ville. Nommé maître des requêtes au mois d'août 1813, et chef d'escadron d'état-major de la garde nationale, le 7 janvier 1814, il fut envoyé, le 22 avril suivant, par Monsieur, comte d'Artois, lieu-se libérale. M. Gilbert de Voisins tenant-général du royaume, en qualité de commissaire extraordinaire dans la 12 division inilitaire. Il se rendit à la Rochelle, el contribua au rétablissement du gouvernement royal. Nonobstant ces services, à son retour à Paris, M. Gilbert de Voisins resta sans

siége enfin parmi les défenseurs de nos libertés. Il a été nommé député lors des célèbres élections de 1822, par le département de la Seine.

GILIBERT (JEAN - EMANUEL), naturaliste et médecin célèbre, né à Lyon, le 21 juin 1741, mourut

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dans cette ville le 2 septembre 1814. Destiné par sa famille au ministère des autels, les obscurités de la théologie le dégoûtèrent bientôt de l'étude de cette science. Son goût se portait naturellement vers les sciences exactes; les démonstrations anatomiques satisfaisaient sa raison, et bientôt il se passionna pour l'art médical, dans lequel il fit des progrès rapides sous la direction du sa vant Charles Leroy. En 1760, il alla pour se perfectionner à Montpellier, où il passa deux années. Au bout de ce temps, après a voir soutenu une thèse sur la puissance de la nature, pourla guérison des maladies, il fut reçu docteur, revint à Lyon, et s'établit dans le village de Chaset, favorable par sa situation à la culture des grandes connaissances qu'il avait acquises en botanique et en histoire naturelle. Les ministres de Portugal et de Pologne s'étant adressés dans le même temps au célèbre Haller, pour lui demander un savant qui, par l'ensemble de ses connaissances, fût capable de fonder une école de médecine, l'Hippocrate helvétien indiqua Gilibert, qui se trouvant dans la nécessité d'opter, choisit la Pologne, et se rendit à Grodno, en 1775. Son séjour dans cette ville fat marqué par l'affluence extraordinaire des élèves qui suivirent son cours de médecine clinique, et par l'établissement du plus beau jardin botanique qui eût existé dans le Nord jusqu'à cette époque. Lorsque l'université de Grodno fut transférée à Wilna, Gilibert l'y suivit, et remplit dans cette ville, de la maniè

re la plus distinguée, les chaires d'histoire naturelle et d'enseignement médical. Après 8 aus de résidence, sa santé affaiblie par une maladie grave, suite de l'âpreté du climat, et des tracasseries que lui suscita la disgrâce d'un ministre qui ne craignit pas de la lui attribuer, l'engagèrent à quitter la Pologne, où un plus long séjour lui aurait paru insupportable. Il sollicita et obtint sa retraite; et malgré l'excessive rigueur de la saison, il se mit en route dans le mois de février 1783, emportant les regrets de ses nombreux disciples, et du roi philosophe (Stanislas), qui occupa trop peu de temps le trône de Pologne. Son retour à Lyon fut pour ses compatriotes, qui s'empressèrent de lui donner toutes sortes de preuves de leur attachement et de leur estime, un jour de félicité, et pour lui une véritable fête. Il fut successivement élu médeein de l'Hôtel-Dieu, médecin en chef des épidémies, professeur de médecine, membre de l'académie, et membre de la société d'agriculture. Gilibert, entouré de l'estime et de la confiance générale, était heureux. Ce bonheur ne dura guère; les orages de la révolution vinrent le troubler. Nommé, en 1793, maire de Lyon, il en remplit les fonctions avec autant d'équité que de désintéressement; mais on sait qu'à cette époque malheureuse les vertus furent trop souvent transformées en crimes. Gilibert, privé de sa liberté par une faction désorganisatrice, ne la recouvra qu'au moment de l'insurrection des Lyonnais contre la conven

tion. Ce fut lui qui, pendant le mémorable siége de Lyon, présida la commission départementále. I couçut le généreux dessein de ne pas survivre à la ruine de sa patrie, mais il se tira en vain deux coups de pistolet. Obligé de fuir à travers nille dangers, éprouvant toutes les horreurs de la disette, et cherchant pour se reposer les antres et les rochers ou la profondeur des forêts, il ne revint à Lyon qu'après une proscription de 18 mois. Il eut encore, l'occasion de s'y faire remarquer, l'école centrale de cette ville lui ayant décerné sa chaire d'histoire naturelle. Il mourut, d'une goutte irrégulière, après 4 années de souffrances, qui n'altés rèrent nullement l'égalité de son caractère. Parmi un grand nombre d'ouvrages publiés par Gilibert, on cite particulièrement: " les Chefs-d'œuvre de M. de Sauvages, ou Recueil des dissertations de cet auteur, qui ont remporté le prix dans différentes académies, corrigés, traduits et commentés par M. J. E. G., Lyon, 1770, 2 vol. in-12; 2" l'Anarchie médicinale, ou la Médecine considérée comme nuisible à la société, Neufchâtel, 1772, 3 vol. in-12; 3° Flora lithuanica, Grodno, 1781, 2 vol. in-12; 4 Indagatores naturæ in Lithuania, Wilna, 1781, in-8"; 5° Abrégé du système de la nature de Linné, Lyon, 1802, in-8°; 6 Histoire des plantes d'Europe, ou Elémens de botanique pratique, Lyon, 1798, 2 vol. in-12, avec figures; 2 édition, 1806, 3 vol. in-8°; 7 le Médecin naturaliste, ou Observations de médecine et d'histoire naturelle, Lyon, et Pa

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ris, 1800, in-12, avec fig.; traduit en allemand, Nuremberg, 1807, in-8°. En 1814, le docteur Sainte-Marie a publié à Lyon un Éloge historique de J. E. Gilibert.

GILIBERT (STANISLAS), fils du précédent, exerce à Lyon la médecine, à l'exemple de son père. Il s'est fait avantageusement connaitre par une Monographie du pemphigus, ou traité de la maladie vésiculaire, Paris, 1813, in-8°. On lui doit encore quelques autres Ouvrages de médecine, moins considérables, et un Mémoire en faveur de l'enseignement mutuel.

GILIBERT DE MERLHIAC(LE CHEVALIER MARIE - MARTIN - GUILLAUME DE), officier de la marine royale, membre de la société académique des sciences de Paris, et de celle des antiquaires de France. Hla publié La France et son roi; 2"Essai comparatifentre le cardinal duc de Richelieu, premier ministre de Louis XIII, roi de France, et M.William Pitt, premier ministre de Georges III, roi de la GrandeBretagne, Paris, 1816. Les journaux,en rendant compte de cet ou vrage, ont dit : « Si l'on veut avoir sune idée fausse de M. Pitt, il » faut lire ce qu'a écrit M. Gili»bert de Merlhiae; mais si l'on » veut conserver du cardinal de »Richelieu, l'idée qu'inspire un » grand talent, appliqué au salut de la patrie, il ne faut pas lire » cet ouvrage, qui n'est pas d'un homme qui ne sait rien, mais » qui est incontestablement d'un »homme qui sait trop de choses » à la fois.»

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GILLET LA JACQUEMINIÈRE, fut successivement député

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